L'ENTRESORT

Francis Bacon, Man at Washbasin, 1989-90 Je moule mon écriture sur ton drame, ta joie Sa forme alors, drame                                Joie Study for human body - le corps c’est à peine s’il passe                 à  peine une trace                 à  peine une chair Study ….. Bacon la perpétuelle étude des corps à l’isoloir l’engloutissement dans les ombres en flaques C’est la couleur des fonds qui arrache l’œil et les larmes Orange/rouge/rose/bleu L’eau du robinet, « c’est simplement de l’eau », l’eau du robinet grise orange blanche                 S’écoule Bleuebleuebleue Durcie éclaboussures roses Les scènes de plus en plus rétrécies étroites suspendues                 s e creusent se resserrent pour laisser place à un membre                 une jambe une tête une torsion                 la forme de la forme                 la géométrie Study for Bullfight n°2 en 1969 – le public une masse La bête, la bête                

plq, aveugle, 2019 là Assis toute la journée   là là                                    là                                        là Baisser les yeux                     là                                                   sur nos écrans Baisser les yeux devant la réalité. là Baisser la garde nous laisser aveugler là làlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlàlà Dans la ville jonchée de cadavres Nous marchons tête baissée Marchons sur les cadavres Les écrasons

Victor Hugo sur son lit de mort, Félix Nadar, 1885 D'avoir tant écrit et maintenant                                      reposer          sur l'oreiller fleuri le visage cerclé de lumière drap remonté sur le silence

Je parle d’une chaise vide Une force épuisée Debout ici, en silence

plq, Tamaris, 2019 C’est quand je suis entrée dans la salle de bain le lavabo avait changé de place, très légèrement il s’était décalé J’ai pensé le Sacré déplace tout légèrement il opère des changements l’émail aussi, incroyablement blanc, une nouvelle fois j’ai pensé le Sacré illumine et redonne une vision la vision, je pense le Sacré nécessaire à retrouver vie il retrouve une place dans ma vie et le monde plus supportable le monde blessé de violences agonie d’injures j’y dépose mon instant de sacré m’élève la voix l’écriture et le corps ton corps au-dessus du mien un tel ciel Sacré

plq, blanc-neige, 2019 pauvres hommes c'est à vous à présent                                                 votre tour de devoir être filiforme avec une grosse barbe huilée un minimum de rides à vous la jeunesse éternelle                                          son shopping                                          ses enseignes anorexique et standardisée à vous les multiples crèmes et sérums et le miroir qui toujours dit NON encore quelques voix et enfin vous serez nus 4 x 3 pas uniquement les attributs                                        gonflés/moulés mais toute votre virilité déballée nous remballons des siècles de fesses et seins                                                            en pâture vous laissons Photoshop, jouissez ! Vivement vos culottes tachées de sang ! Vos défilés vos dépressions ! vos combats vos revendications !

plq, tangage, 2019 Parfois j’écris pic vert parfois j’alanguis parfois féline parfois singe parfois je ne sais plus tout est si fragile ces mots l’un sur l’autre l’un près de l’autre comment faire tenir l’un à côté de l’autre et ma place entre les serrements les écrasements parfois c’est écrasant parfois ça serre le cœur les dents parfois j’écris agile c’est si facile et parfois la vase colle aux mots dans ma tête marée basse des flux des reflux parfois m’emportent pas mieux qu’une épave échouée avant d’aller cueillir la nacre sur les rivages parfois c’est possible parfois c’est impossible et la vie qui va avec impossible et le monde impossible et parfois qui va nous casser qui va nous ébrécher qui va nous couvrir de saveurs jusqu’à parfois nous réunir sur la même page l’histoire s’écrit la langue se délie m’emporte chez elle c’est ici ici ou ici toujours une nouvelle architecture à visiter à caresser du bout des yeux et les doigts reprennent leur danse sur le clavier.

Chancelée et chancelante sont dans un bateau Chancelante tombe à l’eau Qui reste-t-il ? A mirror is a mirror is a mirror , une pièce pour claviers, contrebasse et voix composée par Perrine Le Querrec et  Ronan Courty - 2019

extrait : Est-ce que je me sens seule devant un miroir ? est-ce que je me sens seule ? est-ce que je me sens seule avec moi - suis-je la seule ? Est-ce que je me sens seule devant l’écran, est-ce que je me sens seule ? devant l’écran suis-je face à vous à nous à moi ? sommes-nous complètement seuls ? vous voyez-vous devant l’écran ? êtes-vous seuls complètement seuls encore plus seuls devant l’écran que voyez-vous ? Me voyez-vous derrière l’écran, qui voyez-vous, que croyez-vous ? A mirror is a mirror is a mirror , une pièce pour claviers, contrebasse et voix composée avec Ronan Courty

Avec Ronan Courty, en résidence à la Villa La Brugère , nous créons une pièce pour claviers, contrebasse et voix sur le thème du miroir extrait : Nous avons une force magnifique devant le miroir. Regarde l’enfant, tout est à écrire, tu es le cœur, tu es le centre, tu es le Je, tu es possible, tu es le monde, tu es unique, tu es le désir, tu es l’infini, tu es l’idéal, tu es la fiction, tu es l’aventure, salut l’enfant. Ton corps il apparaît. As-tu quitté le sein de ta mère ?  oui As-tu quitté les bras de ton père ? as-tu une forme ? Regarde c’est toi ! c’est moi Alors l’enfant se lève, alors l’enfant touche sa main embrasse sa bouche regarde ses yeux quelle rencontre, alors l’enfant devient, alors l’enfant sa place, alors l’enfant se double, l’enfant se dédouble Je bouge il bouge, je tombe il tombe, je veux il veut, je virevolte il virevolte je grince il grince je ris il rit je pleure il pleure je en arrière, en arrière, je en avant, en avant, en avant, je en arrière, en