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Affichage des articles du décembre, 2016

Le règne

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PLQ, Le règne, 2016

Bois flotté

La nuque de bois gris flotte Flotte la nuque flotte le bois flotte le gris Frotte Écorche le long de la durée Tout le long de la longue durée C’est ta punition. À l’encolure le cou subit la punition Ouvre la peau du mythe jusqu’au bois Sous son poids la nuque ploie Os en avant, vêture bombée au fléchissement Tu plies. Le corps du mythe se dresse sur sa nuque Réduit le théâtre à l’essentiel du dire A la charnière du sens C’est net. Débarrassé du trop du flou du multiple Tu t’inventes un double unique, yeux derrière la tête Ça pousse à toute extrémité Tu bourgeonnes bois fertile Ta punition t’engraisse t’enracine te transforme Un mythe à toi tout seul. Tu t’éternises – tu pèses – tu dures Patiemment rapproche les bords Enduis d’irisé ta fragilité au monde. Derrière tes paupières de cheveux l’approche s’improvise Flotte le monde flotte le corps flotte la nuque Frappe.

Le vacillement

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PLQ, Le vacillement, 2016

Le désir

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PLQ, Le désir, 2016

Q.H.S.

Elle est née en Enfance, le pays dangereux. On lui a donné le rôle, le rôle de l’enfant. Elle l’a appris par cœur, par cœur le rôle savant. Sans les lèvres sans la langue, dès les premiers commencements. Elle a joué le rôle, ce rôle de l’enfant, durant toute l’enfance. Elle a contrôlé, contrôlé le rôle, contrôlé l’enfant, contrôlé l’enfance. Il y avait l’Inspecteur, l’Inspecteur d’enfants. Il allait inspecter, inspecter l’Enfance.  Elle n’était pas sûreté, en sûreté en Enfance. Elle s’est enfermée, enfermée volontaire. Dans le Quartier de l’Enfance, dans son bout reculé. Reculer volontiers, vers la Haute Sécurité. Le Quartier bien bouclé, de la Haute Enfance. Une Haute Enfance, hautement surveillée. L'ombre dans le dos, l'ombre sur l’Enfance. Échapper sous les lignes, aux inspections forcées. Ne pas sortir de là, s’ensevelir sûrement. Et puis finalement, n'en plus jamais sortir. 

Le trouble

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PLQ, Le trouble, 2016

Michaux

Une fois ton départ l'oreiller est un Michaux où le rimmel m'adresse des signes Danse de tes cils, sismographie de tes rêves

La chasse

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PLQ, La chasse, 2016

Le bousier

Je le pousse devant moi le langage je le pousse de mon museau de mes griffes de mes moignons de cris de rires je le pousse, je fais le tour de la lettre le verbe haut l’échine basse tu parles à mon endroit au bon endroit Au marché noir j’échange du sucre contre des mots du lait contre  des mots du pain contre des mots Je les pousse devant moi mes mots de sucre mes mots de pain de lait je les pousse de ma bouche de ma langue de mes mains de mes seins le corps échangé changé tu parles à l’envers à moi de t’écrire droit

Frémissement

Il faut bien se venger il faut bien crier vengeance et haine il faut bien accuser il faut des victimes des bourreaux encore et encore des justes des injustes des justices expédiées des doigts pointés des poings brandis des femmes à genoux des crânes rasés encore rasés tondus des crânes d’enfants la peau à nu la fragile à nue la coupable déshabillée il faut des coupables toujours partout pour tout comment tenir sans accuser sans dénoncer il en faut des tonnes des camps des quantités il faut les montrer les violer les enfermer les terroriser il faut d’un côté le pouvoir d’un côté la loi d’un côté le fort d’un côté du même côté il faut choisir son côté son camp son clan il faut savoir que ça arrivera encore et encore il faut des édits des dits des lettres anonymes des rumeurs des portes ouvertes à coups de bottes des gonds arrachés des crânes tondus il faut sortir les femmes et les enfants de leur lit il faut arracher le nourrisson du sein il faut ouvrir le ventre plein et tuer le futu

CLEO LEE

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Le froid

J’écoute ta voix yeux fixes sur les branches agitées de froid J’écoute ta voix d’accent ta voix d’exil où s’écorchent quelques feuilles J’écoute ta voix tes mots fixes sur les branches agitées j’écoute les branches de ta voix les branches qui parlent ta voix ta voix accrochée à moi Je tance mes hanches agitées La voix de mes hanches J’écoute ta voix sur mes hanches agitées de toi

NYC

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PLQ, NYC, 2016

NYC

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PLQ, Brooklyn, 2016

La frontière

Grandir sur un tas de manque fumant Ne rien avoir compris ne rien comprendre encore longtemps A 4/5 ans devoir faire ses bagages et passer la frontière Abandonner la langue-maman, le début du langage, abandonner son père sa mère ses frères et sœurs abandonner renoncer dans l’abandon se dissoudre perdue longtemps encore longtemps Chercher refuge traverser des étendues des étendues des étendues Désertes hostiles incompréhensibles Devenir seule solitaire pour longtemps presque toujours Qui dira les conséquences épouvantables épouvantables du franchissement de la frontière ? Rester soi – celui, lequel, du départ de l’origine ?- et devenir autre – quel autre, quels autres ?

