La longère
La dernière
fois que je l’ai vue elle portait une maison bleue au toit rouge sang. Rien qu’une forme pleine un volume azur fendu d’une entaille
meurtrie. Le toit traverse sa poitrine sa bouche me sourit son torse poignardé.
Modestement elle semble l'exceptionnelle propriétaire de l’étroite longère aux
multiples fenêtres pliant ses bras jusqu’aux coudes - comment s’y prend-elle pour transporter une
architecture entière, je ne pose pas la question je n’ai pas besoin de
comprendre ni de l’entendre je sais voir la solitude nomade, la solitude le mot
souche. Je regarde les deux soleils de ses yeux leurs ombres glissent sur la
pente rouge têtue, des flocons de rose recouvrent ses mains dansent devant nos
visages, elle se penche la maison penche le monde penche s’épanche dans mon
ouïe Je porte mon secret m’accompagne sur la route sans fin.