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Affichage des articles du janvier, 2018

POUR X RAISONS

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Pour x raisons, la violence tombe. Samedi 3 février à Louviers, première restitution du travail réalisé avec 9 femmes, 9 survivantes, 9 héroïnes

Marie Füri

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Marie Füri, Lettre (détail) Mais elle cependant, sait elle sait tait ce qu’elle écrit plié papier rose ligne tracée crayon en soubresauts vaguement vaguelettes épileptiques et crêtes taisent elles taisent tensions émotions Marie Füri a gagné son nom d’un bord à l’autre bout l’invasion petit bouillon de l’illisible secret de chair de poule sur la peau rose jusqu’au cerveau De loin ça grouille chuchotis et commérages je me déplace d’un pas le temps des visites au parloir de Marie Füri, terminées me revoilà face à l’écume de la phrase quand je cours avec un rasoir je sais c’est écrire comme Marie Füri pas mieux pas mieux Elle gigote dans son écriture la langue sortie peut-être mordue le geste vite ça va très vite Marie Füri beaucoup à dire gros sur le cœur du papier rose les traînées de poudre de Marie Füri fera tout exploser les mouches en premier Pattes de mouches le bourdon dans la gorge de Marie Füri la strangulation l’encéphalogramme en ridules sur le sable rose raz

Ça commence maintenant

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  La ritournelle est cette marelle tragique où le pied se tord, d’emblée sachant qu’il n’y a pas de pas gagné, qu’à parier sur le Ciel on perd, puisqu’il n’y a que des marelles de papier (fût-ce du papier bible) et que le saut de l’ange , ici Eugen lequel, de vivre comme une bête se fait, véritablement, innocent et pur, si à la toute fin il se fera, ne sera que la goutte d’encre qui s’étale ; s’éclabousse. Infinie peut-être mais sans autre espoir que la chute infinie.   La ritournelle passe au tamis les choses et pensées et sentiments de ce monde fini, et découvre, peu étonnée, que les cailloux se ressemblent comme deux gouttes d’eau : que joie et peine, et amour et haine, et passé et futur, et tout le reste, s’il reste quelque chose, sont cailloux tombés de la même poche. Qu’importe alors de trouver, ou retrouver un chemin que tout le récit s’obstine à dire caduc  ? D’abord en renonçant lui-même (je parle du récit) à tenir son rôle attendu : ainsi le récit de si bien refuse

Le prénom a été modifié

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LE 26 JANVIER 2018 À LA FACTORIE 19h –  sortie de Fabrique du  Collectif Balle Perdue  autour de  Gora!,  une série d’épisodes parlant de paysages, de luttes armées, de banques cramées et d’une langue qui ne veut pas mourir. 20h30   –  Le Prénom a été modifié , une grande première pour ce texte choc de Perrine le Querrec parlant d’une adolescente victime de viols collectifs.  Création de la Factorie  Durée : ~1h30 // Texte de Perrine Le Querrec // Mise en scène de Anne-Charlotte Bertrand // Interprété par Gersende Michel // À partir de 16 ans LA FACTORIE - maison de poésie de Normandie Île du Roi, 27100 Val-de-Reuil/Léry

SITUATION-15

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PLQ, Situation#15, 2018

Séquestration

Alors tu quittes le rivage encore une fois tu le quittes ta dérive te regagne à reculons tout à reculons le regard le bras dans le dos crayon caché la dérive à sa pointe accomplir le scandale de la séquestration volontaire aux mots leur langue me lape loups heureux jappent dans ma tête me revoilà me revoilà à ma place solitaire serrant entre mes jambes la dernière caresse encore tiède de l’amant la caresse dernière avant de refermer la porte lourde de ma table penchée sur son silence

