Articles

Affichage des articles du 2016

Le règne

Image
PLQ, Le règne, 2016

Bois flotté

La nuque de bois gris flotte Flotte la nuque flotte le bois flotte le gris Frotte Écorche le long de la durée Tout le long de la longue durée C’est ta punition. À l’encolure le cou subit la punition Ouvre la peau du mythe jusqu’au bois Sous son poids la nuque ploie Os en avant, vêture bombée au fléchissement Tu plies. Le corps du mythe se dresse sur sa nuque Réduit le théâtre à l’essentiel du dire A la charnière du sens C’est net. Débarrassé du trop du flou du multiple Tu t’inventes un double unique, yeux derrière la tête Ça pousse à toute extrémité Tu bourgeonnes bois fertile Ta punition t’engraisse t’enracine te transforme Un mythe à toi tout seul. Tu t’éternises – tu pèses – tu dures Patiemment rapproche les bords Enduis d’irisé ta fragilité au monde. Derrière tes paupières de cheveux l’approche s’improvise Flotte le monde flotte le corps flotte la nuque Frappe.

Le vacillement

Image
PLQ, Le vacillement, 2016

Le désir

Image
PLQ, Le désir, 2016

Q.H.S.

Elle est née en Enfance, le pays dangereux. On lui a donné le rôle, le rôle de l’enfant. Elle l’a appris par cœur, par cœur le rôle savant. Sans les lèvres sans la langue, dès les premiers commencements. Elle a joué le rôle, ce rôle de l’enfant, durant toute l’enfance. Elle a contrôlé, contrôlé le rôle, contrôlé l’enfant, contrôlé l’enfance. Il y avait l’Inspecteur, l’Inspecteur d’enfants. Il allait inspecter, inspecter l’Enfance.  Elle n’était pas sûreté, en sûreté en Enfance. Elle s’est enfermée, enfermée volontaire. Dans le Quartier de l’Enfance, dans son bout reculé. Reculer volontiers, vers la Haute Sécurité. Le Quartier bien bouclé, de la Haute Enfance. Une Haute Enfance, hautement surveillée. L'ombre dans le dos, l'ombre sur l’Enfance. Échapper sous les lignes, aux inspections forcées. Ne pas sortir de là, s’ensevelir sûrement. Et puis finalement, n'en plus jamais sortir. 

Le trouble

Image
PLQ, Le trouble, 2016

Michaux

Une fois ton départ l'oreiller est un Michaux où le rimmel m'adresse des signes Danse de tes cils, sismographie de tes rêves

La chasse

Image
PLQ, La chasse, 2016

Le bousier

Je le pousse devant moi le langage je le pousse de mon museau de mes griffes de mes moignons de cris de rires je le pousse, je fais le tour de la lettre le verbe haut l’échine basse tu parles à mon endroit au bon endroit Au marché noir j’échange du sucre contre des mots du lait contre  des mots du pain contre des mots Je les pousse devant moi mes mots de sucre mes mots de pain de lait je les pousse de ma bouche de ma langue de mes mains de mes seins le corps échangé changé tu parles à l’envers à moi de t’écrire droit

Frémissement

Il faut bien se venger il faut bien crier vengeance et haine il faut bien accuser il faut des victimes des bourreaux encore et encore des justes des injustes des justices expédiées des doigts pointés des poings brandis des femmes à genoux des crânes rasés encore rasés tondus des crânes d’enfants la peau à nu la fragile à nue la coupable déshabillée il faut des coupables toujours partout pour tout comment tenir sans accuser sans dénoncer il en faut des tonnes des camps des quantités il faut les montrer les violer les enfermer les terroriser il faut d’un côté le pouvoir d’un côté la loi d’un côté le fort d’un côté du même côté il faut choisir son côté son camp son clan il faut savoir que ça arrivera encore et encore il faut des édits des dits des lettres anonymes des rumeurs des portes ouvertes à coups de bottes des gonds arrachés des crânes tondus il faut sortir les femmes et les enfants de leur lit il faut arracher le nourrisson du sein il faut ouvrir le ventre plein et tuer le futu

CLEO LEE

Image

Le froid

J’écoute ta voix yeux fixes sur les branches agitées de froid J’écoute ta voix d’accent ta voix d’exil où s’écorchent quelques feuilles J’écoute ta voix tes mots fixes sur les branches agitées j’écoute les branches de ta voix les branches qui parlent ta voix ta voix accrochée à moi Je tance mes hanches agitées La voix de mes hanches J’écoute ta voix sur mes hanches agitées de toi

NYC

Image
PLQ, NYC, 2016

NYC

Image
PLQ, Brooklyn, 2016

La frontière

Grandir sur un tas de manque fumant Ne rien avoir compris ne rien comprendre encore longtemps A 4/5 ans devoir faire ses bagages et passer la frontière Abandonner la langue-maman, le début du langage, abandonner son père sa mère ses frères et sœurs abandonner renoncer dans l’abandon se dissoudre perdue longtemps encore longtemps Chercher refuge traverser des étendues des étendues des étendues Désertes hostiles incompréhensibles Devenir seule solitaire pour longtemps presque toujours Qui dira les conséquences épouvantables épouvantables du franchissement de la frontière ? Rester soi – celui, lequel, du départ de l’origine ?- et devenir autre – quel autre, quels autres ?

