L'ENTRESORT

  New Deal Photography - USA - 1935   Une écriture presque immobile Ajouter des virgules, pour, ralentir, le, temps, celui, de, la, parole, celui, du, monde Une vie presque immobile Je, me, demande, où, est, la, tête, du, cyclope Un départ presque immobile J’attends, que, les, ombres, emboîtent, l’horizon

  L’oiseau est en cage, la cage ne lui permet ni de voler ni de voleter, ses ailes frottent sur les parois, il sautille une fois d’avant une fois d’arrière il tient dans la plus étroite des prisons. Le chat est dans une cage, il ne peut ni bondir ni s’étendre, d’entre les grilles ses poils dépassent, on lui glisse des croquettes entre les barreaux elles tombent sur ses pattes il se tord pour les manger. L’enfant tend ses doigts à travers le grillage passe deux doigt tord un autre l’enfonce aussi colle son visage contre le grillage ses joues gonflent côté libre ses yeux pleurent côté prisonnière elle tire la langue dans un trou du grillage ses dents cognent muselière elle presse son front contre les croix de fer une marque des marques ^ ^ les orbites frottent contre le grillage et la langue pend et les doigts se cassent et les joues boursouflent et Jeanine fait pareil et Léonie fait pareil nous tentons nous passons à travers le grillage de nos chambres cellules cages sans nous voi

 

  Devant le lac Je regarde passer les riches Je regarde les riches vieux Je regarde les enfants de riches Je regarde les couples riches J’entends les rires des riches Je regarde les chaussures des riches Je mange un paquet de chips Je regarde les bandes de riches Je regarde le petit train rouge des R. Je regarde les chiens des R. Je regarde la démarche des R. Je mange des chips riches Je regarde la promenade des R. Je croise le regard des R. Je regarde les sacs des R. Je mange des chips à la betterave Je regarde les handicaps des R. Je regarde les couples mixtes Je vois les petites cuillères d’argent Je regarde le dimanche des R. Je regarde les flirts des R. J’assiste aux retrouvailles des riches Je regarde les hypocrisies des R. Je regarde l’ennui des riches Mes chips sont 60% - grasseS Je regarde les jouets des riches Je regarde les familles de riches Je regarde le mouton noir et le vilain petit canard Je regarde la main dans la main des R. Je regarde les bateaux des R. Je regarde le

 

 

1.      parfois la voix parfois l'eau parfois les mots coulent parfois la voix déborde parfois l'image est seule parfois tout ensemble parfois solo parfois ça suffit 2.     parfois les lettres parfois le texte parfois ça dégouline parfois ça crache parfois du silence passe entre les gouttes du silence passe entre les lettres parfois imparfait

l'écriture serrée comme une première fois incertitude plaisir je retire de l’eau  les vulves  leur propose le soleil des fourmis transparentes  circulent sur mon clavier elles pondent sous le J et le E faufilement se défilent l’écriture fraude

les bracelets tintent de l’autre côté de la porte  blindée se tenir droite comme les bracelets tintent et comme il faut se tenir droite et comme elle est facile à désaxer et comme le mur a les ongles longs  un peu de  morve collée sur le menton du sang aussi  morve et sang des sortes de sanglots la terreur habituelle baveuse morveuse  un pas en avant décoller du mur et la morve tiens le collant est filé elle  s’appuie un peu contre le mur regarde trop longuement  la maille ajourée  effleurement puis descend sa main ôte le collant boule grège tassée au poing  fermé les yeux clignent de lumière derrière les fenêtres  roucoulements roucoulements roucoulements l’éboulement son cœur cogne elle est vivante  toujours vivante arrêtée entre deux fenêtres  à l’abri des pigeons sa paupière saute saute comme c’est pénible elle ne frotte pas ses yeux  suspendue à l’intérieur de sa propre peau balancée d’un mur à l’autre grand saut d’une porte à l’autre  blindée il y a comm

  Ce sentiment d’être perdue                                     Perdue, je portais ma main à ma bouche                            Perdue, je clignais des yeux                                     Perdue encore plus perdue derrière la pluie rideau fermé                 Jusqu’à une porte En guise d’enseigne ils ont accroché l’oreille d’une enfant Vais-je parler à cette oreille       à cette enfant ? Vais-je poursuivre l’errance sous la pluie                          vais-je plutôt                     vais-je ? 

