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Affichage des articles du 2017

UNE PHOTOGRAPHIE DE ROMAN VISHNIAC

Tout est figé bien sûr puisque plat Photographie papier plat  Deux dimensions Treize figures peut-être treize tous figés dans un mouvement leur mouvement particulier mouvement dense regard baissé blessé aucun ne se croise ni regard ni geste ni chemin ils forment groupe masse unique sur le papier exigu rectangle net et plat treize vie en danger mouvementé comme un seul homme une seule humanité trouver des mots mouvants quoi que denses quoi que lourds quoi qu’immobiles sur la page rectangle plat proie facile aux feux et mains les treize en 1939 dans le ghetto de Lódz לאדזשער געטא dans leur hâte arrêtés dans leur phrase suspendus dans leurs gestes empêchés dans les regards détournés dans l’absence dans l’ensemble sur les visages les vêtements dans la rue sous ce ciel dans les noirs les blancs les gris dans l’ombre la terreur nazie le pogrom les patrouilles les sanctions barbelés victimes survivants séquestration travaux forcés déportation extermination Une humanité treize foi

SITUATION-14

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PLQ, Situation#14, 2017

L'emprise

J’ai vu beaucoup de forêts aux arbres abattus J’ai vu beaucoup de familles aux femmes battues L’émotion me coupe les mots sous la langue Un seul faux pas et on périt sous les piétinements de l’imprécis Un seul faux pas et elles périssent sous les écrasements de l’emprise J’ai vu des vies dépeuplées les femmes terrées dans les ténèbres J’ai vu des forêts incendiées le sol noir de cendres Des incendies je brûle mes yeux blancs de papier

Reconstruire

Tu te souviens quand tu cherchais des images des abysses et découvrais des formes terrifiantes, inconnues, comme tu faisais des cauchemars. Tu te souviens ta recherche iconographique pour Warglyphes, les formes de la guerre , tu traversais les guerres, des décennies de mort de torture, comme tu faisais des cauchemars. Tu te souviendras des monstres que tu rencontres au fil des conversations avec ces femmes violentées, les décennies d’humiliations de guerre de tortures aux formes terrifiantes, comme tu en fais des cauchemars Tu te souviens que ta vie à toi c’est Les-choses-à-dire Ecrire la langue des mutilées et des mutilations Des humiliations des punitions Tu t’en souviens seconde après seconde quand elles chutent devant toi quand elles se relèvent quand à force de mots à force d’écoute à force de présence Aveugle je vois quand je tombe me casse tombe encore cassée plus net se relever sur leurs mots se relever ne signifie pas la solidité Chute après chute coup sur

SITUATION-13

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PLQ, Situation#13, 2017

Les loups

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plq, Docile, 2017 Les semaines sans écriture comme des loups m’encerclent se rapprochent bientôt me déchiquetteront les semaines sans écriture gagnent mon corps le forent de leurs canines le très lent très besogneux méticuleux carnage, travail de sape de minage de déchirures semaines sans écriture attaquent mes os mes organes vitaux les écrasent à grands coups d’absence broie jusqu’à souffrir dedans en crever sans rien laisser voir ça ne se voit pas les semaines sans écriture de l’extérieur ne montrent ni ne démontrent me démontent jusqu’au cerveau impossible de le calmer, les semaines de famine flancs à vifs côtes saillantes bave aux commissures l’œil jaune chaque semaine plus inquiète plus blessée ne plus se tenir que par un vague espoir déjà éprouvé résonne, raisonne elles reviendront les semaines d’écriture où la sensualité bouleversante du long désir enfin assouvi par le premier mot pionnier de la page nouvelle son étreinte te pénétrera entre les jambes les yeux la bouche gr

Faillir

Provoquer L’acte l’autre Supporter La bêtise les électrochocs Le silence est dans mon ventre dans ma main dans ma mâchoire trouée Répondre Aux voix à haute voix Réussir Sa vie son œuvre Leur altérité est la mienne dans mon ventre dans ma main ma mâchoire Trouée Failli éclater en morceaux

En chœur

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Samedi 9 décembre à 18h30  avec Gersende Michel  n ous vous fredonnerons des extraits de La Ritournelle Rendez-vous à l'espace de L'autre LIVRE, 13 rue de l'Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