L’exilitude

J’ai dans le corps des fractions de vos âmes Fractions culbutées sur ma page Dangereuses pour elles-mêmes pour les autres pour moi-même pour nous-mêmes Mes nous-mêmes L’exilitude vous transporte ici-même, et l’insécuritude Entre mes côtes à mes côtés Une autre insécurité mais plus sûre tout de même plus sûre Car fuir les angles la famille la violence et trouver place dans ma page entre mes côtes Sûres tout de même plus sûres Dans ma bouche d’analphabète et surtout bête et presque bête Animaux nous camoufler la figure les organes et la voix Les mots procèdent à des évasions, aucune procédure, sans adjectif ni adverbe, sans filet nous filons je colle à vos masques

CLEO LEE

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Les possibles

Elles ne sont pas « possibles » les atrocités elles sont avérées impensables proférées perpétrées les inhumaines atrocités sur les humains-zéro les femmes-zéro les enfants-zéro les vieillards-zéro des villes assiégées le feu et le sang des corps bombardés incendiés pendant nos noëls aucun hurlement ne déchire la surface noire des écrans de deuils clouant nos yeux muets Vaquer au génocide Les bras chargés de cadeaux Mains serrées sur la gorge des nouveau-nés 

Célébration

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plq + le plancher, décembre 2016 À tes côtés ma première cigarette De toi à moi quel échange Nous fêtons notre rencontre Dix années à te dire à t’écrire à t’écouter Puisque tu me parles avec tes mots humains Tous les deux sur le terrain de l’ordre de l’univers Où tous les bruits sont compagnie Je marche de ton long en large Maudis la vitre les barrières l'humiliation Ils n’en n’auront jamais fini Te clouer comme bête sur les portes Comme un néfaste toi mon fastueux Ton corps tripes offertes Leur indécence leurs ténèbres Ils te privent, toujours ils te privent Tu portes haut ton malheur Tes ailes déployées Je m’abrite dans ta lumière Tu sécrètes tes secrets Mes mains en feu les recueillent Nous resterons éternellement suspects Dans notre monde de ruissellements Comme nous les ignorons bien Ceux qui parlent les mots détachés les uns des autres Je frotte mon regard sur ton plancher Tes lettres disent toujours Dan

Captives

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                                                             Être, et ne pas être, telle est la réponse. PLQ, Captives, 2016

La dissociation

Et elle prend parole comme on prend racine Et elle perd parole comme on perd pied Entre dans la vie portant un nom Ressort de la page un autre nom À l’arrivée et au départ la stridente dissociation Et elle a perdu pied au milieu des paroles Et elle a pris racine au milieu des absences

menteur

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Jeux d'enfants

Jamais été capable des jeux d’enfants cochons pendus et autres acrobaties Toujours su qu’alors son corps se briserait net douloureusement oui atroce douleur du corps d’enfant pendu brisé Rien qu’à les regarder leur rire en haut en bas obligation de se détourner main crispée à l’estomac pris dans un poing de panique sûr toutes ces jambes ces cous ces rires bientôt se briseront net

et un soleil

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Ce matin il y a des oiseaux des oiseaux des oiseaux des oiseaux et un soleil. Je fenêtre une lumière le sol monte. plq, Et un soleil, 2016

Polissez

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plq, je suis pierre, 2016

Les murs

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PLQ, Les murs, 2016

Le chiffon

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plq, le chiffon, 2016 Au retour pleine de lui huit cieux au compteur L’insomnie martèle les paupières Les nuits courtes de souvenirs Elle mâche un chiffon Morceau par morceau il enfonce sa bouche Monceau par monceau il la décompose Des crachats de rouge à lèvres des nuits courtes des arcs de corps des nuits courtes des langues en nœuds des nuits courtes des épaules haussées des nuits courtes des mots gluants des nuits courtes des jupes relevées des nuits courtes des renflements obscènes de nuits courtes à genoux des nuits courtes à l’envers de nuits courtes surélevées des nuits courtes affamées de nuits courtes abrégées des nuits courtes 

Le Plancher

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Journée d’automne de La Société Française de Psychopathologie de l'Expression et d'Art-thérapie, Ben Herbert-Larue donne ses voix à Jeannot et au Plancher .

TROUS

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On dit que les mots trottent dans la tête on oublie que les mots traîtres dans la tête on veut que les mots tracent hors la tête on sait que les mots trouent dans la tête on crie que les mots trichent avec la tête on prie que les mots trouvent toute la tête on cherche que les mots tremblent sans la tête que les mots tranchent traversent transpercent transpirent des mots pire que pire peur que peur Antonin Artaud, Marteau utilisé à Ivry pour essayer ses textes ou marteler sa diction, 1947

CLEO LEE

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Cleo Lee avec Tino Sehgal