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Affichage des articles du mai, 2021

le monde adolescent

  ev a posé son vélo ev posée sur son vélo immobile affaissée lourde prisonnière de son corps d'adolescence          du monde le corps du monde adolescent eve le vélo le trottoir le monde un seul corps immobile affaissé lourd un homme passe. Tom. Clin d'oeil. Borborygme. esquisse un geste. ouvrir sa chemise. une invitation.  eve ne le regarde pas ne le voit pas ces adultes obscènes pathétiques vicieux eve ne voit absolument rien dos rond bras croisés sur le guidon son menton posé frange sur ses yeux intégralement recouverts un second homme passe. Piotr. S'approche franchement. chair fraîche.  - Allons boire un verre eve ne bronche pas moufte pas affaissée dégoutée ce monde impossible incapable invivable ev a redressé son corps ignore l'homme sa queue à la main eve en deux coups de pédale franchit le bord du monde

anatomie

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Pavillon noir

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Ils sont toujours là

    «   La possibilité qu’émerge une réelle discussion sur l’inceste est neutralisée car banalisée ; chacun pense au bout du compte qu’il sait déjà de quoi il retourne. Dire l’inceste publiquement, quel que soit l’angle d’approche, est immédiatement métabolisé par la société : absorbé, puis transformé et renvoyé au silence, sans questionnement sur ce dont il s’agit  ». Cette citation est empruntée à Dorothée Dussy dans un de ses articles de 2005.    Ainsi « les violences faites aux femmes » Les dire publiquement On ne m’invite plus pour parler littérature et écriture mais pour dire les violences faites aux femmes Car lesviolencesfaitesauxfemmes, faut bien les caser quelque part, ça fait qu’on donne le change, on coche la case bonne action, on en parle, on n’est pas insensible, ah non Coincée entre deux auteurs des mâles-qui-savent-la-littérature, qui sont & représentent la Littérature - tribuns forts en gueule Avec mon livre pour dire les violences faites aux femmes je me contorsio

la foi

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  plq, rosso, 2021 Sans foi, je me retrouve toujours à errer dans les églises des villes et villages où je travaille, je ramasse les images pieuses les prières minimales, les fourre dans mes cahiers. Elles ne m’aideront peut-être pas. Mais peut-être ceux qui souffrent.

à ras bord

  Elle est assise en face de moi, entre nous la table encombrée elle érige des défenses d’objets et de paperasse , elle veut parler mais ne pas parler, elle a accepté mais n’accepte pas, elle dit tout de suite je ne veux pas parler du passé, le passé c’est les coups la terreur des années de coups de terreur, elle file dans la cuisine en revient avec une assiette énorme de pattes et de pilons de poulet, une assiette comme je n’en n’ai jamais vue remplie à ras bord comme elle remplie à ras bord de mots, de colère, elle pose l’assiette devant elle, entre nous, et mange mange et entre les bouchées elle donne des mots, sa main crispée sur la fourchette qu’elle planterait bien dans le passé pour n’en faire qu’une bouchée.  L’assiette vidée son corps lesté, la tête nettoyée, mon cahier rempli, elle se lève, me sourit.

derrière

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  plq, rosso, 2021 Entrer dans les appartements je pourrais m’y déplacer les yeux fermés, c’est toujours la même tristesse qui carillonne en beauté, les meubles lourds et marrons les canapés engloutis dans les murs les photos des enfants sages bordées de carton la toile cirée et l’odeur du modeste, à chaque fois j’en prends plein les narines l’odeur du modeste est partout sur moi elle joue au boomerang c’est d’ici que je viens Après les premières minutes assise du bout des fesses sur le plastique le cahier sorti le stylo en berne, les premiers mots qui se rencontrent me fera-t-on confiance, je suis qui ? cette inconnue dans votre salon sur le bout de votre table qui vient simplement écouter pour écrire ensuite. Tout le monde a envie de parler, moi j’ai juste envie d’écrire jamais de parler, donc ça tombe bien, au bon endroit dans ces salons de toute éternité, la chaleur se répand, on me sort les albums les coupures de journaux le café et puis les mots La première demi-heure écoulée le

loin

  même finir une phrase semble inutile d’une telle modestie les modestes retirés les modestes éloignés ancien quartier des pestiférés Nous ignorions notre exil, alors

de côté

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plq, rosso, 2021 couchée en chien de fusil côté ciel