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Affichage des articles du juin, 2016

Sélection et présélection

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La Patagonie (publié par Les Carnets du dessert de lune ) fait partie des huit finalistes pour le Prix du premier recueil de poésie de la Fondation Antoine et Marie-Hélène Labbé L'Apparition (publié par les éditions Lunatique ) est présélectionné pour le prix Hors-Concours

Entre leurs mains, la terre...

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Devait sortir un livre, un livre magnifique, bruissant de créateurs, bruyant de créatures : Entre leurs mains ... la terre Nous étions beaucoup à avoir répondu "oui" pour écrire sur ces œuvres. Des autorités malveillantes ont sabordé ce livre de mémoire. J'en reproduis ici le texte d'introduction : Au FAM « Le Lauragais » à Mons ADAPEI / AGAPEI 31 , un lieu de mémoire créé en 1995, à l’initiative de Jacqueline Savy, expose et conserve des œuvres confiées par leurs auteurs pour y figurer. Ils offrent ainsi au partage des regards certains de leurs travaux réalisés à « L’Atelier Terre ». Un partage qu’ils vous proposent maintenant au travers de ce livre.  ***       La terre proposée au modelage dans l’Atelier Terre est un matériau très particulier qui mobilise immédiatement toute la gamme de la sensorialité tactile. A son contact, les mains retrouvent des sensations oubliées, des souvenirs parfois, et la terre s’anime, répond, comme « vivante ».

La charnière

Dans cette guerre d’appartement où tu es la victime. Sous les décombres sous les mortiers sous les morts sous les niés sous les feux toujours dans l’obscurité. Étranglée à la charnière des adultevocifères tu charges ton arme le silence. Ton entrée dans le silence. Ce silence tu es née avec accrochée à ta brassière tu es née dans le silence immédiatement conquis pour survivre, il y en avait plusieurs c’est pourquoi tu les distingues si bien c’est ton premier apprentissage premières manœuvres. Le silence de protection, le silence du secret le silence de sidération le silence honteux le silence protecteur. Ton silence d’effondrement aux débuts de ta vie. A cette charnière tu as peu de place faudrait pas s’y perdre faudrait pas. Passer encore la nuit et quitter la charnière l’appartement et les nuits.

MON TERRAIN

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plq, mon terrain, 2016

automatique

C’est automatique ta tête elle ploie disparaît sous le poids des compliments comme sous celui des injures C’est automatique ton corps il se déploie apparaît sous le poids des caresses comme sous celui des coups C’est automatique ton cerveau il plie démultiplie sous le poids des idées comme sous celui des absences

Paula Modersohn-Becker

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L’infiniment photographique de Paula Modersohn-Becker Les yeux un peu crevés à la Rustin Les corps un peu raidis à la Balthus Les masses un peu bloquées à la Vuillard Les blancs un peu épais à la Fautrier Les poids d’enfants à la Rousseau L’enfance grave Les yeux fixes Les lourds sabots Les tons modestes Les contre-jours L’émotion déchirante Les cadrages resserrés Les visages près du bord Les gestes découpés L’incroyable matière « En moi brule le désir de devenir grande dans la simplicité. » La détrempe aller vite donc possédée donc Paula en transe Trouver ma distance, un pas sur le côté, de face c’est trop, trop de beauté, trop d’émotions Frissons du monde absolument disparu - elle et moi présentations. Envie de pleurer par vagues énormes « Nues, debout et agenouillées devant des pavots. » 1906 Il y a de la matière rongée des membres rongés Il y a les interdits un à un contournés Il y a les libertés une à une augmentées Il y a Diane

π

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π  poursuit ses péripéties π, 2016 Pour suivre  π , c'est ICI

Toute petite

Ils écrivent « une jeune fille de quatre ans » est morte Souslescoupsde et Devantlesyeuxde Souslescoupsde et Devantlesyeuxde on les connait bien bien bien on les connait depuis des siècles ça fait toujours aussi mal de lire leur nom ça pète la tête le cœur ça déchire des hurlements et puis maintenant, peut-être que les médias les grands donneurs de nouvelles ils craignent que Souslescoupsde et Devantlesyeuxde ne suffisent plus alors ils balancent « une jeune fille de quatre ans » et là mes yeux tombent d’effroi et je me lève il faut que j’aille marcher fendre du bois creuser des trous faut que j’aille pleurer brûler tous les dictionnaires tous les savoirs parce que maintenant ils ont décidé que à quatre ans tu étais une jeune fille, une jeune fille de quatre ans, à quatre ans quand tu sais pas écrire et sur ton tee-shirt se balance ta collection de tétines et des doudous plein ton lit et des rires dans tous les sens et des mots inventés et une bouille à dorloter mais non en fait

