Elle s’est levée de la main gauche, et elle écrit de la main gauche, depuis longtemps elle penche et bancale, et c’est sans doute très fragile, et c’est sans doute très déséquilibre, toute cette gaucherie, lettres tremblées phrases étranglées et mots qui tombent, et tombent encore, et elle essaie, oui elle essaie, de redresser, de ramasser, tout ce qui tombe, tous ceux toutes celles et elle penchée, sur sa main gauche, sourire en coin, elle suit sa main, et sa pensée, dans des détours des souterrains, sur des bordures et des fêlures, elle plie les angles, elle lisse les lignes, coins du papier, les grands orages puis les rivières, les personnages et leurs bagages, les balançoires et les éclipses, et elle elle range, elle range au mieux, phrase après phrase, tassée à gauche, à droite l’espace, le temps d’y voir, le temps du vide, celui du saut et des détresses, et sur sa gauche bâtir un monde, chaque fin de phrase, un monde nouveau, tous les matins s’assoir au bord, au même endroit, ...