Dans leur grande vie apeurée, c'est à qui se taira le plus. Assis l'un en face de l'autre, debout l'un derrière l'autre, couché l'un contre l'autre, ils poussent leur silence devant eux, s'en recouvrent le visage, s'en gavent jusqu'à la nausée. Parfois un livre de sauvetage sur lequel ils s'amarrent. Insuffisant, le silence recouvre tout. Illustration : Kelly Dyson , 2009
La page du Prénom a été modifié est le lieu des mots – la scène mais aussi la page est de la taille de la cave de la chambre de la salle d’audience le piège en haut en bas les deux phrases-barrages C’est tout noir et marche devant seule droite avance en face debout Je m’assois par terre étourdie Entre : l’indicible entrent les crimes les cauchemars les viols Mettre en scène : passer, repasser par les pages, par les viols, extraire tendre l’attention d’un fragment à l’autre tendre la tension la mise en scène mise en présence mise en vie miser – sur l’écoute, la saccade le souffle les yeux fermés trois voix s’élèvent de la ténèbre trois voix porte-parole se figent se perlent s’approchent se rebroussent rampent vers le rectangle vide cette absence volumineuse incontournable insupportable ce trou l’impact La voix plurielle circule de l’une à l’autre de l’un à l’une de l’autre à l’autre voix plantée dans des corps, voix dressée sur des visages, Le prénom devient prénoms, pluriels
Finalement la nuit s’amasse dans les nuages J’ai vu mourir lentement une étoile Finalement la nuit marcher à la rencontre J’ai la vision de choses abandonnées – isolées mises en scène comme des splendeurs atemporelles Finalement les nuits je ferme les yeux