Elle dit au revoir le poing fermé, se retourne plusieurs fois, agite son poing fermé lourd muet. Elle espère et redoute de les retrouver. Aux immobiles immenses sourires figés -allez, avance, entre là-dedans, disparais-, elle agite son poing fermé une dernière fois, moignon d'espoir et d'inquiétude, la porte se claque sur son petit dos, tout peut commencer. A place to rest , Alex Simpson , 2011
De loin elle voit un mariage, croit un mariage, ce blanc, ce soleil, les corps irisés, les auras poudrées. blanc, or, soleil. Elle se rapproche confiante. Un pas encore. Et de près. De près infirmiers, infirmières, blouses, sangles, métal. blanc, acier, nuit. Capture , via 365blanc , 2011
Je suis une tête de femme de celle qu'on brise jusqu'au cœur. Je suis une tête de femme belle enclume martelée. Je suis une tête de femme bouche pleine d'un sexe menteur. Je suis une tête de femme coffre à trésor convoité à qui l'on veut faire croire / qu'elle est folle / pour mieux la cogner / pour mieux l'abandonner farcie de pensées étrangères / de mots automatiques / pour mieux la condamner / la décapiter. Je suis une tête de femme penchée sur le côté, posée sur ton épaule. Sans titre , Nathalia Edenmont , 2011
Le corps-larme, le cœur-drame, l'esprit-alarme, désir de se tenir /debout à la pointe de l'avenir pieds et mains déliés du souvenir. Sans titre , Charles Bergquist , 2011
Quelque chose à faire. Rien. Mais quelque chose à faire. Toute son attention. Toute sa vitalité. Toutes ses journées. Réparer. Inventer des machines. Machines bruyantes. Machines hurlantes. Le bonheur du bruit, des sirènes tonitruantes. Écarquiller les yeux, écarquillés. Déplacer 200 kilos de ferraille. Tordre ses doigts. Manger sa bouche. Taper sur ses jambes. Rire au ciel. Faire tenir debout un œuf. Attraper la main de l’autre. La serrer. Pas desserrer les dents. Tenir le mur. Ouvrir et fermer la bouche. Sortir la langue. Sortir la langue. Danser. Se secouer en cadence. En avant, en arrière, d’un pied sur l’autre. Penser, absolument immobile. Absolument mutique. Parler l’inconnu. Crier crier crier nuit et jour. Les cris réguliers. Les désespérances. Ne rejeter sous aucun prétexte. Prendre la main, la serrer. Respirer par les trous des gencives, les trous de nez des yeux des mains du corps. Échapper, pas s’échapper. Poser le menton sur la table, ...
Son enfance sent toujours le carnage le sparadrap est toujours sur sa bouche la porte du fond toujours verrouillée le fil de fer perce toujours ses paupières le tisonnier disperse toujours ses souvenirs. Sa naissance toujours inscrite sur la liste des bévues. Qu'est-ce-que j'ai fait - Photos souvenirs , Carolle Benitah , 2011
"Délurée, alors c'est ça que tu es ?" Délurée? débauchée? désorientée, déboussolée, désaimée, déphasée. Il est temps de partir. Petite Courbet , James Jean , 2010
Dis-moi, le conflit des nuits connaître le bruit de mes mains chaque nuit ce mouvement chasser cauchemars fantômes visiteurs ce mouvement torsion avertissement menace défense coups protection et revenir à la vie mains endolories, pouces paralysés remercier d'un regard ces mains armes puisqu'elle est encore vivante. Hold Everything Dear 003 , Stephan Balleux , 2009
L'amitié est un abri où déposer les stocks d'affection inemployée. Tandis que son monde de marges lentement se reforme que l'eau bientôt encerclera son île et qu'elle foulera sans crainte les territoires de l'audace. Marilyn conspiracy , Ogilvy & Mather , 2011
Plus elle maigrit plus elle se trouve grosse. La peau tendue aux quatre coins du corps, les os en angles qui poussent et se bousculent sous la toile de derme, ça ne suffit pas, ça ne suffit plus. Si elle pouvait, inciser ici et là, plonger la cuillère dans le fatras et creuser un peu, extraire nerfs et chair, garder juste ce qu’il faut de force pour écraser les oiseaux entre deux pierres, clouer les grenouilles sur les troncs, entendre le sang des autres s’écouler, secouer les boyaux de sa tête, se cacher dans un pli de la terre. Holy moley , j alex goss , 2011 mots précédemment publiés chez L'oeil bande
Tout juste sorties du four de ma tête de la gueule duplicante six cents pages vivantes milliers de mots grouillants prêts à reprendre la route toucher la cible. The Forgotten Girl , Michael Cappabianca , 2010