Articles

Affichage des articles du mai, 2017

CLEO LEE

Image

L'orange

Tu parles comme si tu épluchais une orange, avec indifférence tes mots tombent sans bruit sur la table oscillent de tes lèvres au bois plane j’écoute la chute élégante parfumée dans ta bouche de sucre bientôt apparaîtra le cœur de ta parole.

MON TERRAIN

Image
PLQ, Mon terrain, 2017

COUPABLE

Elles défient la guerre ces guerres d’hommes qui tuent les hommes qu’elles ont une première fois portés dans leur ventre et accouchés. Ils vaquent, ils vaquent à des choses importantes la guerre le génocide la torture, elles vaquent à mettre au monde à nourrir à tenir le morcellement en une unité viable Assurez la reproduction Mesdames Soyez assurées de persécution, la marque au front pour certaines, la croix gammée au rouge à lèvres ou au fer rouge sur la poitrine étendard creusé pour d’autres, le corps dénudé, devant les yeux des hommes, devant les autres Assurez l’épuration, avancez pieds nus sur les pavés où la chasse a lieu, la chasse à tort et à raison, la chasse à tort et à travers Traînées, trainées dans la cour une à une exhibée, payer d’avoir eu un enfant, payer d’être soupçonnée Crâne fragile apparu sous la peau, le destin fragile toujours fragile des femmes tondues voilées défigurées violées mariées de force cousues Des vies démolies des exécutions sommai

On air

Image
Conversation avec Philippe Vannini autour de Ruines . Les Jeudis Littéraires sur Radio Aligre Deuxième partie de l'émission, à partir de la 65e minute

Justification

Justifier à droite l’unique choix les mots arrêtés en plein vol lambeaux de drapeaux claquent au vent si évident ce précipice pour ne pas tomber buter buter sur l’arête de la page tandis que des blocs de marbre noir s’écrasent broyant les mots sont morts dans leur cercueil rien d’autre à faire les lignes fouettent et enferment les phrases dans un étranglement chuchoté. Il faut aller jusqu’au noir ne pas avoir peur de ce noir il faut y aller je laisse la nuit s’avancer. Ecouter entendre les voix devenir la matière noire ouvrir la blessure la première la source il ne faut pas avoir peur d’écouter sa voix.

SITUATION-9

Image
PLQ, Situation#9, 2017

l'ombre

Je marche une autre ombre derrière moi. Je marche accompagnée par l’ombre d’un autre. Je pas à pas pénible sous mes pieds inversée l'ombre. Je ne marche pas sur mon ombre c’est une autre. Quelle ombre est-elle beaucoup plus longue noire creuse - tourment de l’ombre de l’autre attaché à ma silhouette. Marche l’ombre à mon bras. Je mâche de l’ombre les dents de la nuit plantées dans mon cou. Je cours. La nuit je cours toi à mon flanc. Ton ombre éclaireuse de brèches je tombe. Tu creuses l’ombre des ombres me noies. Ombre silencieuse caresse ma peau ouvre mes cuisses tu pénètres cette ombre n’est pas à moi. L’ombre viole n’attend pas le jour. Immortelle elle me survivra.

Le Prénom a été modifié

Image
Photo : Céline Liger Tu ne sais pas lorsque tu donnes tes mots tu ne sais rien Tu ne sais pas ils vont être incarnés interprétés mâchés respirés et tu ne sais rien Tu donnes d’un même élan tes mots et ta confiance Tu ne sais pas quand tu t’assois au bord du public ce soir-là tu ne sais rien Quand elle apparaît le noir s’entrouvre elle est seule droite elle s’avance en face debout Près d’elle la femme musicienne elles sont deux tu ne savais pas tu ne sais rien Rien de la violence d’un silence qui se déchire entre les lèvres de la comédienne dans son corps droit sa retenue son engagement Rien de la puissance d’un mot qui s’impose se répète jamais plus ne restera au fond d’une gorge étranglée Les mots du ventre du corps de l’identité les mots du viol du crime des mots lourds de honte Tu ne savais pas qu’elles allaient ainsi un par un les révéler que là où tu reprenais ton souffle elle allait reprendre son souffle que là où tu t’enfonçais elles allaient s’en

