Articles

Affichage des articles du août, 2018

Carole

Image
plq, Carole, 2018 J’arrête le tic-tac des vingt-quatre misérables heures que propose une journée pour décrire les miracles au quotidien Carole lamour et Lenz ne se quittent plus il devrait en être ainsi dans un monde idéal pansé de ses blessures où l’instant fugitif et poétique de la rencontre s’éterniserait une éternité à se regarder se toucher se confondre fondre le fruit de l’amour défendu des siècles et des siècles encore aujourd’hui on croise dans les rues du monde des amours défendues envoient des signaux de détresse à Carole en chevilles et sans corset se mesurer chaque heure sur la toise de liberté son regard dans celui de Lenz percent ma feuille lisse sourde et muette et me dérobe au hasard des lettres.

Carole

Image
plq, Carole, 2018 La cécité de Carole m’oblige à la plus grande acuité visuelle je reste sur ses gardes la protège la surveille la veille la cajole de mille points de vue son œil opaque contre l’objectif elle cadre ou trace sur la plaque de cuivre incisée par un accident de la vie de Carole aveugle sa main au creux de celle de Lenz franchit atlas herbiers et rituels auxquels je m’adonne pour les tenir tous deux et trois avec lamour au bout de mes bras au feu incantatoire de ma langue ses ébats libérateurs sous son regard d’aveugle guidant l’écriture hasardeuse de notre rencontre.

Carole

Image
plq, Carole, 2018 Tout à coup le soleil éclaire Carole qui darde et soulève ma paupière c’est le matin un nouveau matin à refuser d’entrer dans la danse de Carole ondule entre les grains de lumière poudrée elle point je points à point engage le silencieux dialogue avec Carole au bord de ma paupière brûlée la migraine s’installe et désorbite pour une autre longue durée l’œil que je garde sur Carole boit l’eau des fleurs je l’ai vue je l’écris je le sais elle boit l’eau des fleurs il y a des caméras de surveillance entre mes yeux mes pommettes mes seins mes cuisses enregistrent les faits les gestes de Carole sa beauté d’exister miraculeux hasard.

Carole

Image
plq, Carole, 2018 Nous le savons Carole il est question d’inventer la table de notre conversation rectangulaire brute quatre ou six pieds avec rallonges ou sans notes de bas de page lexique table des matières de Carole cheveux os dents ongles coton cannelle pixels élucubrations passibles de la peine de solitude je te laisse toute la place celle en destruction celle en construction, ruines et béton armé sont l’oblique de mon travail tendu vers toi je n’ai que deux certitudes – les gens ont beaucoup de certitudes – déplier pouce et index deux certitudes, écrire et toi. Une fois j’ai écrit un livre où vivaient des Certains au pays de Certitude, personne n’imagine le poids des certains leurs certitudes tandis que toi et moi cherchons toujours le lieu où nous arrêter, même par hasard.

Carole

Image
plq, Carole, 2018 Depuis le début Carole possède le savoir du pourquoi et du comment tandis que ma tête de linotte rebondit de mot en mot qui n’existe que pour écrire un rythme, définir un espace qui sépare la vie de Carole et la mienne souvent fragile prompte à se briser d’un coup de dent les réprimandes du réel ne sont jamais très loin de nous ni de Carole quand tout bascule cet instant véritable où je remonte à ma table afin de rejoindre Lenz lamour Carole quand elle vient sous sa main la mienne s’immobilise comment un corps ? comment un corps   peut-il devenir si long je l’écris de la tête de Carole aux pieds de Lenz passant par l’écho de lamour on pourrait alors entièrement s’abandonner à la poésie et ce ne serait pas un hasard.

Carole

Image
plq, Carole, 2018 Carole vous pourriez la croiser dans un hall d’immeuble, le sien le vôtre il m’arrive de la voir dans le mien devant les boites aux lettres clés suspendues arrêtez ne touchez pas Carole arrêtée dans un mouvement une pensée ou plus certainement debout arrêtée comme assise arrêtée comme couchée arrêtée mue par l’élan de la phrase le revers de ma main, le paradis de l’immobile ça ne dure pas. Il faut l’enjamber, enjamber Carole à l’arrêt devant les boîtes vides les halls vides les pages vides les paysages vides jusqu’à l’arrivée de Lenz les vides engendraient des vides enjambaient Carole entre les jambes de Lenz n’arrête plus d’inventer son existence du proche et du lointain avec désinvolture elle s’accroche au corps de Lenz chavire vers l’herbe sans jamais la toucher je la retiens qu’elle ne chute pas ou seulement par hasard.

Carole

Image
plq, Carole, 2018 Le jour commence à peine à poindre et les tourments et Carole. Chaque livre est une disparition il me faut disparaitre en Carole m’oublier, toute laideur polit au grain de Carole sa voix son teint l’air qui nimbe ses mouvements. Sa démarche m’éloigne de la confusion du réel ses chocs ses incompréhensions. Carole s’adapte elle m’adopte une lanterne au bout de ses mots éclaire l’intériorité de ma caverne de tripes. Carole la rassurante ne s’habille d’aucune déception il n’est qu’à voir lamour que Lenz lui voue. Lamour. Lenz. Carole. Le beau trio l’unique qui vaille ici l’écriture ne vacille pas affirme Lenz laime Carole malgré cet inexplicable départ l’immobile des lettres sur la page. Rien ne m’est dû tout m’est don, Carole Lenz lamour je vous emprunte vos sourires les lisse sur mon visage de travers mes mots écrivent droit derrière vos talons je vis un peu plus large je vois une géographie habitable les murs de votre maison érigés sur ma table par un bienheure

Carole

Image
plq, Carole, 2018 De Carole on dit que pendant des années ( voir des pages) elle ne mangea pas (peu), on la connut émaciée quand soudain boit-sans-soif mange-sans-faim (fin) elle dévora car fût dévorée d’amour (love) elle crût (croître) sans fin (faim) s’arrondit se remplit se rembourre ressemblant à s’y méprendre à une poupée de HB de plis en pleine (plaine) d’amour amoureuse Carole devenue dans la plus grande stupeur (stupéfaction – soudaineté ) la plus grande aimée et aimante, sujet (Reine) d’un livre d’amour alors que chacun sait pertinemment qu’un personnage (Carole) n’a de vie ni administrative ni organique ni amoureuse, ne saigne ni ne souffre ni ne signe sauf à passer par hasard devant l’autel des mots agencés.

Carole

Image
plq, Carole, 2018 Où en est-on de la nuit ? Qu’en est-il des jours ? Si je ne l’écris pas Carole se transforme en pâte blanche elle grossit prend le poids de l’inactivité elle s’affaisse s’étale langueur gelée tremblotante dans un coin d’assiette écartée par la dent d’une fourchette la moue aux lèvres Carole n’attire plus personne si je ne la saisis pas vivement de ma langue de mes bras redresser son squelette tangue de tous ses os gainés de muscles de lymphe et les ruisseaux de sang sauvage où nous nous baignons. Ce que je veux pour moi n’a pas d’importance mais pour Carole bâtir des tours phares sémaphores et autres lieux d’émerveillement car Carole est une merveille je lui cause c’est-à-dire - entendons-nous- je lui parle & je la produis & je la provoque, causer est un verbe qui entièrement contient Carole sa voix-bascule de l’une à l’autre cause elle accomplit de grandes choses. Notre dialogue est continu - quelle survie - commencé par hasard et toujours en cours.