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Affichage des articles du avril, 2010

Escalier

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Plantée en haut d'un escalier qui compte plus de marches qu'elle-même d'années. En bas de la volée, la petite fosse de ténèbres, moins vaste que celle qui siège au creux de son ventre. Commence la descente, se rapproche par degré des histoires inventées qui lentement coagulent , jusqu'à l'assaut final des profondeurs.

Lapidation

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Que fais-tu derrière mon dos? Tu traînes? Tu putes? Tu salopes? Et si tu ne l'as pas fait tu l'as pensé et si tu ne l'as pas pensé moi je l'ai pensé pour toi. Man Reflected , Joel Peter Witkin , 2007

Pieu

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Plutôt que de vider leurs saintes couilles et d'enfoncer leur pieux foutre dans les trous d'enfants terrorisés, donnons-leur des femmes comme paquets de viande sans âme, sans cœur, sans spiritualité, corps légitimes pour contrôler la sexualité des soutanes. Crucifixion , Maurizio Cattelan , 2009

Raccourci

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Il claque la porte, crie : "C'est moi." Pose ses clés, répète : "C'est moi." Il faut résister. T'armer. Te protéger. Creuser une tranchée. Fourbir tes armes. Connaître l'ennemi. Rassembler l'état major. T'entraîner. Être sur tes gardes. Toujours. Sans répit. Prête à combattre. Toujours. Recroquevillée dans un angle, tassée dans l'ombre, tempes battantes, cœur tambourinant. Pousser sur les pieds, tenter de s'enfoncer dans le mur. "C'est moi." Jupe dans la bouche, replier le bras sur le visage, ramper plus loin dans l'angle de la chambre. Réfugiée derrière les paupières closes. La chambre tisse une ombre épaisse autour du corps raccourci et l'immobilise totalement; disparu, absent, invisible. Ici tout n'est que peur, désordre, folie. Un raccourci, (Lilou) détail , Philippe Mayaux , 2009

Shadows

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Jusqu'où marcheront-ils ? Ruban noir et chaussures rouges, martèlement des talons, volutes, terre et poussière, souffle et sueur. Regards parallèles, corps liés par l'invisible, silence des profils. Ils sont épuisés et marchent encore, jusqu'à toucher la nuit qui les efface brusquement. Alors se dressent leurs ombres, résolues, déterminées, qui se remettent en route. Life tracking , Dan Park , 2009

La piste

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Va chercher, allez, va chercher ! Narines au sol, cul levé, langue sortie, cherche, cherche. Retrousse jupes et babines, aiguise ton flair, cherche, allez cherche. Tu tombes? relève-toi, coups de pieds dans les côtes? ébroue-toi, collier étrangleur? débats-toi. Cherche, et rapporte. Three standing nude women , HAN Lei , 2007

Glitter

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Boite à paillettes renversée. Seins GLITTER cou GLITTER ventre GLITTER épaules GLITTER mains GLITTER. Il dit Tu es une mine de mica. Immobile, elle danse. Dans l'ombre épaisse, elle brille. Le soleil fore la peau de fête. Il dit Jette une pincée par-dessus ton épaule, ça porte bonheur. Rainbow , Olga Feldman , 2010

Le goûter

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Elle a déposé les biscuits dans l'assiette, nombre pair, deux verres, le lait. Elle a tout installé pour le goûter. Lorsqu'ils rentreront, criant, chantant, chahutant, visages collants, transpiration, histoires à raconter, attraperont les gâteaux, cartable jeté, jusqu'à l'assiette vide, le lait bu, les moustaches blanches, alors courir jusqu'à la cuisine, ils parlent du bout du couloir jusqu'à la cuisine, ils parlaient dès le pied posé dans la maison, ils lui parlaient bien sûr, gâteaux et lait dans la bouche, des "maman" laiteux "maman" sucrés, ouvrent la porte, maman a la tête dans le four, corps plié, le gaz étouffe un dernier "maman", plus rien à dire, dehors enfants, allez vomir gâteaux lait, maman est morte mais elle n'a pas oublié votre goûter. Gitty and her daughter Esther Miriam are having tuna salad on toast at Gitty’s mother’s house in Kiryas Joel, Clémence de Limburg , 2008

