Judith and Joyce


Un jour j'oublie pendant des millions d'années. On me bouge ici là d'autres chambres d'autres salles d'autres blouses d'autres peurs.
Je suis à demi.
Une demie.
S'habituer.
Survivre à la vie.
Un jour du papier des couleurs. Je les vois les entends elles me parlent à toute vitesse débordent d'un côté puis de l'autre.
Presque libre un peu.
Et ça s'arrête.
Alors j'arrête.
Un jour une pelote. C'est moi.
Tout tirer c'est moi.
Je revis je reviens le fil long tout autour. Ça fait du bien d'enrouler de tenir tout tenir la famille la maison la Joyce la Judith la peur la pénombre la silence la part la morceau la départ là c'est moi.
Le fil entre mes doigts il glisse siffle il respire il tisse tend il raconte il répare il rejoint il cache.
Je cherche plus.
Je cache.
Sous le fil.
Je sais où c'est.
Je berce. C'est tout moi, c'est tout elles.
Le geste la spirale tout dedans tourner retourner revenir croiser recouvrir. Au milieu tout au fond je suis là bien cachée protégée personne pour m'emmener.
Ça grandit dans mes bras.
Prend la place toute la place.
Grand comme moi comme nous deux.
Si serrées si collées.
Pour toujours.


Judith Scott, détail d'une œuvre 








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