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Affichage des articles du mars, 2009

Symptôme du rien

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Ne rien dire Ne rien faire Ne rien manger Ne rien cacher Ne rien voir Ne rien croire Ne rien penser Ne rien espérer Ne rien lire Ne rien regarder Ne rien ressentir Ne rien dévoiler XVIème siècle - Stefano Maderno - Santa Cecilia (Trastevere)

Dans l'enveloppe

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La lettre est là et pèse comme une menace. Je l'ai posée loin de moi et refuse de l'ouvrir. Je t'écris dessus, je te crie dessus. Je n'ouvrirai pas la lettre blanche, lourde comme du marbre, qui dresse autour de moi quatre murs qui m'enferment. Je m'enfuirai dans les sous-bois écouter le murmure ses sous-voix. Femme-maison, une œuvre de Louise Bourgeois, 1994

Bons Baisers

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La carte postale, ce rectangle de papier voyageur, nous apporte à travers le livre de Safia Belmenouar et Marc Combier des nouvelles du temps des colonies. Un temps de domination, de complexité et d’illusions. C’est une bien étrange galerie que l’œil parcourt à la suite des cartes postales. S’attachant à la représentation de la femme "indigène", les auteurs nous permettent, à travers les images comme à travers leurs analyses, d’appréhender la facette dominatrice et fantasmagorique des colonies. Ils identifient ce que furent la perception des femmes "indigènes" et leur représentation visuelle, à une époque convaincue par la grandeur de sa mission civilisatrice. L’Empire se scindait en trois grandes conquêtes géographiques, et autant de conquêtes féminines. Des "types" de femmes, desquelles toute personnalité était peu à peu gommée afin de restituer au plus près les projections et désirs des colons. La Mauresque , la femme d’Afrique et la "co

Fairy tale

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Je voudrai voir une exposition de Shary Boyle en France. Me pencher sur ses sculptures, inquiétantes et délicates. Personnages de porcelaine, que les petites filles choient, déposent sur l'étagère de leur chambre, princesse aux atours de rêves, féminité glacée, fleurs et dentelles. Mais petite fille vicieuse, étranglée par la vie, sujette aux hallucinations, tête de porcelaine arrachée, vsicères rouges, pieds crochus, suaire de dentelles, freak de la tête au sexe, s'autoengendrant en bubons éclots et odorants. Condamnée à mort et à vie. Montrez-moi Shary Boyle.

Le Burin et l'Apparition

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"Je ne peux franchir les obstacles que par une rupture. Quand je regarde ma vie, je suis effarée que des choses aussi différentes, pour ne pas dire aussi disparates, soient sorties d'une même main. L'unité dans tout cela est celle de l'outil, le burin. (...) L'écueil, chez moi, est qu'en regardant le dessin, je suis parfois prise par sa toile d'araignée, je veux être trop proche et je rate la gravure. La force du dessin, c'est un crayon qui court sur le papier. Moi, j'incise un cuivre : la démarche est totalement différente. Il faut, à un moment donné, et c'est le plus difficile, disparaître. Si je réapparais, si je questionne, la question m'empêchera de transcrire. la gravure, pour moi, est une ascèse." Cécile Reims, 2003 Rétrospective Cécile Reims, Fred Deux, Halle St Pierre , 2 rue Ronsard, 75018. Métro Anvers, Abbesses. Jusqu'au 8 mars 2009

EXPORT

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Index , le label DVD viennois visant à la diffusion de films issus de la très riche filmographie des cinéastes et vidéastes expérimentaux d'Autriche ou d'Europe centrale, nous offre aujourd’hui Invisible Adversaries, un film réalisé en 1977 par VALIE EXPORT . Autrichienne, militante, féministe, artiste, activiste, VALIE EXPORT n’a cessé d’explorer des propositions artistiques radicales la menant de l’espace urbain à celui de son propre corps, en de furieux allers-retours fondateurs et formateurs. L’héroïne d’Invisible Adversaries, Anna, est obsédée par une invasion d’aliens ressemblant fort à l’installation d’un pouvoir patriarcal, voir fasciste. La schizophrénie dont elle souffre structure le film, son montage et ses séquences : de longs plans alternent avec des séquences violemment rapprochées, le noir et blanc avec la couleur, le domicile privé (chambre, cuisine, toilette, salle de bains) avec la ville et son architecture, les photographies avec les vidéos. Elle structure au

Become a legend

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A la fois Foire, Biennale, exposition, catalogue, bottin, le nouveau Charley (n°05) concocté par Maurizio Cattelan, Massimiliano Gioni et Ali Subotnick est une mine d’images, d’œuvres (400 pour ce numéro), de découvertes. Explorateur infatigable, œil à l’affût évitant soigneusement les sentiers battus, Maurizio Cattelan ravit une nouvelle fois par ses choix en haute teneur en qualité et en générosité. Les artistes réunis, très jeunes, ou très morts, sont des « artistes "cultes" ou mal connus, marginaux, solitaires ou oubliés, en dépit de leur travail visionnaire ». Fort heureusement, l’oubli est réparé, le lecteur va de découverte en découverte, reconnaissant ici une œuvre jugée classique un temps avant d’être broyée par le marché de l’art, découvrant là un artiste dont on se demande comment il a pu jusqu’alors passer inaperçu. C’est là tout le vertige de cette publication, qui place sous nos yeux une multiplicité d’œuvres quasi ignorées par les réseaux