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Affichage des articles du octobre, 2022

mes bêtes

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  le chien lèche la sève de l’arbre bêtes de combats semblent si lointaines à présent la tête au sol pour y brouter l’herbe parfois elle-même est nue désarmée                rampante

Confusion

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 Qui parlera des jours sans toi ? Sans toi jour est nuit Qui parlera des nuits sans toi ?  Sans toi nuit est jour Paupières plomb fondu Au noir Apparition 

Aujourd'hui

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  C'est aujourd'hui que reparaît Le prénom a été modifié Aujourd'hui en cet automne Je me souviens du premier matin où Les mots des journalistes des commentateurs La première journée du procès           ma stupéfaction  Mon horreur mon désarroi Le corps plié de douleur La plainte de l’animal blessé qui déchira notre espace  Mon fils aîné qui se précipite « Que se passe-t-il qu’est-ce que tu as ? » Le tumulte qui s’échappa de ma bouche La boue dont on allait la salir L’or dont je voulais la couvrir #MeToo n’existait pas alors Le bâillon nous étranglait nous violait nous tuait En silence Alors, écrire ce crime c’était  véritablement traverser les ténèbres J’ai abandonné L’Apparition ses fillettes et Létroit J’ai tout abandonné Tout pousser tout repousser N’être qu’avec elle Le corps dur comme une pierre Ma vie à présent Écrire chaque matin pour elle Tous les après-midi manifester Dans la foule des femmes, uniquement des femmes, chaque jour des femmes Un après-midi Elle, ven

Corps et esprit

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   Supprimer le "tu" le toi, cette proximité lorsque dans l'écriture toi et moi devenons toietmoi, ouvrir le soupirail, trouver une fenêtre une porte par où aller, choisir un autre pronom, lentement nous détacher toietmoi, luietmoi, Vaslav à mots comptés te certifier que ce livre est pour toi, une maison un plateau de danse une chaise où t'assoir une montagne où te promener des lignes où danser et si d'autres te lisent, ils voyageront du "il" au "vous" les pointillés de notre union lentement découpés l'épaisseur de notre secret lui continuera de te tutoyer

Heidi et l'araignée

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  Elle ne cesse de tisser de passer devant mon regard de corriger de reprendre d'attendre. Fascinante beauté mes pensées s'enroulent autour de Louise et de ses géantes. Je reviens à l'écran étroit où mes filles emprisonnées guettent le trou dans la toile par où elles s'échapperont. Je dois les laisser pour le moment. Les laisser je dois reprendre retisser retendre le manuscrit de Nijinski que nous corrigeons avec l'éditeur. Fils lancés entre lui et moi, les mots y glissent j'aime corriger ciseler jusqu'à l'âme et parfois comprendre à force d'allers et venues sur le canevas des signes ce qui a été écrit dans l'extrême tension. Comprendre ou s'approcher - frôler de nouveau l'angoisse d'une enfance vécue dans le silence.  Dans le silence je berce Monelle, Petit-Sabots et leurs 198 compagnes, ce silence de l'écriture qui est le seul à pouvoir nous sauver. Elles en profitent pour marteler ma table, jouer dans la toile de l'araignée

Premier matin

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  Arriver, poser sa valise, prendre le pouls d'un nouveau paysage, se frayer un sentier vers sa chambre, vers l'Autre, poser l'empreinte de ses mains sur les murs leur murmurer "je suis là pour quelques jours", répéter les présentations aux arbres et vallons. Éparpiller ses affaires puis les regrouper puis les disposer il faut parvenir à la tanière où ombres creux air deviennent complices de la pensée. Le cœur bat plus fort, prêt à s'élancer à la poursuite de Monelle, Petit-Sabots et toutes les autres, elles m'attendent je les espère. Les pommes ce matin roulaient devant mes pupilles, le parc est floqué de pommes et déjà me voilà enfuie, et si l'une d'elles se nommait Reinette ?