automne
Voilà c’est l’automne la pluie les gris
et c’est vrai il pleut des cordes
et le plus vrai c’est mon parcours de cet après-midi, la dernière fois
enfin que je passais devant ta porte bleue, porte cochère sans décocher un
regard les épaules alternativement
lourdes ou légères à espérer redouter calculer les mêmes visages ce même
quartier la mégalomanie des souvenirs m’emporte direct dans ton lit la cruauté
des souvenirs m’emporte direct sur le quai et voilà c’est l’automne et c’est la
dernière fois que je mets mes pas dans mes pas derrière la femme qui croyait,
collée au cul de la femme qui échafaudait, cramponnée à la femme qui désirait
et puis ne désirait plus et puis n’en savait plus rien parce qu’il y avait eu
tant de deuils de maladie de mauvaisetés et tant de propos maladroits non, pas
maladroits expressément cruels blessants à vouloir à tout prix me passer l’étroite
camisole de la normalité, heureusement l’automne est là les feuilles mortes et
les souvenirs foulées aux pieds des passantes pressées, la porte bleue ne s’est
pas ouverte ni même entrebâillée les cordes qui tombent des cieux m’évitent et
c’est bien la dernière fois.
Adios, Lucas Simoes, 2012