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Affichage des articles du juillet, 2022

Lucie Antunes

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  Les filles qui battent font battre mon cœur Comme j'allais écouter The White Stripes pour m'enivrer de Meg White Comme j'ai vu, en dehors des archives, Moe Tucker à l'Olympia, le grand soir où le Velvet Underground s'était reformé Comme hier soir Lucie Antunes mon corps explose mon cœur en mille notes et percussions J'aime les femmes batteuses leur monde est  mon monde Elle se campe fort dans le sol  - campée - jambes écartés et les bras tendus décharge d'énergie ce qu'il faut de sensible ce qu'il faut de force pour ainsi      marteler     effleurer     soulever     dompter des sons des coups du sonore et la répétition Comme j'aime la répétition Les filles qui (se) battent je n'ignore pas  le droit d'être faible je n'ai pas connu ce droit-là uniquement celui de se battre pour survivre alors les filles qui battent leur sensualité leur  concentration leur joie me soulèvent

Mélodie

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  Le lisse du silence - je lisse  Sur mes cils, rubans Le lisse du sil - je lisse Densité de falaise Son abrupt dévale mon larynx Silence de calcaire - d’ossements Mon squelette troué le vent Y passe Mauvaisement - mélodie mortelle Le silence son glacé Sur mes paupières, deux pièces

La ronde

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  Bouche hérissée de clous elle se plante devant les portes du paradis marteau lourd dans la poche elle s’empare cloue un par un  -  ils sortent de l’humide de sa bouche hérissée des barreaux de bois  -  barrer l’entrée à quiconque tenterait une enquête est en cours   -   long sourire mouillé elle construira un autre paradis  -    s’il est de mots tant pis    -     les mots abritent aussi  pour célébrer les femmes  chassées - pourquoi revenir ici ?  un retour, une quête identique au bercail où l’on t’a frappée où les siècles t’ont effacée dernier clou planté !planté !planté ! sa bouche vide de clous elle tourne les talons la poussière s’accumulera aux portes du paradis

Celui de Létroit

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     Ouinonouinon les fourmis grincent mes oreilles je vais quand même rabattre ta jupe et là oui non tu dis rien tes yeux blancs petite montagne mes côtes craquent sous leurs chaussures personne veut non ? installés au ciel vous autres      cracher une fois par terre, une fois dans l’œil de la bête      Piera ton dos c’est l’attente Piera ma bosse la montagne à ma taille      je vais pousser un mouton pour toi      mon bâton danse sur les dos      Les araignées volent les moustiques rampent      Mon herbier d’insectes écrasés entre deux feuilles      L’insectier      Le charnier      Le mourier      L’effrayé      Létroi ici ici-là l’étroit là Ici-Bas ce cadeau t’en veux pas      plus rien que                 - Les voilà ! les voilà !      Et moi ? mon nom      mes yeux grelottent ma langue claque chaque gorgée parle au fond de la tasse au liquide à la gorge aussi à l’espace là-devant. Le nez bouge quelque chose habite niche au fond      La peau ça vit dessous dans les narines au fond

Celui de l'Architecte

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lui sans son bâton - inimaginable instrument de mesure - instrument de correction formé, éduqué, grandi au bâton - ennemi devenu allié AUJOUR D’HIER C’est l’instant de voir. Ce que j’ai derrière la tête. Qu’est-ce que tu as derrière la tête ?  sa question quotidienne.   Aujourd’hui je peux l’écrire, ton massacre m’honore. Ces années dédiées à me détruire à m’esclavager à me réduire. Ces heures de peur dans les ténèbres les murs fermés le peu d’air l’aveugle lumière. D’où j’en suis c’est bien grâce à toi tes leçons tes brandissements. Brandir – la menace le bâton. Brandir – punitions humiliations. Brandir – l’intrusion la contamination. Brandir - jusqu’aux os et mes gémissements.           Maître, je veux t’inscrire au frontispice. Merci aux mauvais soins, à l’épreuve. Je sais bâtir des murs à l’épreuve. A l’épreuve de toi de vos injures de vos violences. Je sais maçonner la défense. Protéger les miens.           Toute une Construction le temps de comprendre. Déployer sans ployer. Dép

Celui de Jeanne

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  C'est Jeanne l'enfant Jeanne l'apprivoisée C'est Jeanne  cristalline ses 10 ans ces dix arbres la musique du bâton Jeanne décampe. Elle se perd dans dix arbres, pendant des heures, parfois des jours. Elle cherche les coins d’herbe, les chemins qui s’enfoncent, la végétation chaotique. Elle cherche Maman. De la pointe d’une branche, elle trace dans la terre                                M      A      M           A           N Les larmes de Jeanne dispersent les lettres. Elle repart, accélère sa course devant les grilles, son bâton rebondit de barreau en barreau. Jeanne s’arrête pour laisser passer un cadavre qui quitte l’hôpital sur son brancard de bois, entouré d’une couverture, attaché par une grosse sangle qui tient fermement l’ensemble : le cadavre, la couverture, la mort. ___________________________________________________________________________________ Les trois maisons , éd. d'en bas, 2021

