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Affichage des articles du novembre, 2015

L'embrasure

L’enfant boit L’enfant boite L’enfant saoul L’enfant croule L’enfant trou L’enfant coule L’enfant roule L’enfant gicle Épileptique Ivrogne lucide Planqué aux embrasures Voit tout, voit le monde, voit tout le monde Boit tout, la fin du monde L’agonie mon enfant En rasades

L'invitation

A chacun sa folie Ma maison tient parce qu’il y a des pierres sur le toit Des pièces vides pour chercher et se perdre Abattre les angles, élever ses défenses Désinfecter les chambres dont nous sommes la gale Faire provisions de cauchemars entre les murs noirs Moins de rectiligne, plus de mystère De toute façon je n’invite jamais personne

La longère

La dernière fois que je l’ai vue elle portait une maison bleue au toit rouge sang. Rien qu’une forme pleine un volume azur fendu d’une entaille meurtrie. Le toit traverse sa poitrine sa bouche me sourit son torse poignardé. Modestement elle semble l'exceptionnelle propriétaire de l’étroite longère aux multiples fenêtres pliant ses bras jusqu’aux coudes - comment s’y prend-elle pour transporter une architecture entière, je ne pose pas la question je n’ai pas besoin de comprendre ni de l’entendre je sais voir la solitude nomade, la solitude le mot souche. Je regarde les deux soleils de ses yeux leurs ombres glissent sur la pente rouge têtue, des flocons de rose recouvrent ses mains dansent devant nos visages, elle se penche la maison penche le monde penche s’épanche dans mon ouïe  Je porte mon secret m’accompagne sur la route sans fin.

Sortie Temporaire

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plq, Sortie Temporaire, 2015 Sortie temporaire du monde alarmant D’un seul corps franchir le seuil des silences Crayon gomme cliquetis Tous désarmés L’être historique de la langue se donne Dans sa lenteur le grand-parler Lenteur de la recherche, lenteur de la lecture, lenteur du silence du temps des découvertes Les petites victoires obscures entre les épaisseurs dormantes des pages Je n’ai pas terminé de comprendre mon histoire Mais Lentement Je tente de comprendre l’Histoire

La visite

Chez ma mère Au bord s’assoir Chaude de honte Ravaler la question Exhiber mes chevilles Se finir au mensonge

La digue

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La digue, 2015

Le Royaume

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plq, Le Royaume de Siam, 2015

21x29,7

Un genre de texte pressé Quand l’insomnie de la langue Balbutie d’imprévus J’arrive au point de rebroussement Pourparlers face à mes pour parler L’importance de l’importance de l’important Mon empire 21x29,7 d’ignorance

Le Malentendu

Le malentendu Le mal entendu Le mal en tendu Le mal en temps de  Le mal en tant que Le mal tant que Le mal tant de  Tant de mal

Baiser sacré

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plq, Nemo in Slumberland, nov.2015 Baiser sacré du matin Depuis Avant ce baiser encore plus sacré Articule Au revoir à ce soir, aurevoir àcesoir, aurevoiràcesoir vousrevoiràcesoir Vous suivre du regard Vous partez mes enfants Enfants chéris mes libertés L’avenir debout l’avenir très fort Réel incarné à leur voix qui chante leurs pensées qui avancent Le tangible tangué redressé sur vos jambes Compas, géométrie d’autres lendemains

Jusqu'au cœur

S’enfoncer sous l’eau Tiède au-dessus Plus rien entendre Même fermer les yeux Plus rien voir Repos Des sons loin Aucune sirène Les larmes fondent bien dans l’eau du bain Combien de temps ? Pression mouvante Force diffuse Ce qu’ils font en mon nom Ce qu’ils trafiquent ceux qu’ils tuent Des cheveux se collent se décollent Mains sous les fesses Rester au fond Loin d’eux Le silence enfin Les miens pas loin Quand des heures j’ai cru Fermer plus fort les yeux J’ai vu la fin C’est le début Le corps remonte A la surface il crève l’épaisseur des larmes Un souffle entier Oreilles débouchées Yeux grands ouverts Ma bouche crache sur vous Attristeurs fossoyeurs niveleurs chefs sous-chefs sous-merde Vos discours vos conditions vos armes vos intérêts vos indignités votre inhumanité vos abjections vos calculs vos politiques vos religions vos raids vos violences vos crimes vos haines vos dogmes Ma bouche embrasse La chair neuve jusqu

PARIS

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Paris ma ville Paris ton sang Paris ta peine ma peine mon sang Paris sous mes pieds Mon premier pas et mon dernier Paris piétinée Les dents s’entrechoquent L’obscure épouvante accrochée à la taille Les tueurs d’enfants Sont entrés dans Paris Paris ma ville Paris mon sang Car ici les femmes sont libres la jeunesse est libre la musique est libre la parole est libre la poésie est libre l’avenir est libre Paris en joue Pas trembler Debout

Mon prince

Dans le corps il y a un langage, le langage des brisures des brisés des trous des plis des failles, le langage des contractures des contractions flexions déchirements, la langue sourde assourdie. Le corps ploie plie se casse se creuse il fait la grande courbe, à l’envers à l’endroit dos craqué ventre bombé squelette arqué, il dit sur le sommet des chairs, au bout des doigts écartés au creux des poings serrés. Il dit dans les yeux révulsés la salive cristallisée, il dit aux commissures aux crêtes aux arêtes. Le corps parlant brutalement foré, rempli des cris d’autorité d’interdits de honte de secrets, ce corps alourdi empêché, cet être autour duquel on a élevé des murs des grilles des montagnes, forgés des serrures des nuits des ombres, cet être-enfant qui tient sur ses épaules un lourd devoir de marbre, le devoir que rien n’explose, que rien n’explose plus, il sait une seule parole atomisera déchirera, cet être-enfant se taira au quotidien grandira son corps plombé de mots improno

