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Affichage des articles du avril, 2013

Les versants

Les années enchainées, les mêmes années noires pierreuses, les lourdes années gainées de gomme qu’il faut décoller l’une l’autre en écartant les pensées, les mêmes saisons à soufflets qui chuintent, où les températures grimpent s’effondrent, où le sol défile marron vert blanc à travers les paupières crevées, les bois et forêts déchirés, les montagnes désertes et trouées qui happent s’élancent imposent le regard rivé sur elles ou plus sûrement au sol sachant que rien ici ne bougera et qu’il faut accepter. Elles jaugent les lieux, mesurent, mains pliées en lorgnette devant l’œil. C’est calme. Restent debout. Ne savent pas où se mettre. Les versants se succèdent.

Salon

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à partir de 14 heures 30, avec Jean-Louis Massot, aux Carnets du Dessert de Lune

le pull rose

quelle est cette absence autour de moi et l’escalier presque sans lumière, qu’est-ce qui lui prend à cette maison, elle soupire mon prénom, d’autres prénoms, me cherche dans ses coins en soufflant, hier j’ai essayé de m’enfuir et aujourd’hui j’y suis encore avec mon pull rose avec mon pull rose avec mon pull rose la gorge traversée par un fil de fer la récolte est mauvaise le maïs pas semé et je suis si maigre pour quelles raison est-ce que je vis dans un endroit pareil si dur si violent si étroit ?

les montagnes

retroussent leur jupe, trois pubis lisses cognent contre les montagnes à ton âge enfanter des miracles s’agenouiller enfant, se relever femme le corps comme retourné

compas

Acheter un compas une règle une équerre retracer angles précis millimètre près un coma un aigle une guerre toutes choses utiles ça pèse un massacre sur mon dos

Jeanne L'Étang

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La voilà, Jeanne, c'est Jeanne L'Étang  Éditions Bruit Blanc

les ongles

En face de moi les mains les ongles rongés se relaient les peaux les formes et les absences une seule trahison m’a fait voir le monde je ne cesse d’en creuser les entrailles c’est tout attaché légèrement puant des lassos de nerfs passent d’un corps à l’autre attifés d’amour si peu de mots font tant de manque tant de bruit tant d’absence.

l'oreiller

Dans la famille La Honte je ne demande rien ni personne sur la pointe des pieds je traverse à toute allure les mètres carrés étonnée d’arriver au point X en partant d’une frontière si soluble solitaire saillante entaille selon les âges poignets cou sein ventre couteau planqué sous l’oreiller qu’ils y viennent

visible

tard dans la nuit sortir ne pas rentrer seule au jeu je n’existe plus je suis toujours à peu près visible