Celui de la Bête

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Bâton-signe Bâton-sang Bâton-veines C'est ici, le bâton le dit Je serai enterrée ici en travers Du chemin buissonnier Lorsqu’ils y marcheront Leur bâton en éclaireur s’ils s’arrêtent Fleurira ________________________________________________________________________________________ La Bête, son corps de forêt, éd. Les Inaperçus, 2020 Illustration : Norman Rockwell, He silently glided along in front of her while the woods sheltered them, 1916

Celui d'Eugen

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Sans doute m'ont-ils laissé des indices pour que jamais je ne les oublie le bâton est un indice S’astreint aux débaptêmes tant que rien n’est nommé les fonctions sont nulles, la réalité étrangère, sa marche clandestine méconnue m’est connue mais connue comme les mots comme les objets il lui reste peu de jeu mais le péril d’inventer une issue où se faufiler. Il contemple avec ravissement l’air qui le sépare de ses objets, déblaie les carcasses touche sa couture saisit par les orteils l’obstacle – une canne à pêche – tombé en travers de sa route sur fond dynamique de la masse du corps, action coordonnée et isolée du membre antérieur - mais rien sur sa face - type chimpanzé habile aux opérations digito-palmaires de saisie d’autres diagonales, balais, bâtons, branches, troncs, conduits de cuisinières, cheminées d’usine, câbles haute tension, les membres antérieurs inépuisables balancent d’un côté de l’autre toutes sortes de composants en retombant construisent une forêt dense prête à c

Celui de Jeannot

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Un ami m'écrit hier soir : il organise une exposition sur le BÂTON - Je réfléchis aux bâtons - Ceux qui ont traversé mon écriture, comment apparaissent-ils - Brisés brandis caressés, ils écrivent ils suppléent ils organisent - J'ai parcouru mes livres à la recherche des bâtons, je commence avec celui de Jeannot :                                   Je n’ai rien vu. Verrai rien. Jamais. Ni dans la grange, ni dans la chambre, ni dans le champ.   La bête je la vois pas. La bête aux yeux dilatés de peur. À chacune de ses apparitions, je ne vois rien, je ne dis rien, je n’invente rien.             Je cours. Le bois. Je cours. Le bâton. Je frappe. Je frappe et refrappe. Le bâton heurte la terre, rebondit, frappe l’air. Ouvre la terre.                   Se casse au ras de ma main. ____________________________________________________________________________________ [ Le plancher - 1ère édition Les doigts dans la proseX2013, 2ème édition L'EveilleurX2018, 3ème édition, à paraître

Bastons

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  depuis la nature, mon arrivée dans la nature  le bâton remplace le crayon chaque matin j’écris au bâton je marche j’avale la nature par les jambes  ces muscles-là lettres bâtons je relie les points les uns aux autres dessine cosmogonies folies incertitudes quadrilatères nulle errance des déboussolements des décrochements des évasions le bâton frappe régulièrement devant moi il ouvre la voie éclaircit la gorge il tripote le sol soulève beautés et vermines il secoue mon cerveau remet de l’ordre bâton d’écrit pour se battre se défendre  je fends l’air je frappe je chevauche s’aventurer si le soleil continue de se lever j’irais

Soudain Nijinski

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  Délice Je glisse dans l’enveloppe le contrat signé Ainsi Nijinski - mon Nijinski sera publié l’année prochaine Il n’aura pas attendu - nous n’aurons pas attendu - espéré - lente décomposition, refus après silence après refus Les 3, 4, 5 années, parfois 10 années réglementaires Publier est toujours un cauchemar - vingt livres plus tard, publier est toujours une désespérance La même obscurité Mais voilà Soudain Nijinski Mon Nijinski - combien en ai-je croisé depuis 2015 , ma sidération, le début de notre histoire ?  Depuis j’ai choisi ton orthographe, les 3 i de ton nom Depuis 7 années - archives, articles, discussions, émotions, écritures, vagabondages, extrait Te retrouver, nos rendez-vous, en bibliothèques, dans ma chambre, dans des couloirs, des séminaires, des secrets, des soirées Filles avec un Cerveau chacune, où par la générosité de Milady Renoir nous nous sommes, pour la première fois, montrés ensemble Depuis - l’année où une archive a tout fait basculer, la légende, je compr