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Affichage des articles du janvier, 2015

Mon terrain

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plq, mon terrain, 2015 Chaque matin ma valise d’yeux à la main je monte l’escalier jusqu’au dessus de la ville - ma ville mon terrain Le silence grimpe avec moi sous nos pieds la rue matinale démarre s’époumone se cogne - mes yeux et moi au-dessus sur les rails décor abandonné une perspective plane Un œil dans la main je regarde Le dos des immeubles Leur longue figure Les scènes encadrées Devant mes yeux des branches des feuilles des lianes des troncs des écorces – mon terrain Écoulement du temps sur l’humus pousse le béton haut dressé bien troué découpé avec des vies humaines dedans Sous mes pieds crissent les cailloux encore de la marche encore des architectures à appréhender avec l’œil charnel l’œil de l’esprit l’œil intérieur l’œil naïf l’œil profond Tous mes yeux se parlent se montrent s’émerveillent La beauté de mon terrain les histoires des dos les silences des façades le crissement des cailloux le bord des mémoires Marcher haut le ciel dans la bou

Femme nue avec un morceau de fromage

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Décembre 2012 - Conversation dans l'atelier de Michaël Borremans (extrait) La peinture, c’est du théâtre. Finie la reproduction, la peinture est libérée de ses anciennes fonctions. C’est à présent une forme purement artistique, et c’est pour cela que j’ai choisi très rationnellement ce médium. Je n’ai pas besoin de peindre des batailles en mer ou des scènes d’histoire.   Lorsque je peins des nuques, c’est pour accentuer l’aspect anonyme, un peu comme un humain générique, plutôt que de désigner une personne précise. Comme une figure de porcelaine, un archétype… Je ne peins jamais de personnages qui vous regardent, qui sont en contact avec vous. C’est très similaire au travail de Magritte, je ne savais pas, il y a cet homme qui se regarde dans le miroir et on voit l’arrière de sa tête, ce qui n’était pas mon idée, mais d’un point de vue visuel c’est similaire. Si j’ajoute des prothèses, c’est une construction suggestive, personne ne sait vraiment, c’est vous qui

la valeur

les vies sans valeur – c’est tout des vies sans valeur – c’est tout il existeront bien un endroit – c’est tout pour les vies centvaleurs – c’est tout décidées d’un coup de crayon – c’est tout d’un mot – c’est tout à la disparition – c’est tout à l’élimination – c’est tout à la décapitation – c’est tout à la destruction – c’est tout

NO CONTROL

L’écriture est ma guitare électrique ma transe mon excès I’m a writing hero poetress star Les notes de mon jardin obscur Write riot Rock and write Littérature morte, littérarez ! Mon énergie mon cœur mon sexe mon âme mon cabaret bas résille mon show guêpière croix noire sur mes seins                 X         X         cuir gainé sueur moulante déhanchement de style headbanging et cracher les mots me jeter dans la fosse et nager sur les mots fureur sur les cordes et résonner les mots du son, des murs de sons, déferlements électriques Arc-boutée sur la page j’éructe, je rage Tu l’entends ma très grande rage ? Décapiter les têtes plein les veines, lunettes noires, pages blanches Tout me sera pardonné. NO CONTROL, publié Derrière la salle de bains, collection Little Poetry

Extrait

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Le 15 novembre 2014, à l'occasion du Séminaire De la trinité en déroute au sinthome , animée par Lise Maurer, il a été question du plancher de Jeannot et du livre Le Plancher . Claude Guedj en a fait une lecture. En voici un extrait :

Nos rendez-vous

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Souvent je viens te voir Nos rendez-vous Je sentinelle devant toi Je viens n’importe quand Je prends froid je prends le soleil Près de toi Quand tu tires sur mes cordes Quand tu assourdis les stridences La nuit aussi J’ai encore un silence à te partager Depuis des années maintenant Je m’assois à ton bas Il y a des voitures des cris de l’agitation De l’indifférence Parfois j’invite quelqu’un Parfois nous respirons tranquillement Et un apprenti te cherche Te voit Te regarde Te parle S’agite Se calme Je suis là ou non Tu grêles toujours tes mots au-dessus de ma tête Je les connais par cœur On se connait par cœur Lorsque j’avance vers toi Un jour tu seras descendu Voilà ce que je  me dis Non Tu es toujours là Ils t’ont oublié je crois Ta crucifixion en trois parties Lourdes Suspendues Dans les cages de verre Levez la tête ! levez la tête ! Toi tu l’avais Baissée Brisée Des tas de livres arrivent Qui par

MON TERRAIN

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Mon Terrain, plq, 2015

Pieds nus dans R.

