Le fauteuil
La peur de regarder même les murs
Allons-nous vivre aujourd’hui,
allons-nous danser ? Allons-nous mourir aujourd’hui ? D’abord limiter
la conversation au minimum, sourire ou mordre mon frère n’est pas encore venu aujourd’hui
mon pays non plus. Aucune visite. Je les attends assis le fauteuil bouge et parfois le lit aussi.
Personne ne lui rendra sa joie sa danse maintenant son
corps c’est la psychiatrie c’est la clinique les traitements les diagnostics
maintenant. Ces partitions. Etre enfermé veut dire le pouvoir. Rester assis. Dehors
ces terribles difficultés à passer les frontières et les dangers on peut
terminer mort assassiné exterminé gazé stérilisé. Dedans tu es le seigneur, les
démons sont en cage inutile de penser au retour.
Il n’y aura pas de retour.
Il est l’homme-corps. Extraire
l’homme et s’en aller. Le corps l’abandonner aux kilos à l’insuline aux autres
au fauteuil. Les autres jouent avec mon corps -
une autre prostitution. Je passe les frontières. Où est mon
frère à présent ? ma sœur ma mère ma fille ? mon père ? Où
est mon frère ? J’ai tout mon corps dans la tête, même la chair des morts.