L'ENTRESORT

plq, FWWF, 2016 J’ai sauvé la vie d’un papillon aujourd’hui. C'est dire comme mon temps est bien rempli.

le silence par devant et par derrière la torture par devant et par derrière la peur par devant et par derrière l’asphyxie par devant et par derrière l’autre par devant et par derrière la semence par devant et par derrière le sexe par devant et par derrière l’absolu par devant et par derrière la conscience par devant et par derrière la nuit par devant et par derrière

Je voudrais bien mettre l'enveloppe dans ma poche je voudrais bien la ranger je voudrais la cacher l'enveloppe la disparaître au fond de la poche le poing dessus l'enveloppe elle est trop grande trop grosse malhabile ne rentre nulle part l'enveloppe ta lettre tes mots lourds plein de lettres dans l'enveloppe impossible à pousser dans ma poche elle sort ses angles sa tête sa foutue langue elle grasse elle obèse obscène ta langue qui dedans en silence déchire menteuse menteries et morts, les pendules à l'heure tu dis dans chaque lettre quand je les ouvrais une lettre de ma mère je pensais alors une lettre d'amour maintenant la pousser toutes les enfoncer au fond de ma poche tes pendules tic tac tenaces menaces et ma main pousse ma main dans la gueule de ma poche de mon manteau de ma troisième peau d'enveloppe dans l'enveloppe tes mots jusqu'au sang ont bouffé ma peau d'enfant plus d'enveloppe que celle dans ma poche qui refuse tes grands

PLQ, Orange, Berlin16

Servitude volontaire Vaillante Branlante Braillante Servitude numérique Du J’aime La meute des êtres lents Servitude du troupeau Le scandale du troupeau Visage horde Masse d’ennui Prompte à la torture Virant d’un seul mouvement Comme un seul homme La voix de son maître Vers l’indignation (4 millions d’exemplaires) L’abjection (12,5 millions d’exemplaires) Le troupeau Exemplaire 

PLQ, Discours, Berlin16

PLQ, L'isola, 2016 Tu travailles loin pour la première fois ailleurs hors même de ta langue et l’imagination lancée tu vois des fresques des moulures de la patine de l’ancien du bois du presque pesant intimidant des fantômes des siècles. Les Archives de Rome, la bibliothèque nationale de Rome et Rome travailler à Rome immobile dans son jus antique les bibliothèques ne pourraient pas y avoir échappé. Cependant De plain-pied moderne stratifiés néons verre plastique espace et vides dernière distribution des documents 14h30 guichet élevé sur la pointe des pieds j’argumente mon lointain j’aurai le droit à plus que le deux par deux obligés. Manque de moyens cruel manque de tout Rome trop riche d’histoires d’antiquités Rome culture ruinée et l’Italie entière coulée. Sur les murs près des stores cassés des fragments de mosaïques. On m’explique la bibliothèque est construite là sous vos pieds ne bougez pas - où étaient logés la légion romaine ses centurions. Je marche sur l’armée

Construire détruire ruines élévation désolation reconstruire bâtir toute sa vie les vies l’écriture les histoires les folies construire détruire des ruines des beautés construction le sexe l’amour les heures les morts déconstruire reconstruire des plans des effondrements des événements construire pierre à pierre l’un sur l’autre mot à mot détruire renoncer recommencer admirer détester des morceaux des entiers les lignes des avancées effondrer creuser enterrer voix instruments désirs cacher dedans au travers le bruit du vent créer les faces à faces tête à tête simple mouvement n’être construction destruction épidémie pandémie recommencer au tout début l’imminence la révérence arquée bombée en route vers quelque part construire reconstruire suis-je la seule à genoux ?

PLQ, Medici, 2016 ............................Mesure de miel........................................................ ........................................................mesure de ciel.......................................... Mesure de suie ..............mesure de sève................................................................................................... ....................................................................mesure de sang ............................morsure de miel.......................................................................................... ........Morsure de ciel................................................................... .......................................................................................................morsure de suie......................... .......................................................................................................................................................

Il est beau mon corps lorsqu’il se tourne vers toi Il est doux mon visage lorsqu’il te regarde Elle est calme ma violence lorsqu’elle s’attarde contre toi Violence des sensations des sentiments Loin de toi Violence de la création La poésie Quand elle entre en toi Comment Ils s’installent Corps et langue Jour après jour Remplissent tes pièces organiques aussi autour du squelette dans les liquides Et ta tête Pleine Ils les Rois Règnent

plq, plus loin, 2016 Je suis allée plus loin.je suis partie.je suis un poème.je suis poésie.je suis mot.je suis l’autre bout du monde.je suis le vers de terre.je suis pendue à l’hameçon de la langue.je suis allée me promener.je n’ai rencontré personne.je suis repartie.accrochée à l’hameçon.ma gorge coupée.les murs du précipice sont droits.les lettres sont grandes.je meurs de faim.du feu dans la tête.je suis un tremblement de terre.on m’a lâchée au-dehors.je suis un animal.je suis bête je suis bête.je suis une femme.je suis assise à une table vide.j’ai sauté et je suis tombée.je suis le désir.qu’on me donne à écrire.