CLEO LEE

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CLEO LEE

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La potiche

Tu sais ce que tout cela veut dire, tu as connu cela précisément, tout pour l’art et rien à côté rien n’existe rien n’est compréhensible supportable plus rien. Tout pour toi et précise comme je le suis comme je vous le dois à tous je ferme cadenasse portes fenêtres amitiés amours les dehors les besoins plus besoin plus rien que toi et moi en tête-à-tête amoureux tu le sais chaque mot comme chaque geste parfait au plus juste. J’aurai l’air d’une potiche partout où tu ne seras pas, tout comme toi tu avais l’air stupide attardé la taille au-dessous de la moyenne, ton intelligence au-dessous de la moyenne, tu es au-dessous de la moyenne moi près de toi. Tu marques la mesure tu marques ma mesure notre mesure tu marques le livre l’histoire dès le premier mot. 

La nourriture

Tout le monde te connaît. Les morts parlent, les vivants aussi, depuis que je prononce ton nom tous veulent me dire. J’hésite. Ils pervertissent mes visions, ils en savent trop pas assez à côté bancal ou précis ils disent sur toi tout ce qu’ils connaissent et supposent. Je refuse leur nourriture. Me penche vers l’archive et les photos de toi. Je voyage dans ton ventre dans ton antre dans tes autres dans tes os dans ton âme tes cauchemars tes ailleurs. Ton présent, mon passé le tien, mon présent. Chaque jour je me rapproche tu te rapproches tu m’apprends à danser je danse avec toi. Chaque jour. L’archive te construit te démolit rebâtit un peu plus loin un peu différemment, je vais d’années en années en désordre et en désordre tu apparais et en désordre je me gonfle de toi tu prends chair tu prends langue avec moi.

Le choix

Depuis ce 25 février 2015 tu habites avec moi. Un an et quatre mois de cohabitation silencieuse, je te tourne autour te renifle toi cheval moi chienne je te suis te cherche te trouve à des endroits inattendus tu me surprends à force tu m’as piégée et je ne veux plus sortir de ta souricière de tes crocs de ton saut de ta chute de toi. Je t’aime. Je te fais cette déclaration brute implacable mâchouillée depuis 16 mois pour aboutir à cette conclusion Je t’aime. Je t’aime tant que je vais vivre avec toi, te donner la place d’honneur, te présenter les autres de ma tête et de mon cœur, tu vas entrer là et recevoir l’amour que tu as tant réclamé. Ici nous avons tous réclamé. Espéré. Nous avons hurlé nous avons frappé tué crevé supplié nous l’amour on l’a cherché partout couru derrière nu mort de peur mort de faim. 

ARCHITECTURES

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PLQ, Tokyo16

ARCHITECTURE

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PLQ, Tokyo16

ARCHITECTURE

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PLQ, Tokyo16

ARCHITECTURE

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PLQ, Tokyo16

ARCHITECTURE

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PLQ, Tokyo16

Mémorial

Toutes les bouches débouchent dans la pourriture noire J’écris comme de la craie s’efface recouverte écrasée en poudre de mots des longues nuits noires de transe des corps chargés depuis l’enfance contrainte dans des tissus déchirés au cutter A mes ci-devant bourreaux je baise la bouche la langue rude danger latent du mensonge perpétuel Frémissement de ma forêt mots coupés comme des arbres s’abattent dans un silence mémorial

CLEO LEE

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Bâtir

Je ne suis pas des moindres. Il faut compter avec moi. Tout cela ne se bâtira pas sans moi. Lui qui me dit à peu de distance A moi l’enfant Tu as abimé les murs ? Non monsieur / Tu en es sûr ? / Oui monsieur Tu vas remonter les pierres ? Oui monsieur / Sans mon aide / Oui monsieur Elle se reconstruit dans ma tête la construction originelle. Elle s’ébroue, un trait pointe de la pelote noire et commence à dessiner à reformer à rebâtir. La maison où nous nous tenions moi trébuchant lui debout toujours debout avec son masque de froid sur le visage et ses yeux lents. Elle pousse sa masse dans ma tête jusqu’au manque de place et mon supplice commence. Je sacrifie la journée le calme le travail. Elle se dresse devant moi achève de m’enfermer. Définitivement installée dans ma chambre sur ma table je ne peux plus échapper, je scrute ce lieu ce moment cette enfance cet homme se nomment le Maître.

