Aujourd'hui
Aujourd'hui en cet automne
Je me souviens du premier matin où
Les mots des journalistes des commentateurs
La première journée du procès
ma stupéfaction
Mon horreur mon désarroi
Le corps plié de douleur
La plainte de l’animal blessé qui déchira notre espace
Mon fils aîné qui se précipite
« Que se passe-t-il qu’est-ce que tu as ? »
Le tumulte qui s’échappa de ma bouche
La boue dont on allait la salir
L’or dont je voulais la couvrir
#MeToo n’existait pas alors
Le bâillon nous étranglait nous violait nous tuait
En silence
Alors,
écrire ce crime c’était
véritablement
traverser les ténèbres
J’ai abandonné L’Apparition ses fillettes et Létroit
J’ai tout abandonné
Tout pousser tout repousser
N’être qu’avec elle
Le corps dur comme une pierre
Ma vie à présent
Écrire chaque matin pour elle
Tous les après-midi manifester
Dans la foule des femmes, uniquement des femmes, chaque jour des femmes
Un après-midi Elle, venue accompagnée de son avocate remercier ces femmes qui refusaient
Ce procès inique
Elle près de moi
Oh son regard
Aujourd’hui
Comme tous les jours
Je pense à vous