L’exilitude

J’ai dans le corps des fractions de vos âmes Fractions culbutées sur ma page Dangereuses pour elles-mêmes pour les autres pour moi-même pour nous-mêmes Mes nous-mêmes L’exilitude vous transporte ici-même, et l’insécuritude Entre mes côtes à mes côtés Une autre insécurité mais plus sûre tout de même plus sûre Car fuir les angles la famille la violence et trouver place dans ma page entre mes côtes Sûres tout de même plus sûres Dans ma bouche d’analphabète et surtout bête et presque bête Animaux nous camoufler la figure les organes et la voix Les mots procèdent à des évasions, aucune procédure, sans adjectif ni adverbe, sans filet nous filons je colle à vos masques

CLEO LEE

Image

Les possibles

Elles ne sont pas « possibles » les atrocités elles sont avérées impensables proférées perpétrées les inhumaines atrocités sur les humains-zéro les femmes-zéro les enfants-zéro les vieillards-zéro des villes assiégées le feu et le sang des corps bombardés incendiés pendant nos noëls aucun hurlement ne déchire la surface noire des écrans de deuils clouant nos yeux muets Vaquer au génocide Les bras chargés de cadeaux Mains serrées sur la gorge des nouveau-nés 

Célébration

Image
plq + le plancher, décembre 2016 À tes côtés ma première cigarette De toi à moi quel échange Nous fêtons notre rencontre Dix années à te dire à t’écrire à t’écouter Puisque tu me parles avec tes mots humains Tous les deux sur le terrain de l’ordre de l’univers Où tous les bruits sont compagnie Je marche de ton long en large Maudis la vitre les barrières l'humiliation Ils n’en n’auront jamais fini Te clouer comme bête sur les portes Comme un néfaste toi mon fastueux Ton corps tripes offertes Leur indécence leurs ténèbres Ils te privent, toujours ils te privent Tu portes haut ton malheur Tes ailes déployées Je m’abrite dans ta lumière Tu sécrètes tes secrets Mes mains en feu les recueillent Nous resterons éternellement suspects Dans notre monde de ruissellements Comme nous les ignorons bien Ceux qui parlent les mots détachés les uns des autres Je frotte mon regard sur ton plancher Tes lettres disent toujours Dan

Captives

Image
                                                             Être, et ne pas être, telle est la réponse. PLQ, Captives, 2016

La dissociation

Et elle prend parole comme on prend racine Et elle perd parole comme on perd pied Entre dans la vie portant un nom Ressort de la page un autre nom À l’arrivée et au départ la stridente dissociation Et elle a perdu pied au milieu des paroles Et elle a pris racine au milieu des absences

menteur

Image

Jeux d'enfants

Jamais été capable des jeux d’enfants cochons pendus et autres acrobaties Toujours su qu’alors son corps se briserait net douloureusement oui atroce douleur du corps d’enfant pendu brisé Rien qu’à les regarder leur rire en haut en bas obligation de se détourner main crispée à l’estomac pris dans un poing de panique sûr toutes ces jambes ces cous ces rires bientôt se briseront net

et un soleil

Image
Ce matin il y a des oiseaux des oiseaux des oiseaux des oiseaux et un soleil. Je fenêtre une lumière le sol monte. plq, Et un soleil, 2016

Polissez

Image
plq, je suis pierre, 2016

Les murs

Image
PLQ, Les murs, 2016

Le chiffon

Image
plq, le chiffon, 2016 Au retour pleine de lui huit cieux au compteur L’insomnie martèle les paupières Les nuits courtes de souvenirs Elle mâche un chiffon Morceau par morceau il enfonce sa bouche Monceau par monceau il la décompose Des crachats de rouge à lèvres des nuits courtes des arcs de corps des nuits courtes des langues en nœuds des nuits courtes des épaules haussées des nuits courtes des mots gluants des nuits courtes des jupes relevées des nuits courtes des renflements obscènes de nuits courtes à genoux des nuits courtes à l’envers de nuits courtes surélevées des nuits courtes affamées de nuits courtes abrégées des nuits courtes 

Le Plancher

Image
Journée d’automne de La Société Française de Psychopathologie de l'Expression et d'Art-thérapie, Ben Herbert-Larue donne ses voix à Jeannot et au Plancher .

