La mission


Quelque chose à faire. Rien. 
Mais quelque chose à faire.
Toute son attention. Toute sa vitalité. Toutes ses journées. 
Réparer. Inventer des machines. Machines bruyantes. Machines hurlantes. 
Le bonheur du bruit, des sirènes tonitruantes.
Écarquiller les yeux, écarquillés.
Déplacer 200 kilos de ferraille.
Tordre ses doigts.
Manger sa bouche.
Taper sur ses jambes.
Rire au ciel.
Faire tenir debout un œuf.
Attraper la main de l’autre. La serrer.
Pas desserrer les dents.
Tenir le mur.
Ouvrir et fermer la bouche.
Sortir la langue. Sortir la langue.
Danser.
Se secouer en cadence.
En avant, en arrière, d’un pied sur l’autre.
Penser, absolument immobile. Absolument mutique.
Parler l’inconnu.
Crier crier crier nuit et jour. Les cris réguliers. Les désespérances.
Ne rejeter sous aucun prétexte.
Prendre la main, la serrer.
Respirer par les trous des gencives, les trous de nez des yeux des mains du corps.
Échapper, pas s’échapper.
Poser le menton sur la table, tout le reste du corps en-dessous.
Fermer les yeux, pas voir le monde.
Et puis
c’est tout simple
juste donner la main
savoir qu’il y a un autre - rien de plus - tout est là.

Bande gymnopédique, Alice Pilastre,  2010

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