Obstination

M’obstinant au visage, m’obstinant au fuyant visage de la vision le ferme regard du réel, m’obstinant entre les deux me déchirant perdue dans l’écriture du crépuscule ses ogres et démons me séquestrent Séquestration les pièces murées la pièce murée de l’écriture ses murs percés de l’œilleton son regard je ne le vois pas je l’entends dans mon corps dans le mur contre la serrure ma voix balbutie j’explique ce que je pense être la poésie du monde sa bouche rivée à la mienne Comme je suis faible comme je suis faible j’ai un tel désir de nudité sans exhibition personne pour regarder la femme nue au crayon j’en pleurerais voudrais mordre à même cette longue cette tiède phrase

Gesticulation

Quand béante sur ma feuille sur ma table sur le jour béante la blessure béante l’attente au drame béant Je n’ai pas honte mais honte d’être vue d’être sue je n’ai pas honte mais honte de la possession je n’ai pas honte mais honte d’appartenir à d’autres je n’ai pas honte mais honte du regard Mon ventre sur la chaise mon bras dans le vide Ma tête sur le billot ma langue dans le vide Mon pied sur le mur mes gestes dans le vide je m’écorche les mains à la paroi de mon propre désir Je gesticule seule à ma table jusqu’au regard j’étais seule à gesticuler jusqu’au sol gesticuler crayon dans la bouche papier froissé ramper jusqu’au mur son angle dans le dos gesticuler la recherche inquiète des mots je cherche bien pourtant parfois ni sol ni table ni pronom juste j’ai trop cherché m’endors au sol bordée du regard sa présence aux bords extrêmes de ma solitude perdue et retrouvée, perdue comme un enfant retrouvé comme un amant son regard où je retrouve mon sourire en m’éveillant

Les Cahiers de Tinbad N°5

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Les CAHIERS DE TINBAD Parution du numéro 5 à l'intérieur, des extraits de mon travail en cours sur Diane Arbus une nouvelle inédite d'Unica Zürn et autres merveilles

Moellons

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plq, moellons, 2018

Les excuses

La première fois au premier coup, la première fois première insulte on croit qu’on va le changer. Mais non. L’amour sûrement. Mais non. La seconde fois la troisième fois on croit qu’on va le sauver. Mais non.  Les fois suivantes, années suivantes, on croit qu’on va se sauver. Mais non. Après les excuses on pense ça va s’arranger. Mais non. Les belles paroles le beau parleur. Mais non. La première fuite  première main courante on se dit un renouveau. Mais non. Quand on revient une nouvelle lune de miel. Mais non. D’un seul coup. Mais oui. Ça repart. Le danger à tous les coups.

Et je vais, et ça va

Et je vais mal répondre, et ça va recommencer Et je vais me taire, et ça va se calmer   Et je vais partir, et ça va être terrible Et je vais retomber, et ça va me blesser Et je vais mourir, et ça va se terminer Et je vais rester, et ça va durer Et je vais tout dire, et ça va pas aller Et je vais, et ça va Et je vais dénoncer, et ça va s’arranger Et je vais désobéir, et ça va me sauver Et je vais oser, et ça va tout changer Et je vais vivre et je vais, et ça va

Pour x raisons

Pour x raisons La violence tombe Pour x raisons Mon corps, une ombre Pour x raisons Ma vie, une tombe

L'odeur

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plq, protection, 2017 Je dois avoir une odeur elle me précède elle me suit   me trahit  Je dois avoir une odeur elle sait toujours où je suis j’ai beau pas respirer pas jouer pas exister Ma mère me traque ma mère me trouve me soulève du sol j’y passe  C’est mon odeur je dois avoir une odeur pourtant quand nous sommes dehors Dehors toute la famille mes sœurs mes frères mon père et elle la mère modèle Famille parfaite, bien habillés bien coiffés rien qui dirait   qui préviendrait Propres sur nous, et ce mal au cœur et ce mal au corps ces marques sous les vêtements Des vêtements propres des marques sales Je tremble l’école est finie il faut rentrer à la maison, je tremble c’est pour ça l’odeur L’odeur de tremblements l’odeur de panique mon odeur d’enfant  Ma vie conditionnée toute une vie à trembler jamais plus supporter l’autorité L’autorité son goût de sang son goût violent son odeur   Une vie c’est ça, une famille c’est comme ça, famille modè