CLEO LEE

Image

Pendaison

Pas mieux que des pigeons aux plumes courroucées Des façades mornes aux yeux crevés Loin des mots si chair Leur pointe ardente féroces caractères La tête captive captivée par les hautes informations les sujets risqués Quotidien désarçonné les pigeons s’ébrouent Gris sur gris J’enroule autour de mon cou plumes et yeux crevés Lace la laisse consentante Brodeuse déviante écriveuse déviée Ligotée à l’abri des regards A l’abri Je remets en place le corps de l’esprit Je capture et contrôle les puissances aveugles Aveuglée trois tour de plus la gorge serrée Pendue à ma propre main

MAI

Image
LES RENDEZ-VOUS DU MOIS DE MAI *JEUDI 11, 11 heures, invitée des  Jeudis Littéraires  sur Radio Aligre, pour parler de RUINES avec  Philippe Vannini * A u Petit Théâtre de la Cavalerie, le vendredi 19 mai 2017 à 19h30 LE PRÉNOM A ÉTÉ MODIFI É ,   mise en scène : Anne-Charlotte Bertrand, avec Gersende Michel (jeu) et le groupe 32 (musique) . Toutes les informations : ICI *  Les indigents Exposition présentée du 20 mai au 05 novembre 2017 Au Musée d’Art, Histoire et Archéologie - Évreux Ouverture le samedi 20 mai 2017  dans le cadre de la Nuit Européenne des Musées 6, rue Charles Corbeau - 27000 Évreux www.evreux.fr  /  www.facebook.com/ evreuxmusee LE 20 MAI : Rencontre avec Samuel Buckman, Perrine Le Querrec et les élèves et professeurs du Lycée Léopold Sedar Senghor d’Évreux autour de l’exposition Les indigents à partir de 19H. Remontant au XIXè siècle, le cimetière de l’hôpital psychiatrique de Navarre accueille près de 500 sépultures

Carte de visite

Elle n’est pas une femme encartée pas de carte pas de visite Présenter quoi ? définir qui ? Comme tous les esclaves et selon l’usage elle porte le nom de son père aucun autre rectangle identitaire Elle n’est pas une femme encadrée Ni de cadre ni de code Pas un mot ne tiendrait en folio Elle est une femme à l’écart, écartée ignorante effacée aucune adresse indiquée carte pliée désorientée domiciliée inconnue Une femme bouche à oreille écornée écrouée

SITUATION-8

Image
PLQ, Situation#8, 2017

Dévisage

Mon visage au jour le jour Mon visage je le porte haut Mon visage lourd Que voient-ils ? Qui voient-ils ?  Les autres, les autres visages Je prépare mon visage réparer Mon visage en pièces détachées Parfois s'échappe Mon visage, mon sourire Mon visage est une fête sa surface trompeuse Mon visage m’est témoin Des dedans des dehors Mon visage le témoin Otage et acteur Mon visage ne sait rien A genoux terrifié Mon visage insulté Par la langue il s'avoue Puis debout mon visage Mon visage c'est ma peau

Identité

Image
PLQ, Identité, 2016 C'est un homme à femmes un homme de paille un homme à failles un homme de flammes C'est un homme-femme un homme-paille un homme-faille un homme-flamme

MON TERRAIN

Image
PLQ, Mon terrain, 2017

Unica Zürn

Image
Rencontre, lecture, discussion autour de l'oeuvre d'Unica Zürn et de Ruines . En présence de Manuel Anceau Mercredi 3 mai à 18h30, espace de l'Autre Livre, 13 rue de l'Ecole Polytechnique, Paris 5

Glisseries

Sols glissants les instants aussi. Aujourd’hui tous ces jours-ci les escaliers surtout, ces grands dévaloirs à chaque pensée. Pensées glissantes les sables mouvants. Les jours hésitants balancés au bout d’un fil sera-t-il coupé ? Les glisseries. Il serait si facile de se laisser aller déborder tomber emporter. Et de nouveau le matin. Il s’agit d’un autre matin. Tu n’as pas vu que l’escalier avait des marches. Tes moments de distraction. Tu prends l’escalier le comprends dans ton corps avant de le tenter. C’est un travail patient descendre les marches. Regarder d’en haut avec nudité. Scruter la poussière. Attendre un peu. Expérimenter le perron pas à pas l’examiner. Des heures pleines. Descendre et monter remonter redescendre la pensée. Frotter la rampe. Cracher que ça brille. Attendre un peu. Finalement te décider à genoux reprendre. Buter sur les 28 arêtes. Attendre un peu. Blessée. Compter les marches bien que ce soit une occupation mineure leur nombre souvent variable à recompter