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Affichage des articles du février, 2015

Les observateurs

Ils envoient des observateurs Les observateurs se comptent par dizaines Il y en a tant Que les observateurs observent les observateurs C’est à qui s’observera le mieux Le pire s’intensifie sous leurs yeux Et observateur n°1 observe observateur n°2 observe observateur n°3 et ainsi jusqu’à observateur n°100 Quand tous les observateurs auront fini de s’observer que tous les morts seront charnier tous les viols perpétrés tous les enfants armés les voix ensevelies Observateurs rentreront chez eux publieront les observations observées observateur après observateur Mais Personne Ne Me dit Pourquoi les terreurs violences fascismes religions pouvoirs cafards peste et rage Imposent leur sang Et Pier Paolo Pasolini gît encore sur la plage

Buée

Le pied sur la boussole Déboussole les routes Boite des yeux La langue avec ses grands airs RéussiR ChoisiR ARRiver Blesse le temps Les doigts bleus Jusqu’à la transparence Visage figé Avant disparition B  u   é   e 

Parution

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Pieds nus, plq, 2014 Pieds nus dans A. Pieds nus dans B. Pieds nus dans C. Pieds nus dans D. Pieds nus dans E. Pieds nus dans F. Pieds nus dans G. Pieds nus dans H. Pieds nus dans I. Pieds nus dans J. Pieds nus dans K. Pieds nus dans L. Pieds nus dans M. Pieds nus dans N. Pieds nus dans O. Pieds nus dans P. Pieds nus dans Q. Pieds nus dans S. Pieds nus dans T. Pieds nus dans U. Pieds nus dans V. Pieds nus dans W. Pieds nus dans X. Pieds nus dans Y. Pieds nus dans Z. Edition bilingue. Traduction Derek Munn. Aux éditions les Carnets du Dessert de Lune

Renouer

L’animal dort sur un lit d’enfant vide Dans la voix chaotique retrouver mon enfant Rejoindre les premières sensations Renouer Révéler Rencontrer le moment très blessé Très effrayé Très terrorisé L’entendre le dire le pacifier

NIJINSKY

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Tu avais dansé pendant 20 ans. Et puis à 29 ans ton  corps n’en pouvait plus. Ta tête non plus. Tu as tout arrêté, la danse, l’écriture, tes sauts. Ces sauts qui faisaient de toi un Dieu, un mythe, ne t’appelaient-ils pas le Dieu de la danse, tous ne se déplaçaient-ils pas du monde entier pour t’admirer, n’as-tu pas foulé les plus grande scènes, tu étais un Dieu, chacun voulait te voir, t’approcher, te sculpter, te peindre, tu as inventé une nouvelle façon de danser, d’écrire, d’être Tu planais dans les airs On raconte que tu restais suspendu deux à trois secondes  avant de toucher terre On ne voyait pas la fin de tes sauts Tu te jetais dans l’infini Tu disparaissais Tu déclenchais des tonnerres d’applaudissements On dit que tu volais Tu vivais en état de danse Tu invitais au sentiment Tu sautais et sautais Tu vivais au sommet Tu as secoué l’univers Et puis tout s’est cassé. Pour les autres tu n’étais plus un Dieu. L’oubli, le silence se sont abattus sur

ritratto

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plq, autoportrait, 2015

Dispersée

Carence ou Abondance Moteurs d’écriture Le feu au cul du temps Je ne veux pas finir dans des réunions voutées à lire des poésies grises d’hommages Je ne veux pas qu’on me lise une fois morte en disant comme elle était folle comme elle écrivait et quelles solitudes et comme elle a souffert oh découvrez-la maintenant qu’elle est brûlée et lisez-la maintenant qu’elle est lointaine Muette Dispersée Je ne veux pas qu’on dise elle n’est pas passée loin si on avait su on savait mais tourner la tête en ces temps de torticolis aigus de contamination virale et de vie à passer sur l’écran impossible d’ouvrir l’œil et les siens sont clos à présent même plus de paupières pour cacher tout ça

avance

une rivière, cours un escalier, dors une pierre, mange un bras, arme un mot, frémis un arbre, creuse un livre, soulève un lit, apprends une rue, chante un paysage, pleure un ventre, ouvre une barricade, brûle l'océan, avance la barricade, avance le ventre, avance le paysage, avance la rue, avance le lit, avance le livre, avance l'arbre, avance le mot, avance le bras, avance la pierre, avance l'escalier, avance la rivière, j'avance

Beauté

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elle enduit de brillant les ongles des lettres, brosse leurs cheveux, elle les rend belles, aguichantes, du rouge à lèvres sur les voyelles des fourreaux sur les consommes, elle écarte les jambes de nombre d’entre elles, organise des copulations bruyantes, perce des trous pour les voyeurs prévoit des liens pour attacher par derrière par devant des phrases courbes fait voler en éclats les morales au col dur, arrange des pages accueillantes ça transpire ça geint ça mord elles se frottent les lettres elles se montent dessus elles racontent des fièvres imagées inimaginables elle transforme les genres déshabille la langue de sa langue lentement remonte le long du sens jouit en prose en vers anagramme à outrance inverse culbute rabat les O remonte les bas dans l’attente démultiplie les tensions