Les trottoirs

Ici les forêts sont sur les trottoirs Pins coupés sentent toujours Des ombres en filets blancs bien amputées se tiennent les coudes leurs flammes vertes vers les réverbères c’est presque Noël Ferme les yeux le long des trottoirs tu traverses de courtes forêts des contes sacrifiés impossible de lire l’histoire jusqu’au bout les enfants restent perdus aucune princesse emportée Ici les poubelles vidées à la recherche de cadeaux des mains plongées dans nos détritus de nouveau des morts de froid on coche sur le calendrier de l’Avent ouvrir la première case le premier mort de froid ici en France dans les rues pleines d’enfants de femmes et d’hommes dehors nuit après nuit après jour sur les trottoirs ils fouillent les poubelles pour trouver ce que l’on daigne on daigne on dédaigne le pouvoir il dédaigne les enfants les femmes les hommes sous le sapin ils ne déposeront rien que leur cadavre mort de froid les petites fenêtres du calendrier vont toutes s’ouvrir tandis que brutalement

l'eau et la neige

elle interroge secrètement partant de soi-même    -              elle part l’eau soulevée sur son ventre tête au mercure              -              elle des questions filées faufilées    -              elle enfuit sur l’eau écrire comme sur la neige écrire se rapprocher pour tenter          -              elle se rapproche de l’eau neige interroge secrètement                                elle s’efface efface immédiatement la neige l’eau le mot immédiat immédiatement 

L'écriture de mes intimes

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L'INTIME JOURNÉES D'AUTOMNE de la Société française de psychopathologie de l'expression  et d'art-thérapie 1,2,3 décembre 2017 Samedi 2 à 17h30 je parlerai de Jean Jeanne Létroit Eugen Georgia PieraPetraPierette l'Architecte Nina Unica Paule  mes intimes Le programme complet ici

Journal intime

Je me recolle les oreilles aux écouteurs Je ne chasse pas la mouche de l’écran Je plonge la main dans mon cœur déchire les brouillons en petits morceaux J'envisage le journal On aurait presque envie presque désir d’écrire chaque jour une page de journal - l’actualité de nos sentiments une page de journal celui nommé intime , des nouvelles fracassantes des accidents mortels, des politiques internes des recettes de nerfs, des romances renversantes des accords éternels, on aurait presque envie presque désir lorsque sa vie commence, d’ouvrir un cahier neuf d’ouvrir une page nouvelle, inventer des vocables pour ces jours intimes, allumer des feux à chaque ponctuation, dans son corps se lever, entièrement se lever s’élever.

La Ritournelle

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PARUTION La Ritournelle aux éditions Lunatique Avec Gersende Michel nous en lirons des extraits le 9 décembre à 18h30  à l'espace de L'autre LIVRE, 13 rue de l'Ecole-Polytechnique, 75005

Les placards

Elle écrit en silence et le moment venu dans les placards de sa chambre on découvrira ses piles de silence tracé à la ligne sans une erreur de calcul petites lettres entre lettres normales, petits et gros insectes à manier adroitement pour la stabilité dans le labyrinthe des émotions il suffit de convertir les sentiments en mots en piles en alignés entassés par mystères et extravagantes écritures silencieuses J’attends à la surface allongée au sol sur mes coudes le crayon court sur le papier et trace le contour des choses lorsqu’il dépasse le bord du papier je m’arrête tendue car incomprise incompréhensible                 Quand on souhaite voir ce qu’elle écrit elle refuse Pendant longtemps on l’a ignorée Sauf les placards J’écris lentement assise par terre le papier tourne décide de l’emplacement de ma main et de la direction vers laquelle avancer Elle tire un à un les crayons de son poing Elle travaille sur plusieurs pages à la fois Elle atteint le sommet d

MidiMinuitPoésie

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"M'a attaché la veste à l'envers manches aussi retroussées. Te protégera du mauvais œil elle dit. Mal sous le front Mon nom Létroit." SAMEDI 25 NOVEMBRE - 18h00 - Le Lieu Unique, Nantes. L'Apparition , Ronan Courty (contrebasse) et Perrine Le Querrec Ce sera durant le Festival MidiMinuitPoésie#17 organisé par la Maison de la Poésie de Nantes Du mercredi 22 novembre au samedi 25 novembre Bande annonce de MidiMinuitPoésie#17 from Maison de la Poésie Nantes on Vimeo . Le programme complet : ICI

La citerne

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plq, la citerne, 2017 Une solitude de citerne Plantée dans un champ de tourment Ventre creux langue lourde La raison sous sa pierre tombale Gravir le catafalque                                                              à l’assaut de la brume

Cadence

L'armée de mes deux pieds                    en cadence corps-à-corps avec le langage ce qui sans cesse se retranche ce qui sans cesse se refuse                     en cadence celle qui sans cesse se retranche celle qui sans cesse refuse

L'outil

Le petit crayon palpite au bord de la page Le petit crayon au fond de sa poche au creux de sa main Ce petit crayon qui est son visage ses muscles Au bout du crayon la mine de mots Aux muscles du visage au creux de la main Le sixième doigt le septième sens le premier choix Grand comme deux phalanges comme un titre comme une balle La munition sang noir de sa vie Elle a le droit à un crayon dans sa main entre ses doigts l’évasion La permission du silence À chaque mot le crayon il s’élève il retombe À chaque mot la main elle s’élève elle retombe À chaque mot je m’élève je retombe