Le camelot

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Fin de journée. Nuit tombée. Il rentre chez lui, sa petite boutique d'espoirs au bout du bras. Verrouille soigneusement sa porte, dépose la valise sur le lit, l'ouvre. Sous le cuir puant, flammes, mots d'amour, organes déshydratés, reliques et babioles. Il retourne sa camelote sur le matelas, entre dans la valise et referme le couvercle. In my b-rain , Tracciamenti , 2009

Le collier

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"Tu recommences tes vagabondages ?" Elle ne répond pas, esquisse une négation du bout du menton. Ses yeux se remplissent de sel, aucun mot, elle le sait, n'y changera rien. Son corps s'incurve doucement, elle s'échappe, se dérobe, se carapate. Lorsqu'elle se décide à revenir, elle ne peut que suffoquer : sur sa gorge un collier de chair et d'os pénètre sa chair, les mains de l'homme qui questionne détachent sa tête du tronc : "Où étais-tu ?" «Während der ganzen Zeit wuchsen und wuchsen die Kinder und stellten nur die eine Frage, während die Erwachsenen ratlos und grossartig lächelnd schrumpften und schrumpften.» , Chantal Michel , 2003

Chut

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Elles pleurent en silence. Elles mangent en silence. Elles jouent en silence. Elles baisent en silence. Elles parlent en silences. Elles vivent ensilence. From "I don't know what kind of girl I am" , Rene & Radka , 2010

Furcula

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Elle a rongé son espoir jusqu'à l'os. Arraché la chair, déchiqueté les tendons. Éclats de cartilage plantés dans ses joues, filet de sang au coin des lèvres, horizon coincé au travers de la gorge. Plus jamais elle ne mangera de ce poison. Rough Rider , Fay Ku , 2009

Goûts

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Ce qu'il aime, c'est lorsqu'elle s'amarre à son cou et pousse un profond soupir, comme si elle était enfin arrivée à destination. Ce qu'il aime, c'est le bouton détaché qui le laisse caresser à la dérobée la naissance de son sein. Ce qu'il aime, c'est lorsqu'elle danse devant lui et oublie qu'il la regarde. Celle qu'il aime, c'est elle. Sans titre , Louise Bourgeois , 2002

Aube

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Odeur de Carambar au caramel. La campagne soulève son drap de rosée. Mimosas échevelés, fontaines de dahlias. L'homme s'étire, allonge bras et jambes. Le soleil les surprend à travers la glace sécurit. Il éclaire la pommette de la fille qui s'est endormie sur l'épaule de l'inconnu. Confiante, souriante. Landscape , Andrzej Furs , 2009

Citadelle

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Elle est citadelle surmontée de barbelés à lames de rasoir. Pointes de rasoirs dirigées vers l'intérieur. Les barbelés ne sont pas là pour interdire aux intrus de pénétrer dans les lieux, mais pour l'empêcher, elle, d'en sortir. In wait , Catherine Ryan , 2009

Insomnie

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La place qu'elle prend... Celle d'une enfant turbulente et fiévreuse. Elle s'allonge et s'ouvre en étoile dans mon lit, plante ses pieds dans mon ventre, pétrit mes seins, tourne comme un hamster dans ma tête, tire mes cheveux, me souffle dans les oreilles. Une nuit elle s'appelle Mémoire, une autre Désir, parfois Inquiétudes ou Solitude. Et puis soudain, sans prévenir, elle sort du lit, se rhabille et me tourne le dos. Avatar , REED + RADER , 2009

Charogne en ligne

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ici

Museum

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Il lui faudra revenir. Passer nuits et jours au Sir John Soane's museum. Le voir plein. Le voir vide. Le voir jour. Le voir nuit. L'explorer. Accrocher son manteau sur la patère de l'entrée. Se sentir chez elle. Connaître chaque pièce. Connaître chaque gardien. Connaître chaque ombre. Gravir les étages. Les escaliers interdits. Découvrir les archives. Découvrir la réserve. Le retourner comme un gant. The Sir John Soane's museum - London