Soulever le dais

Le silence-verre S’abat non se déploie Parachute intégral Tombe sur moi Isole un grand coup Coupe Coupe pour longtemps Un silence de monstre Un silence de glace Où la peau se colle Se colle et s’arrache Ne jamais s’approcher Ne jamais avancer Les pas inutiles Les points de détour Il faut attendre Il faut revenir Il faut repartir Reprendre le langage Les mots ordinaires Bégayer petit Soulever le dais Vous regarder

GOOD GIRL

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Toujours cette crainte qu’au détour d’un livre ils ne la découvrent ils sachent tout soudain que la lumière se fasse qu’ils lui tiennent le menton lui disent sans égard alors c’était toi, inutile de te cacher, nous t’avons retrouvée, le masque est arraché, chaque mot nous a mis dans ta direction Elle était planquée là bien tranquille à empoigner ses mots à égorger des familles à sauter par les fenêtres à rendre coup sur coup avec des cagoules des loups dans des couloirs coudés des maisons isolées des cités oubliées elle les a dénichés là ses sauveurs ses héros fendus jusqu’aux os souillés de crachats butés par l’ignorance le mépris et l’oubli j’ai trop peur pour m’éloigner des cadavres j’ai trop honte des violences du monde j’ai ma langue qui n’est pas la vôtre ma langue comme la leur avec dedans des mots de sons des images dressées des découpes tord boyaux des écailles grattées des surfaces dures des milieux de forêts des jets d’urine larsen de

MON TERRAIN

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Mon Terrain, plq, 2015

tous les jours

Elle a besoin souvent De ces gestes-là    Accrocher la lessive   Nettoyer les assiettes         Tirer le caddy lourd Ramasser les objets          Nettoyer le sol     Beaux semblants Allonger son regard Pour reprendre ferme Debout sur la glace Taire sa différence Besoin tous les jours ciel dégagé regard d'enfance sourire aimant Des mots sans importance           aveugler dedans Pour affronter dehors      tenter toujours

SALLE Y

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Unica Zürn, 1966   Dans la réserve des livres rares on ne peut toucher les livres. Ils viennent à vous entre des mains gantées de blanc. Deux coussins de velours cramoisi sont déroulés, le livre est placé au creux, enfant malade, enfant fragile. Un serpent de velours vert maintient les pages ouvertes. Le livre s’offre alors. La tête tordue en angles insolites pour parcourir les pages, Unica tu es là. UNICA ZÜRN : Oracles et spectacles , quatorze poèmes-anagrammes et huit eaux fortes. Frontispice et post-scriptum de Hans Bellmer In-fol. (32 cm), 47 p., ill. et suite de pl. sur japon. Le frontispice de Hans Bellmer damier de la vie où se dresse un insecte à longues élytres nouées sur les cases noires et blanches, abîme d’échiquier, à toi de jouer. Je te lis en allemand, je compte les lettres des anagrammes murmure les mots sans les comprendre ça chante, ça chante dans ta langue. Parfois les titres tu les as écrits en français, te servant des lettres pour recomposer en

NY

Pourvu qu’ils ne pèsent pas mon cerveau chargé à bloc de souvenirs de toi supplément de bagages impossible à caser, ma valise toujours vide lorsque je voyage là-dessus pas d’inquiétude mais s’ils en venaient à soupçonner tout ce que je trimballe dans ma tête alors que je viens te voir je passerai un sale moment, on m’a dit qu’ils étaient vraiment pénibles à la douane que pour un rien ils t’embarquaient ils t’interrogeaient que ça pouvait aller loin et même refus de te laisser entrer ici où tu m’attends où je t’attends depuis trente ans que je pense à toi que je rêve de toi trente années dans la tête et les dizaines de fois où tu m’as sauvée la vie avec tes écrivains tes chanteurs tes poètes tes images tes architectures tes musiques tes voix comment veux-tu que j’explique ça mon cerveau tout plein de toi de la joie de savoir que d’ici peu je marcherai sur ton dos je pénétrerai tes entrailles je courrai au-devant de tes rues j’accrocherai sur tes cimaises mes sourires de dingue de toi

Les mille langues

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Elle écoute aux portes elle écoute aux murs, aux fenêtres, aux embouchures écoute écoute Elle entend aux portes aux murs aux embouchures Elle écoute aux sacs, elle écoute au plancher, aux assiettes, aux arbres Entend aux troncs aux assiettes aux mâchoires Elle écoute au cœur, elle écoute aux mains, aux peaux, au vide Entend battements bourrasques renversements Elle écoute en longueur en langueur Elle entend des bruits, elle entend des mots, des grincements des frottements Elle entend trop souvent trop haut trop partout écoute Du bruit du mot tout parle dedans Elle regarde au noir les mots courir retranscrire les mille langues venues de partout quelle fatigue quelle attention écouter les lettres former chaque seconde chaque mouvement Elle refuse de répondre aux Tu es sourde ? Tu es aveugle ? Tu es muette ? Trois fois oui, aimerais tant être sourde se reposer être aveugle se reposer être muette se reposer Cesser d’être traversée sans relâche par les langues

