Roma
PLQ, L'isola, 2016 |
Tu
travailles loin pour la première fois ailleurs hors même de ta langue et
l’imagination lancée tu vois des fresques des moulures de la patine de l’ancien
du bois du presque pesant intimidant des fantômes des siècles. Les Archives de
Rome, la bibliothèque nationale de Rome et Rome travailler à Rome immobile dans
son jus antique les bibliothèques ne pourraient pas y avoir échappé.
Cependant
De
plain-pied moderne stratifiés néons verre plastique espace et vides dernière
distribution des documents 14h30 guichet élevé sur la pointe des pieds
j’argumente mon lointain j’aurai le droit à plus que le deux par deux obligés.
Manque de moyens cruel manque de tout Rome trop riche d’histoires d’antiquités
Rome culture ruinée et l’Italie entière coulée. Sur les murs près des stores
cassés des fragments de mosaïques. On m’explique la bibliothèque est construite
là sous vos pieds ne bougez pas - où étaient logés la légion romaine ses
centurions. Je marche sur l’armée.
Ainsi
partout à chaque pas dans Rome marcher sur l’Histoire entre les touristes
cramoisis avancer sur les ruines coude-à-coude, tout faire pour éviter le lent
troupeau jetant ses déchets dans la rue jamais je ne pourrais m’habituer aux
troupeaux. Piétinements pitié. J’enrage me presse vers mon île, traverser
l’espace sonore des cigales, mon seul bruit.
Enfermée
dans mes bibliothèques il suffit de deux jours pour déjà ne plus être une
inconnue contracter des habitudes sa table presque réservée le sourire des chercheurs l’échange de mots puis conversations véritables sur ce sujet italien
qu’ils ignoraient ma quête mon enquête. L’étude relie et le silence et l’amour
de l’archive et la décence. À voix basse on échange on compare on propose on connive on
reconnait : la recherche universalise les particularités.
Je ne suis
déjà plus tout à fait une inconnue, le catalogue non plus. Maîtrise progressive,
consulter mieux aujourd’hui qu’hier, moins bien que demain.
Les avancées
méticuleuses heureuses discrètes.
Les
catalogues les entrailles du très grand corps ses organes muscles nerfs du
savoir où tirer où appuyer où caresser pour déclencher la bonne réponse.
Archives sur
le plateau blanc de ma table, je ferme les yeux respire ce parfum. Avant
d’ouvrir dernier regard vers l’horizon. Changement de voile : ici nuées de jeunes religieuses à l'étude quotidienne. Femmes cachées pour l’amour d’un
dieu. Nymphomane exclusive. Dans cet uniforme sous ce voile, des peaux de
vierges.
Je plonge.
Mes
histoires d’amour avec les bibliothèques. Avec les livres. Avec l’archive.
Ils sont là
sous mes caresses mes yeux amoureux les siècles le bois la patine les fresques
l’Histoire le passé la splendeur. Voici l’autre langue les glorieux les
modestes les signatures. Voilà le véridique l’original l’authentique le
patrimoine. Surgissent l’émotion l’admiration le désir la compréhension.
Sur la table
stratifiée entre mes mains le trésor des siècles.