L'adolescence

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PLQ,La course,2016 La belle adolescence s’ébouriffe les cheveux Sans horaires sans servitude en pleine vie Le corps chargé de désir L’esprit debout tout impossible possible La belle adolescence court après la vie Tourne le dos aux déformations chocs humiliations Les déformés dont ils sont nés des corps des esprits pourris Du malheur par-dessus bord des débords débordements Enfants coupés tranchés des rebuts Cortège sans nom sous le regard de ceux Ceux qui ont fait Ceux qui ont laissé faire Des innocents forcés de circuler entre perversion et abandon Colère et vice La belle adolescence enfin déracinée Relevée réchauffée admirée Prête à essayer défier A la course ils gagnent à la vie ils gagnent à l’immense ils gagnent à l’avenir ils gagneront

Rêverie

J’ai le nez qui coule la couture du collant frisotte sur mes orteils les lanières de gros plastique blanchissent ma peau J’ai la jupe relevée dans un fossé de béton mes yeux fermés dis-toi que je dors Ça serait bien du sommeil 

Crépuscule

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PLQ, Crépuscule, Rome16

Le périple

Voyage dans le ventre de l’obscurité Nuitamment abandonner la direction Avec l’agilité de l’enfant terrible Remodeler plus de mille pages Retranchant ajoutant insérant Fragments extraits Bouts de je bouts de toi Former déformer des assemblées S’entrer se sortir à sa guise du périple fou Le parcours d’embûches de l’illisibilité

Haute Tension

Assise à côté de toi Sur ta ligne à haute tension Tes onze ans inquiets Ton cou démontable Tu te tournes te retournes La cherche du regard Ton regard puits d’espoir Assise entre vos deux regards Le tien écartelé Le sien mat de médicaments Il te cogne noir dur haineux Tu te cognes tendre doux amoureux Tu tombes y retournes je vois battre les ailes de ton cœur je te vois supplier espérer Elle t’assène un mot tu t’y précipites te débrouilles pour le rendre sucre Ce mot cinglant craché poignardé Un mot de ta mère Tu trembles ma fragilité La collision de vos regards Sur cette heure qu’elle partage avec toi Avant ton retour au foyer Tu tentes d’inventer un quotidien une relation un attachement commun Oh ton regard éperdu d’amour tes sourires d’entailles la danse solitaire de tes mains vers elle Attraper juste une seconde la serrer juste une minute

CLEO LEE

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Le vent

Il y a le vent là-haut qui te tient à peine sur un pied Le vent qui ne te tiendra plus longtemps Il y a ton vent là-haut des arcades à la pointe des cheveux Ton vent qui bourrasque déluge revient Il y a le vent là-haut qui troue ton pull noircit tes joues Le vent mal au cœur sur des dos invisibles Il y a le vent là-haut  qui décolle ta peau du sol qui te bat jusqu'au sang qui te pèle t'épelle Le bâtard du ciel et personne pour te rattraper.

Brume

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PLQ, Brume, Bruxelles16

Antique

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PLQ, Antique, Rome2016

Enjamber

On ne sait plus en les frôlant Enjamber S’ils sont morts ou vivants Ces corps frôlés Enjambés Repliés contre les murs Encrassés incrustés Les visages - le même Fardé du même événement La pauvreté l’exclusion Enjamber Sur la peau dans les paquets de vêtements Écrasés sur les trottoirs de Paris Aujourd’hui demain ailleurs Des masses à enjamber Eviter frôler Les yeux fermés comme les leurs Les narines pleines d’urine Et l’enfant Comment tu t’en sortiras de cette enfance sur le trottoir ? De la main tendue de ta mère vers des genoux pressés ? Des tissus qui t’emmaillotent sans te protéger ? Ni des nuits ni des pluies ? De cet exil aux mille visages aux mille déserts ?

CLEO LEE

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L’embrasement

Pouvoir raconter l’embrasement de la raison la désorchestration qui dit la stupeur qui dit l’hérétique qui dit l’impossible qui dit l’attisée qui dit la barricade

Boucle

Nouvelles du monde au-delà de vos mondes d’un seul mouvement enrouler la page et la lumière accrochée des deux mains, la transe maîtrisée parfait en(tre)lacement - pourquoi choisir ? Des gestes mis en boucle dans des mots mis en boucle dans ma bouche mise en bouche S’abandonner complètement à l’épure complexe Dans ma bouche mâcher la haute liberté d’expression Cul sur ma chaise -Appui rudimentaire- Tête chauffée par l’ampoule -Griffures stridentes- Tout cela avec une grande dignité On ne fuit pas dans les périples du silence ses multiples, ses fureurs sans habit de soirée.

Monter

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PLQ, Monter , Tokyo2016

Descendre

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PLQ, Descendre , Amsterdam2016

Monter

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PLQ, Monter , Rome2016