Le texte Pieds nus dans R. que vous avez pu lire ici sera édité prochainement aux Dessert de Lune dans la collection Pousse-Café.

Pour en finir avec Ali

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Pour en finir avec Ali - un livre publié par les éditions Derrière la salle de bains

La Langue Brune

Les voix de Mélanie Leblanc et de Prunelle Jingù, dans l'émission de La Langue Brune. Pour entendre des extraits de La Patagonie , de Bec et Ongles , et répondre - un peu - aux pourquoi et comment j'écris. C'est à écouter sur ce lien .

Sade et Duchamp

MARCEL DUCHAMP  LA PEINTURE, MÊME  1. Climat érotique 2. Des nus 3. Apparition d’une apparence 4. Déthéoriser le cubisme 5. Pudeur mécanique 6. Inconscient organique (mécanique viscérale) 7. « Peinture de précision et beauté d’indifférence » 8. Le grand verre (Centre Pompidou) MARQUIS DE SADE  ATTAQUER LE SOLEIL  1. Attaquer le soleil 2. Humain, trop humain, inhumain 3. L’inscription du désir 4. Un renversement de perspective sans précédent 5. Absolument athée 6. Le désir comme principe d’excès 7. La première conscience de l’infini (Musée d'Orsay) Hasard des programmations et de l’appétit ; à quelques jours d’intervalles, visite des expositions Attaquer le soleil et La peinture, même. J’assiste. Je vois. Je suis en présence. Mise à nue Mise à mort Mise en pièces Mise en mots Mise en abîmes Aller de Sade à Duchamp, parcours logique, chronologique, apprendre de ces deux encyclopédistes. Leurs connaissances multiples, leur intellig

MON TERRAIN

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plq, Mon Terrain, 2015

Des pages d'amour

Avant lorsque je savais écrire des pages d’amour Avant je savais écrire des pages d’amour Quand je savais écrire Quand je savais écrire l’amour avant Je savais écrire des pages Lorsque des pages d’amour L’amour avant je savais Avant lorsque je savais écrire l’amour Avant je savais écrire l’amouravant Lorsque je sais Des pages de mots d’avant L’amour d’avant je savais On ouvre la porte de la poitrine On enfonce le couteau dans le cœur On pointe plante  On ressort humide et puis rosée Pas cuit On referme laisser encore Jusqu’à brûler carboniser Lorsque plante replante le couteau Lorsque la lame sera sèche le cœur noir Lorsque j’écrirai d’autres pages d’amour Lorsque je sais les écrire Lorsque depuis toujours les mots d’amour les mots je sais

La caverne

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T3_Adieu

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Dix minutes, ils m’ont laissé dix minutes en précisant que c’est la procédure il n’y a rien à espérer de plus et engoncés dans leur costume d’huissier ils se sont postés sur le paillasson me laissant seule dans le T3, j’ai allumé l’œuf, réglé sur 10, tour d’appartement au son du tic-tac, 10 minutes, 10 ans, j’emporte quoi ? inventaire inutile, je marmonne prends un objet le repose pourquoi celui-là et pas un autre, pourquoi cet instant et pas un autre ? je crois finalement que rien ne mérite le tic-tac dans ma tête cette bombe à retardement qui vrille lentement mes nerfs, au troisième tic-tac je sais je cours maintenant dans ma chambre prendre l’appareil photo et le pose sur ma chaise me déshabille enclenche le retardateur et commence la cérémonie des Adieux, Adieu à mes personnages mes amours mes amants mes passés sans bouger les lèvres, juste un pas en avant, un pas en arrière, l’appareil son œil complice et son bruit furtif tranche sur le tic-tac de l’œuf, je traîne ma chaise dan

T3_Le bureau

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Le bureau une planche noire horizontale où s’élève ma mégalopole de papiers dressés gratte-ciel et taudis, des piles mes piles tout est si bien rangé suivant l’ordre principal de mon esprit dérangé à la recherche de phrases à couper en petits morceaux, des fagots à brûler les jours de froid intérieur, mon bureau du décousu main, la sono bouge sur la surface lisse, le son est toujours trop fort et mauvais matériel ça crache et tressaute sur le vernis noir et mes doigts vont en rythme, l’ordinateur est placé au centre sur un mille-feuilles de notes qui dépassent montrent leur tête leur queue leur dedans leurs tripes, mes yeux s’arrêtent s’attardent attrapent, je lève la tête pour détendre mes cervicales prises entre deux contractions, à gauche la rue qui dévale bordée du trottoir noir il pleut ce soir, noir et lisse quelque chose noir c’est indéniable tout autour de moi et même quatre étages plus bas, mon bureau cœur du T3, son arythmie ses maladies cardiaques d’amour et tout le reste

