Carole
plq, Carole, 2018 |
Où en est-on de la nuit ? Qu’en est-il des jours ?
Si je ne l’écris pas Carole se transforme en pâte blanche elle grossit prend le
poids de l’inactivité elle s’affaisse s’étale langueur gelée tremblotante dans
un coin d’assiette écartée par la dent d’une fourchette la moue aux lèvres
Carole n’attire plus personne si je ne la saisis pas vivement de ma langue de
mes bras redresser son squelette tangue de tous ses os gainés de muscles de
lymphe et les ruisseaux de sang sauvage où nous nous baignons. Ce que je veux
pour moi n’a pas d’importance mais pour Carole bâtir des tours phares
sémaphores et autres lieux d’émerveillement car Carole est une merveille je lui
cause c’est-à-dire - entendons-nous- je lui parle & je la produis & je
la provoque, causer est un verbe qui entièrement contient Carole sa voix-bascule
de l’une à l’autre cause elle accomplit de grandes choses. Notre dialogue est
continu - quelle survie - commencé par hasard et toujours en cours.