Cleo Lee avec Erwin Wurm

PLQ, N+S, Berlin 2016 Nos trois ombres réunies Nos trois Nous trois au complet Complet Nouvelle ville devant nous Nous trois Nouvelle vie pour toi Première fois ta vie propre Tes mots denses les curieux Tu nous guides c’est ton tour La fierté de nos pas Derrière toi Puis un pas en arrière Je vous vois vous admire Tant de fois ce point de vue Vous devant, devant moi Partout sur le monde Toutes ces villes ces pays Arpentés à nous trois Vos dos devant moi Vos visages à l’aventure Je vous vois je vous bois Les photos de vous deux Vous deux mes mondes Le monde vous voit Grandir Toi et toi, j’appuie Vous voilà A grands pas Sur les routes le goudron Latérite marbre ordures sable pavés Vous voilà entourés Gratte-ciels cases ruines églises temples vide or poussière Vous voilà Des sommets des bas-fonds En avant Chez les riches chez les pauvres chez les autres Chez vous

Rome, juillet 2016

Huit minutes d'entretien avec Mélanie Leblanc. Ce sont les Voix de poètes PLQ, Medici, 2016 Si j'entends des voix, c'est parce que je les écoute.

PLQ, Berlin2016

J’ai repris le silence en bouche et puis en mains. Monsilence je l’ai retrouvé m’y suis enfoui. J’y retourne tourne dans ses spirales m’installe en boule dans monsilence mon extra mon absolu. Dans sa masse je m’enfonce il m’enfonce en ses creux ouvre le pli le grand pli du silence où s’évanouit le reste les grands bruits les grandes peurs les souillures. Immaculé monsilence l’est. Intransigeant monsilence l’est. Inatteignable monsilence l’est. Insubmersible aussi. D’autres s’y noieraient y laisseraient leur peau leurs mots pas moi. Pas moi lui et moi alliés comme bavards en langage de silence scellé comme un mystère. Je peux en bandant toutes les forces de mon renoncement moduler à mon gré les vibrations de mes nerfs sur la fréquence de monsilence. Je maîtrise monsilence. Monsilence semble parler il peut aussi s’arrêter de parler. Chaque fois que je vais me pencher les papotages insanes se pressent pour grimper sur ma nuque mais monsilence veille et les chasse. Il me colporte jusqu’

PLQ, Berlin2016

Toute la journée j'ai plié et déplié des plans, des plans bleus, d'autres sépias, blancs, à l'encre, à la plume, des papiers très épais, des calques, des papiers cirés, des plans délicats partent en lambeaux, d'autres si rigides que je dois forcer pour les ouvrir, Toute la journée j’ai plié déplié replié. Plié déplié. Déplié replié. Plié ployé planché. Déployé replié. Toute la journée tous mes plans.  pliés dépliés pliplipliés dépliplis pliés dédépliés redéplipliés déplirepliés  Tous mes plans dépliés j’ai continué le mouvement j’ai plié déplié le vide. Déplié replié. Plié ployé planché. Déployer replier respirer. L’espace le vent le devant. Avant-bras mobiles et poignets agiles. Répétition parfaite. Je plie je déplie je construis déconstruis reconstruis.  N’en parlez nulle part, n’en parlez pas

J’accroche une chandelle à mon cou. Sûr que l’ampoule ne tiendra pas longtemps. Sûr que personne ne se souciera de savoir si j’ai de la lumière, si même je suis vivant. Pas de Fiat lux pour ma souillure pas de luxe pas de lumière pas d'inquiétudes. Chandelle passée sur un gros fil brun sale cogne contre mon plexus maigre, cogne j’avance dans la ruine, cogne passe les étapes, cogne les pièces, cogne les seuils, dès la nuit je gratte une allumette, enflamme la bougie, parfois la pose pour regarder le carrousel d’ombres, parfois la laisse lécher le plexus, prête à s’enflammer, torche vivante, jeu dangereux. Suce mon plexus. suce la souillure. suce-toi entier. ombre-toi crame-toi torche-toi enflamme-toi Dès la nuit je suis le bûcher mon bourreau.

PLQ, Berlin2016

Ne t’inquiète pas si je te regarde c’est parce que je t’écris J’écris ta bouche tes pommettes tes yeux la rumeur de tes cheveux J’écris la main qui suit tes contours nos corps aimantés aux sourires renversés J’écris ton sexe courbé nos deux emboités notre unicité l’étoffe du binôme J’écris chaque réponse de l’interrogatoire muet des danses de la nuit Je t’écris tout entier pour exiler les blancs de l’histoire jusqu’à ton départ et puis tes arrivées