Beau travail

Rumeur des commencements.  Échauffements . Corps croisés, membres pliés, étirés / Protéger les dents, les mains, les tibias / Faut s‘entraîner pour frapper, pour recevoir et puis donner / Dans un coin de la salle, robinet crache en continu. Il fait soif / Trouver son partenaire. Prise de risque relative. Organiser sa défense, diversifier les armes et les hauteurs / On n‘entend plus que les chocs. Cuir, peau, piétinements /  Enchaînements , pied, poing, coup / Vigilance, corps aux aguets. Corps animal, tapie derrière la vitrine, au fond du canapé. Tu es la proie et s’il fond, je sais, je m’ouvre, ouvre / Attention aux distances / C’est du travail, du beau travail / Le ring faiblit, le bois chauffe, les cordes vibrent, la sueur dessine un second corps sur les vêtements / C’est du spectacle ou c’est ta peau ? tu joues à quoi là-haut ? / Je suis la cible. Mouvante si peu. Je suis la cible et tu avances. Marquée au feu. Tu ne peux pas me rater / Cohue d’hommes  / Regard baissé. Baisse

L'homme-merde

L’homme-merde prend de la place prend toute la place prend ta place L’homme-merde attend sa récompense aime les hourras adore les rosettes L’homme merde te publie/t’expose/t’engage/ veut te sauter te publie/t’expose/t’engage/ ne peut te sauter t’oublie L’homme merde te saute dit t’aimer te saute l’une après l’autre il saute tout ce qu’il trouve et toujours dit t’aimer L’homme merde condescend à te voir créer plein de morgue pour ses merdes décervelées condescend le con L’homme merde présent dès ta naissance une fille pas de chance la route sera longue L’homme merde, rien à faire ni décennies ni lois ni mentalités, l’homme merde ne progresse pas et patriarcat machoarcat couillarcat bitarcat il pense devoir gouverner te protéger t’écraser et te sauter toujours L'homme-merde tant se répand qu'on croit parfois sentir soi-même la merde L’homme merde réduit le grandiose enfonce dans ta bouche une cuillère sale et lèche la cuillère sale et mange la cuillère sale Ho

le ruban

Le ruban elle l’aimait ce ruban velours nuit autour de son cou son ruban coup de crayon aux cheveux sur la peau le ruban étrangleur ruban de beauté qui sépare en deux le haut du bas spirale de désir s’entortille se lisse serré tout près de la voix et du souffle. Le ruban tout un décor est tombé faufilé sur le sol il ondule s’éloigne enlace des doigts une caresse sur le chemin entre les seins un long mot lent moment de douceur attaché simplement tourbillon attachant détail de rien nuit sur nuit lorsqu’il ne reste que cela le ruban

Pieds nus dans R.

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Livre tête-bêche, français/anglais Traduction de Derek Munn En précommande aux Carnets du Dessert de Lune

façades

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plq, décors, 2015 les fenêtres si près de la façade  des fenêtres entailles qui disent le mur fragile fin comme du papier plein de froid d'humidité de bruit des immeubles pour les pauvres les précaires  qui ne protègent de rien  des décors cache-pas-la-misère des suicides collectifs des corps blessés  ------------------------------- ------------------------------- ------------------------------- ------------------------------ -------------------------------

Des ourses

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Voici donc Des ourses dans le ciel ou Cathy Garcia & compagnie, 3ème volume de la série francophone X & compagnie. Après Stéphane Bernard en septembre et Thierry Roquet en novembre, la série revient sur toute l'année 2015, une fois tous les deux mois. Cathy Garcia a invité Guénane, Jany Pineau, Perrine Le Querrec, Diane Meunier et Murièle Modély . Féminine et puissante, la poésie des ourses plane au-dessus de celles des autres. Prix :   5,00€ à commander ici 

Il y aurait dans la cire

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Le cœur gonflé, le cœur plein la poitrine qui déforme la cage thoracique qui bat qui bat qui cogne Le cœur à fleur de peau Je retrouve Berlinde de Bruyckere Il y aurait dans la cire Il y aurait dans ces corps Il y aurait la position Il y aurait l’enfermé Il y aurait la vitrine Il y aurait la double exposition - l’homme l’animal le cadavre l’œuvre l’œil de l’artiste notre œil l’œil privé l’œil public Il y aurait la carcasse ouverte Il y aurait dans les os des mystères Il y aurait les arcs Il y aurait dans l’évidement Il y aurait dans le flux le sang l’appui Il y aurait les tissus usés tachés Sur lesquels reposent le fragment le dépecé le transparent le à peine le double dans l’hybridation l’accouplement L’œil glisse sur l’huile de la cire. Glisse dérape. Quelle distance ? Tout près voir à travers les réseaux la matière. La carcasse humaine ses plis ses veines ses blessures.  Ses possibilités. Tout loin la vitrine la beauté le grand geste. Les scènes si