Les tondues

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Parution, 11 novembre 17 "N’a-t-on jamais demandé aux hommes s’ils avaient couché avec une allemande, les a-t-on transbahutés sur des charrettes à travers villes et villages sous les huées ? a-t-on jugé leur sexualité, a-t-on jugé leur chair leur pénis ou leur cœur ? Sur le char les femmes, sur les roues les routes, sur le char par bouquets traversent les villes sur la charrette les sorcières menées à l’échafaud. Les hurlements de ceux qui sont droits dans leur droit les entiers toute intégrité conservée. Vraiment ? Certaines deviennent folles le temps de la tonte, certaines deviennent plus fortes le temps de la honte."  Z4 éditions

Le costume

Perdue dans un costume trop grand galoper à reculons ne pas mourir dans le silence mais dans l’incertain d’un mot libre surgi à l’abri de ma minorité linguistique planquée au bout du monde sa bouche fermée dénonce les horreurs silencieuses énonce la parole supprimée en déliant cordes cordelettes rênes elle rue à l’envers de travers tant mieux

Le drapeau

L’amour inspire-t-il des poèmes des chants ? L’amour enneigé aux sommets découpe l’horizon en arêtes L’amour son odeur sa profondeur ses détours Marcher en évitant les crevasses vouloir à tout prix planter là-haut son drapeau

Le temps éprouvé

Je lèche le plat de chocolat Je lèche les reliefs les accidents Je lèche le souvenir aux babines Lèche un peu d’enfance un peu de ta voix De l’odeur de la cuisine où petite j’ai eu peur Je lèche quelques minutes du temps éprouvé

L'Apparition

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Vendredi 10 novembre 2017, avec  Ronan Courty   à nous deux devenir Létroit >>> > « L'Apparition » / création lecture et musique >>>> par Perrine Le Querrec, voix et Ronan Courty, contrebasse "S’émancipant de la syntaxe et de la ponctuation, l'écriture de Perrine Le Querrec est en prise directe avec la sensation. L’enfance est omniprésente, période de la terreur, de la métamorphose et aussi du devenir. Les textes de Perrine le Querrec font trace, et nous signalent que « la poésie ouvre des portes sur des lieux mystérieux ou effroyables, et rappelle souvent la possibilité de l’horreur, tapie."   B log Charybde 27     En partenariat avec la Maison de la Poésie de Nantes  À 22h - Le Dôme - Place de la Bilange -Saumur Le programme, ici

Le titre

Dès que le titre est écrit Dès lors Lettre à lettre apparition sur la page lumineuse Les doigts ont trouvé le rythme du titre a trouvé sa place au sommet de la pensée sorti de sa cachette cervicale il s’imprime se dévoile Dès que le titre apparaît plus moyen de disparaître de reculer d’esquiver Engagée Responsable Le serment le seul toujours qui dure toujours Les portes claquent toutes en même temps sous les courants d’une pensée prise par la témérité d’un nouveau livre D’une nouvelle personnalité Dès que le titre s’inscrit devant les yeux ouverts c’est parti reparti pour un tour une année à marcher à côté de la réalité ses bruits venus de loin ses occupations reléguées à plus tard lorsque sous le titre les mots auront pénétré le sens façonné la forme couché avec le verbe lorsque déshabillée seul langagement permettra de ne pas crever de froid

T R A M P O L I N E

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Diurne

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plq, Diurne, 2017 Les maladresses du matin lorsque tout tombe tout cogne tout dérape Passage à tabac des premières lueurs Bleus brûlures sang coupures  C’est que sortir de la nuit c’est qu’échapper au cauchemar c’est que survivante c’est qu’un nouveau  jour on ose à peine y croire c’est que délier les mains les libérer qu’elles attrapent une tasse la cuillère le café c’est que les jambes les resserrer c'est que debout le corps debout un jour nouveau debout marcher c’est qu’une sorte de résurrection à répétition c’est qu’une nouvelle chance c’est que l’esprit prend plus de temps que la chair c’est qu’il revient doucement à la vie c’est que la vie diurne parfois c’est qu’il en faut du courage de la conscience et son opposé c’est qu’on arrive, oui on arrive, notre lenteur notre obéissance notre silence à jamais nous arrivons cependant sortons de la nuit des ogres debout au milieu des autres chaque matin ce voyage pour parvenir au milieu des autres.

Campus

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plq, impact, 2017 Je traîne un peu sur le campus    la place                                  la rue        le centre                         l’habité                                      le plein Mains dans les poches regard en bas Le magnéto autour du cou C’est pas enregistrer c’est tenter de comprendre de savoir d’anticiper La fureur du monde La menace C’est l’automne sur le campus   la place                                  la rue        le centre                         l’habité                                      le plein      la cage dorée Mes pieds fauchent les feuilles Les cadavres légers D’où va-t-il arriver Le danger C’est moi ou c’est vous La pluie d’or en pluie de sang Les propos simples en hurlements La promenade en panique Les corps debout en corps couchés Sur le campus   la place                                  la rue        le centre                         l’habité