how dare you
L’oiseau est en cage,
la cage ne lui permet ni de voler ni de voleter, ses ailes frottent sur les
parois, il sautille une fois d’avant une fois d’arrière il tient dans la plus
étroite des prisons.
Le chat est dans une
cage, il ne peut ni bondir ni s’étendre, d’entre les grilles ses poils dépassent,
on lui glisse des croquettes entre les barreaux elles tombent sur ses pattes il
se tord pour les manger.
L’enfant tend ses
doigts à travers le grillage passe deux doigt tord un autre l’enfonce aussi colle
son visage contre le grillage ses joues gonflent côté libre ses yeux pleurent
côté prisonnière elle tire la langue dans un trou du grillage ses dents cognent
muselière elle presse son front contre les croix de fer une marque des marques ^ ^ les
orbites frottent contre le grillage et la langue pend et les doigts se cassent
et les joues boursouflent et Jeanine fait pareil et Léonie fait pareil nous
tentons nous passons à travers le grillage de nos chambres cellules cages sans
nous voir côte à côté avec devant le mur le long mur le haut mur le sale mur la
pluie noire une surveillante passe c’est Mademoiselle elle repousse les langues
les joues les doigts elle les écrase elle tire elle frappe d’une baguette
sifflante elle ne dit rien sait que le silence punit mieux que les cris.
Le chat, l’oiseau,
l’enfant, s’ils bougent trop la cage les blesse, s’ils crient on passe un bâton
entre les grilles pour perforer leur poitrine, s’ils pleurent on recouvre la
cage d’un dais noir.