Nos Nuits Anciennes
21 heures, la nuit approche. Glissements d’ombres dans les couloirs, obscurité figée derrière les portes : la voilà, elle est là. Guidé par les deux aides-soignantes, le chariot de médicaments commence sa lente percée des ténèbres. Aides-soignantes, aides-vivantes, oiseaux de nuit porteurs de bons présages. Elles sont attendues. Dans le silence feutré des couloirs, devant les miroirs de l’ascenseur, elles échangent les dernières nouvelles des résidents, de leur famille, du monde. Derrière leurs mots, bruit diffus de télés invisibles, vies aux aguets. Elles sont à l’écoute. Entraide tacite, gestes tacites, automatismes et rituels. Partage des responsabilités, des décisions, des corps à manipuler. Elles sont complémentaires. Complices des nuits, ces heures obscures qui se cachent, se dérobent, jouent des tours et des détours, débordent de mystères et de fantômes. La nuit allonge les couloirs, pose des pièges, dissimule et bouleverse les décors f