T3_Le lit

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C’est ma chambre mais c’est le lit, la chambre c’est le lit où dormir, faire l’amour sinon quoi ? insomnie solitude foutez le camp je suis dans la chambre dans le lit prête à tous les rêves, toutes les positions, pas perdue parmi les oreillers absorbée dans la contemplation quotidienne du plafond, non, imaginons une histoire ordonnée un homme une femme un couple des années imaginons la vie commune le lit commun ton côté mon côté et souvent ou parfois, c’est comment lorsque les années s’empilent se chevauchent se culbutent, toi et moi au centre sur la ligne médiane empilés chevauchés culbutés imaginons il y avait de l’amour et de l’eau fraîche, c’est vrai, je les ai vus et toietmoi, la bouche devenue sexe devenue main devenue pied devenu hanche devenue œil devenu cul devenu épaule, toietmoi cannibales de la chair plein la bouche, pas des reproches des regrets des silences lourds qui trouent la tête le ventre le lit   imaginons ça dure, le lit se remplit, un enfant deu

T3_La penderie

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Les vêtements de mes aînées malgré mon âge toujours pas une peau à moi deux ronds devant moi de quoi acheter à ma taille à mon goût et faire tintinnabuler les cintres où mes robes fanfreluches et autres coquetteries suspendues, caresser de ma main et yeux gourmands des piles polychrome de tee-shirts et pulls soigneusement repassés, d’ailleurs je n’en possède pas même un de fer, à quoi bon lisser ces épaisseurs de tissu quand je passe  mon temps à lisser mes pensées pour ne pas choquer ni scandaliser alors ces vêtements je les enfile sur mon dos ma chair mes os mais ils restent vides, la jupe vide le pull vide les collants vides c’est autre chose qui me donne un contour une ligne une existence pas cette transmission-là mal tissée mal ajustée trop large trop étriquée, il y a des crayons qui tombent de mes poches des trous qui s’épanouissent aux coudes aux seins Nirvana qui me colle au plafond la jupe qui descend les hanches qui saillent les feuilles des arbres caressent les fenêtres e

T3_La baignoire

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Sur ma chaise mais mes pieds sur le bord émaillé de la baignoire, je pousse, me balance, ça dure depuis un moment déjà, le temps de faire défaire refaire, de comprendre de te voir d’imaginer. Avant/arrière, le fond de la baignoire est blanc, est sec, est creux, est lisse, est brillant, il apparaît  disparaît , je te vois apparition, je t’imagine disparition, la chaise supplie que j’arrête, d’accord à quatre pieds maintenant et mes coudes sur les genoux, et mon menton sur le bord d’émail ourlé, et mes mains traînent au fond de la cuve, et j’enjambe l’ourlet et me couche dans ce lit. C’est blanc, c’est sec, c’est creux, c’est lisse, c’est brillant et je suis sur ton corps, je suis dans ton corps, je fixe la robinetterie muette le carrelage à angles droits, alors voilà, c’est comme ça, tu avais décidé ce jour-là,  le bon jour pour toi, de gober les barbituriques, pilules rondes, de 1 à 10, de 10 à 20, et plus sans doute et ensuite tu as décidé de chercher le bon endroit, un nid frais,

T3_Le plancher

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Plus loin elle fait l’amour et moi je pleure, je laisse sonner le téléphone dans une maison vide pour ne pas entendre mon corps démolir les murs dont on m’a chassée. Mes murs au présent, mes murs gorgés d’humidité, suintant la solitude, puant l’abandon, mes murs mes yeux mes joues mon corps ma peau, c’était plus loin l’amour, dans cet espace qui résonne au creux du combiné et je glisse sur le plancher prêt à recevoir ma rage et ma peine, 120 ans qu’il est là, combien de pieds sur lui, de pas de trépignements de femmes affolées femmes folles femmes feulant femmes baisant femmes heureuses malheureuses au rythme des pendules coucous et je me traîne sur le plancher pour ne pas me traîner à tes pieds et je m’accroche au chambranle combien avant moi, 120 ans, 6 familles pendant 20 ans, 7 pendant moins de temps, jeu des 7 familles je demande le pèrelamèrelafillelefils, je demande l’amant, la maîtresse, le traître, l’abandonnée, des échardes s’enfoncent dans mes genoux, cris et tant mieux c