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Affichage des articles du février, 2014

Nos Nuits Anciennes

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21 heures, la nuit approche. Glissements d’ombres dans les couloirs, obscurité figée derrière les portes : la voilà, elle est là.               Guidé par les deux aides-soignantes, le chariot de médicaments commence sa lente percée des ténèbres. Aides-soignantes, aides-vivantes, oiseaux de nuit porteurs de bons présages. Elles sont attendues. Dans le silence feutré des couloirs, devant les miroirs de l’ascenseur, elles échangent les dernières nouvelles des résidents, de leur famille, du monde. Derrière leurs mots, bruit diffus de télés invisibles, vies aux aguets. Elles sont à l’écoute. Entraide tacite, gestes tacites, automatismes et rituels. Partage   des responsabilités, des décisions, des corps à manipuler. Elles sont complémentaires. Complices des nuits, ces heures obscures qui se cachent, se dérobent, jouent des tours et des détours, débordent de mystères et de fantômes. La nuit allonge les couloirs, pose des pièges, dissimule et bouleverse les décors f

le mot

On franchit des portes à sa taille On prononce des mots à sa taille La parole interdite embusquée derrière la porte close  La parole refusée bâillonnée en dedans au dehors Interdit d’exporter supporter renverser les endommagés, interdit de prendre pendre accaparer Un mot qui ne donne pas au-dehors un mot entouré de murs bouclé par des portes surveillées n’est certes pas un mot

Concert

Salle de concert silence des murs écaillés gobelets de pisse alcoolisée l'odeur rampe sur le sol j'attends l'évènement la première note le premier cri. Ma mémoire écrase la gomme mentholée tisse des fils électriques, se rapprochent les bouches du micro les lumières baissent ne diront plus rien jusqu'à demain. Ils dansent à pleines mains les jupes se soulèvent les écrans capturent, commencer par la fin marcher sur les talons au point d'où je suis tout devient indiscret.

L'asile des photographies

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En 2010, Mathieu Pernot, photographe, et Philippe Artières, historien, sont invités à travailler sur les archives de l’Hôpital Psychiatrique Le Bon Sauveur, situé à Picauville (Manche). Découvrant des centaines d’images, des années 1930 à nos jours, le projet aboutit à une exposition et à une publication, moins l’histoire d’une institution que celle de la photographie vue depuis l’hôpital. Exposition à la Maison Rouge , jusqu'au 11 mai 2014

Jouir

Dieu me demande de jouir du bout des doigts entre l’écorce et le tronc les perversions limitées au nombre de mes ouvertures Corps à cornes bâtit le paysage au carrefour du labyrinthe les tombes apprennent à lire Un jardin dans les bras l’eau du langage se souvient par ma bouche

Queen

Sûr, si j’étais née homme je serais devenue femme, j’aurai mis du rouge du bleu du vert les paupières les lèvres les joues j’aurai porté des perruques changé toutes les semaines, longs platine bouclés rousse brune, et puis des talons des aiguilles des jupes courtes des résilles des bas du lamé tous ces trucs all the stuff j’aurai eu une ombre noire sur le visage des sourcils épilés de la drogue plein les veines des amants plein les heures des horloges sans cadran j’aurai été plus vite plus loin n’aurai pas plus trébuché à chaque pas, pas plus percuté l’immensité de la connerie humaine pas plus subi outrages violences humiliations mais marché en ondulant sur mes gambettes gainées déhanché dérouté mais bu jusqu’au fond le bras autour des premiers arrivés les joues creuses jusqu’à l’os le cœur creux jusqu’à l’aorte la belle mort sapée comme moi perplexe devant le genre et raflant finalement la royale mise