TROUS

Image
On dit que les mots trottent dans la tête on oublie que les mots traîtres dans la tête on veut que les mots tracent hors la tête on sait que les mots trouent dans la tête on crie que les mots trichent avec la tête on prie que les mots trouvent toute la tête on cherche que les mots tremblent sans la tête que les mots tranchent traversent transpercent transpirent des mots pire que pire peur que peur Antonin Artaud, Marteau utilisé à Ivry pour essayer ses textes ou marteler sa diction, 1947

CLEO LEE

Image
Cleo Lee avec Tino Sehgal

Le procès

Une nuit mes mots furent tous égorgés De ma main, fus-je accusée Des poursuites furent engagées elles durèrent longtemps Au cours de l’affaire on découvrit pas mal de vilaines choses Finalement Je fus acquittée

L'Etranger

Image
JOURNÉES D’AUTOMNE 2, 3, 4 DÉCEMBRE 2016 – L’ÉTRANGER Samedi 4 décembre à 15 heures 30, Ben Herbert-Larue sera Jean, le plancher, l'étranger. " Jeannot sera toujours le mutilé, suspendu au crochet de sa famille écorchée, accroché sur les murs épais de la ferme, blessé aux épines de silence cloués aux portes des granges pour éloigner le mal qui était le bien, mais qui le dit ? Jeannot blessé par la guerre intérieure, la guerre intime, vaincu dans l’enfance, première défaite, puis celle d’Algérie, secoué par les évènements dans le djebel, ce qu’il a vu, ce qu’il a fait, les cadavres à enterrer, les femmes, les femmes, Jeannot ne peut plus dire, il ne racontera rien, de son enfance il ne dira rien, de son adolescence pas un mot, de la mère haïssante et haïssable, de l’inceste, de l’enfant Mortné qui lui a donné sa place, de l’EnfantX de Paule, du père pendu, des pendus aux arbres, des fous les yeux plein de sable, des pleurs dans le désert glacé, des i

CLEO LEE

Image

Dépendance

ça dépend je dépends, des mots des lieux des jours de dépendance à l’enfance l’en-face les cortèges sortilèges sacrilèges ça dépend des sacrifices des sacrifiées des pendues rependues, ça dépend des langues, perdues pendantes bandantes, dépendantes ça dépend du temps du lent du loin du lendemain je dépends de ta main ta becquée ta caresse mes faiblesses je dépends me reprends ça dépend des pourquoi du comment du toujours dépend des jours de liesse d’ivresse détresses ils dépendent it depends du contenu du contenant survivant survécu je dépends me dépense décompense ça détend ça dépend

Le bord

Image
Si j’en parle si souvent, de ce bord, c’est que là seulement on peut voir le monde. plq, le bord, 2016

L'incision

Image
Elle est réduite au silence à rien à moins que l’ombre à l’absence Réduite en miettes en cendres en poussières Réduite à la faille à la fente au final la fiction Réduite rétrécie révoquée repliée  Elle est réduite à l’organe à l’incision la soustraction Réduite en poudre en virgule en suspension plq, L'incision, 2016

Ombre

Image
plq, ombre, 2016 Elle rechigne à être poussée vers la brutalité des limites l’exiguïté l’exigence Elle regarde son ombre elle est enfermée dans son ombre elle est dans cette boite ce cercueil noir

L'excédent

Image
[...]  À Rome j’ai perdu tous mes mots envolés en carillons à tous vents vivement le prochain voyage vivement le prochain langage tu crois qu’il existe ? moi je ne sais pas j’ai des doutes, des doutes à Rome à Paris mais peut-être pas à Tokyo, Tokyo la Certitude c’est peut-être là si je pouvais y rester, rester quelque part tu sais ce serait bien le voyage où la question du retour ne se pose pas  [...] L’excédent, Littérature mineure , 2016

Délicat

Délicatement du bout des sons la langue soulève les lettres écarte les lèvres s'enfonce entre les pages délivre sa substance

Féros #2

Image
 in Féros #2 ERIC POUGEAU + PERRINE LE QUERREC Edité par  Clément Gagliano,  Féros  est un cahier  érotique . Tantôt sensuel, tantôt sexuel,  Féros   appelle les sens à l'éveil.   Féros  prend le parti de n'inclure que des projets visuels, artistiques et symboliques. Polyphonique et composite,  Féros  est un concentré annuel et thématique. Dans chaque numéro, œuvres d'art et de littérature se croisent, s'harmonisent et dialoguent librement. Beauté sauvage et recherchée :  Féros . Aux Presses du réel.