langue
j'entrouvre mes lèvres je me balbutie j'enfonce mes doigts un à un les retire je perce des trous tire la langue j'attends que ça sorte
Articles
home
Teresa, a child in a residence for disturbed children, grew up in a concentration camp. She drew a picture of home on the blackboard. David Seymour, 1948.
gros plan
Le chêne sacré du village a été abattu Gros plan un soldat mange, sa gamelle Gros plan un soldat boit, son pot de métal Gros plan, mains ouvrent quartiers d'orange épluchée Gros plan, visage soldat qui mâche Gros plan, soldat mange un citron Gros plan, mains soldat qui écrit lettre Gros plan visage vieille femme, foulard noir Gros plan enfant avec béret Gros plan soldat assis lit journal Gros plan soldat coud Gros plan visage femme, regarde ses mains puis lève les yeux Gros plan enfants allongés par terre Beau travelling latéral sur le groupe, du plus âgé au plus jeune Gros plans, beaux visages, champêtre Le chêne sacré du village a été abattu
le fleuve
La nuit les étincelles sur les pavés Bottes cloutées, chevaux ferrés Crépitements Un fleuve gris traverse la ville
précision
Il faut partager le crime et puis partager la paix Tout est très précis, minuté les secondes sont précises elles détiennent vie et mort d’un coup le temps presse.
le camp
Elle est affolée toute sa vie chez elle un modèle de propreté Et maintenant à quatre-vingt-sept ans vivre ça vivre comme ça
la bannière
Pas de cadavres pas de Prendre les armes et puis les larmes Le tourment supplémentaire, l’oppression redoublée Ne pas céder d’un acte ni d’un mot Désentraver Refuser l’éloge du sacre de la violence Impotents !impuissants !invalides ! Quel est votre drapeau ? Quelle bannière pour mettre en mouvement l’armée humaine Quel est votre prix ?
le défilé
Défilé d'engagés, adieux aux proches Après des combats de rues intenses Passer à la même heure au même endroit vivant puis mort On ne mesure plus en mètres mais en cadavres Il pleut des hommes