DIMANCHE

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Rencontre et signatures au Salon de l'autre LIVRE Dimanche 15 d e 15h à 16h avec  Les  éditions Les Carnets du Dessert de Lune ,  et de 17h à 18 h avec les   é ditions Lunatique l'autre LIVRE 48 rue Vieille du Temple 75004 Paris Métro Hôtel de ville

L'oublier

Elle jette la jupe le chemisier aussi le trench dans la poubelle de l’hôtel avant de remonter hâtivement l’escalier jusqu’à sa chambre Impossible se dit-elle une fois l’homme passé de conserver le vêtement si prompt à devenir souvenir pense-t’elle tout devient souvenir l’objet aussitôt au contact de la main et de l’œil ou du sentiment prend une importance considérable a-t-elle maintes fois constaté alors que dire du vêtement ôté par l’homme en route vers la région profonde qui entendra ses gémissements scrutera son visage jusque sous les paupières fermées pour percer à jour La Lointaine La Proche L’Animal et La Secrète embusqués autant en finir. Elle tire le drap encadré au lit s’en pare s’enroule chausse les tennis pas un regard sur la chambre vide sauf les clés posées sur le lit. Elle part oublier.

La conversation

Reprise de la conversation laissée huit semaines en arrière ce temps de ton bras de fer avec la mort sur un angle de table où finalement du bout de ton silence tu as choisi la vie et huit semaines plus tard te revoilà assis parmi nous ton corps décharné et ton visage ancien maintenant les marques & creux, reliefs & échos de la destruction massive momentanément écartée par quelques semaines hors du sol du passé la terre minée la boue familiale. Tu reprends donc exactement la conversation, nous écartant de ton chemin solitaire des derniers temps ton visage changé dans le décor inchangé, à nous de nous adapter de t'adopter c'est fait et la pirouette de ton interlocuteur revenu à votre ancien point de départ, avec ses yeux d'enfants aussi passés par tes épreuves et dans notramour inchangé si alourdi par la menace définitive qui nous aurait privé de toi nous remercions tacitement la conversation d'avoir patienté jusqu'à ton retour, une conversation de rien du

Sélection

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Le jury du COPO 2016 a arrêté ce jour la liste définitive des 8 candidats retenus pour les prix poétiques COPO et COPO des Lycéens 2016, parmi lesquels : "La Patagonie" de  Perrine le Querrec , préfacé par  Jean Marc Flahaut , paru en novembre 2014 aux éditions Les Carnets du Dessert de Lune dans la collection Pleine Lune. Pour com mander ou lire un extrait, c’est sur   http://www.lautrelivre.fr/ perrine-le-querrec/ la-patagonie "De livre en livre, l’auteure du Plancher (2013) n’en finit pas d’inventer sa propre langue, son propre alphabet, construit à l’écart, en bas des marges. Une bataille rangée. Menée bec et ongles. À coups de ciseaux. Des textes bruts, sans concessions, qui interrogent nos réalités subjectives et s’apparentent à ce que Patrick Chamoiseau appelait de ses vœux en invitant les auteurs de demain à laisser tomber les codes habituels pour expérimenter « des organismes narratifs infiniment complexes (…) en opérant des saisies de perceptions qui nous

Microbe

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Revue Microbe n°92 Composée par Thierry Roquet Des textes de   Isabelle Bonat-Luciani, Massimo Bortolini, Jany Pineau, Robert Serrano, Hervé Bougel, Yves Artufel, Perrine le Querrec   Samantha Barendson ,  Astrid Waliszek ,  Isabelle Bonat-Luciani ,  François-Xavier Farine , Stéphane Bernard, Lidia Badal, Gregory Salako, Antonella Fiori, Sophie G.Lucas Ed. Microbe - Launoy, 4 - B-6230 Pont-à-Celles - Belgique

La punition

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                                                                                                     plq,  Herculanum , 2015 Au coin Langue de cracheurs Punie ferme tes yeux gorge mains ligotées Interdit de répondre Enterrée entre deux obstacles Tassée De ma poitrine monte une nouvelle obscurité Voici ma scène mes planches Tourner le dos au public Parfois tête rejetée, respirer une becquée Colère avalée par le sol Privée de ciel privée du regard J’escalade la journée verticale Je n’ai qu’une idée, être la dernière

L'angle

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                                                                                                               plq,  Herculanum , 2015 Je m’obstine au coin Je m’obstine aux angles Je m’obstine aux aigus Je m’obstine la langue Je m’exclue de l’agora Je m’esquinte l’ange Je fixe le pli Je suis la brûlure Je lèche les pliures J’écarte les cuisses Je frotte mon mot Je geins les sons Je cogne l’écho Genoux au corps Je noue les corps Je froisse les yeux Je déploie mes langues

L'an 79

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plq, Herculanum , 2015 Dans l'odeur des lauriers roses les effluves d'Ercolano millénaires aux façades dans les angles dalles et seuils enterrés sous la cendre du temps. Les fresques dessinent des continents. J'appuie mon dos contre le mur de ta poitrine.