L'ENTRESORT

Jeux interrompus. Mots désarticulés. Perles de peur aux creux des mains. C'est l'heure. Il s'est levé. Tire le premier rideau. Sifflement des anneaux. C'est l'heure. Un à un, les rideaux sont fermés. Les pièces se camisolent. Disparaissent le jour, la lumière, les autres. Le silence s'abat. Owl girls , Amy Alice Thompson , 2009

Elle : buste miniature posé sur hanches larges. Silhouette en ciseaux, tête de moineau. Seins écrasés sous le pull bariolé. Lui : bouche pincée sur fond bleu, foulard noué à l'ancienne. Corps coupé en deux par la banane abdominale. Chaussures de boue séchée. Mais eux ? Eux nus, deux corps, une même chair, sexes qui s'emboitent, hanches gigognes et leurs lèvres vivantes d'amour. Objects , Agnieszka Polska , 2008

Osée voudrait l'approcher, courir vers elle, tendre ses bras, la toucher. Osée voudrait s'enfouir, se nicher, se blottir. Osée voudrait enfouir, nicher, blottir. Osée voudrait. Ali vs Williams , Neil Leifer , 2002

Car tu auras beau dire, tu auras beau faire, tu auras beau grandir, mûrir, vieillir, pourrir, tu seras toujours cette enfant immobile devant son assiette à terminer, la table désertée, la nuit s'approchant lentement, la solitude grimpant comme du lierre sur les murs de la cuisine. Bild , Silvia Bächli , 2009

C'est l'histoire d'une dompteuse de lionnes. Cage circulaire. Fouet à manche de velours. Bottes jusqu'aux cuisses. Claquements de cuir. Crocs. Lucha , Hafaell , 2009

Elle voudrait sortir, mais la porte l'en empêche. Elle pousse de toutes ses forces, mais la porte n'est plus planche de bois, elle est forêt entière, dense, puissante, grouillante d'ombres et d'animaux sauvages. La forêt frappe à coups redoublés; de l'autre côté les phalanges saignent, les poings bleuissent. Elle va gagner, la porte va encore gagner, la vaincre une nouvelle fois, lui refuser la sortie, l'échappatoire, l'autre. Zonder titel , Tinus Vermeersch, 2006

"Hé toi ! Approche." L'enfant-sans-nom sursaute et se précipite. L'espoir est encore là, tapi derrière sa bouche et ses prunelles. "Je t'ai cousu une robe. Lève les bras." Hétoi obéit. L'espoir est toujours là, tremblant dans son petit menton levé, dans ses bras haut dressés. La robe descend. Elle y a laissé toutes les aiguilles. Centimètre après centimètre, le tissu l'enveloppe, centimètre après centimètre, les aiguilles percent sa peau, centimètre après centimètre, l'espoir s'éloigne. "Voilà, regarde toi." Hétoi s'approche du miroir. Un léger plumetis de sang décore la robe; épinglé sur le col, le cadavre de son espoir. Photo embroidery , Maurizio Anzeri , 2009

Princesses d'Orient aux cheveux noirs A Phnom Penh, Luang Prabang, Bangkok Filles alanguies sur leurs scooters Cheveux brillants, regards perdus, Dans le rétro, épilation et maquillage Aucun prince charmant sur son cheval Melancholy , Sungsoo Kim , 2008