Du 19 au 24 septembre 2023 Théâtre 2·21 Rue de l'Industrie 10 1005 Lausanne LE PRÉNOM A ÉTÉ MODIFIÉ Mise en scène : Antea Tomicic Jeu : Maroussia Pourpoint, Delphine Horst, Xavier Loira Barja Lumière : Janos Horvath Son : Purpura Le prénom a été modifié , éditions de La Contre-allée

  Ma table est vide calme bloc y poussent des bien-portants à travers ma cécité museau en l’air le vide

  Princesse Poussiéreuse Fille saignante garçon semelle Partir finalement Sans destrier ni destination Ongles rongés de terre Tissés à la crinière De brume et de vert Lacets éclaboussés Répondre aux oiseaux Dix années de plus Entendre écouter La Dame à la licorne Nous libèrerons de leurs chaînes  Et de leurs colliers Singes et chiens Oiseaux également

Les coulisses de Christa : sons, mots, et harmonies.

  Deux semaines de résidence, deux semaines de création collective.   Christa brûle de toute sa lumière elle incendie le monstre-monde elle propose ailleurs, elle dialogue la terre la justice les possibles. Christa dans toutes ses langues, mots musique gestes électronique corps. La langue est une matière vivante, la langue est sons, elle est voix, elle est variations, elle est rythme et silence, elle est discussion. La langue est rupture, elle est flexible, et souveraine lorsqu’elle se marie à la musique. Supprimer des passages, inverser les parties, ciseler des mots selon la prononciation le désir l’évolution. Chacune, chacun, nous proposons nous commentons nous bâtissons. Chacune chacun nous changeons de costumes de place d’assise. Nous accueillons nous revendiquons nous élargissons. Nous nous allions.   Contre la répression, les meurtres, la surveillance sécuritaire mortifère globale. Opposer de nouvelles visions. Vers le monde-monstre ils nous poussent nous encerclent nous abatten

  ma voix c’est du papier ma voix est de papier pas grimée ni hurlée théâtralisée elle est dure mur muette  opaque elle est plane plane déshabille-moi je te dirais j’écris des j’ai écrit 1 cri j’ai écrit des cris crois-moi des cris muets aussi cris papier crissilence des cris j’ai entendu des cris beaucoup aujourd’hui écoute la rue l’eau la terre crient je vais écrire d’autres cris dans une langue qui n’a pas de mots pour désigner la guerre l’eau la terre Car en moi a commencé le travail sur la guerre l’eau la terre

  L’obstacle c’est l’animal Ils disent il traverse les rails il stationne au passage L’obstacle c’est le voyageur Ils disent il marche sur la voie il s’accidente grave  L’obstacle c’est l’humanité Ils disent la masse populaire la masse sauvage  Déchaînée la masse à abattre Ainsi que L’animal Ainsi que Le voyageur L’obstacle c’est la suite Nous allons continuer de prendre soin de l'animal nous aller continuer de tordre les rails nous allons continuer d'enterrer nos morts nous allons continuer d'accélérer de ralentir de bifurquer de nous éloigner de nous rapprocher de nous entre-toucher  L'obstacle il grandit hors silence hors sol il s'épanouit hors contrôle hors de soi hors d'atteinte il se répand hors d'haleine hors norme Ils disent qu'ils commencent à trembler ils disent mais n'ont plus les mots leur langue laminoir laminer LTI abréviations aboiements obstructions injonctions  trahisons à force de terroriser ils nous déterrent nous nos profusions de

 

  Le bunker de son visage Jamais entrée Jamais la paix Béton bombe La mort plusieurs fois   Buter Buter Buter complètement marteau Dès bébé   Visage bunker Entrer N’y songez pas

 

  renégates à poils longs noirs luisants nous luisons renégates au point de ralliement une chaleur à crever des arbres à défendre nous luisons renégates à abattre dans cent ans  on y sera encore dans deux cents ans on y est encore renégates corps dont quelques-uns nus avec parfois des rires têtes enfoncées  dans la terre nous luisons

  À la cuillère au doigt à la fourche S’énucléer, laisser rouler dans la rivière  remous rebonds rapides Les deux yeux de pierre  Qu’ils se frottent s’usent s’érodent Et se clarifie la douleur  cette aigüe cette scie ce marteau cette enclume cette brûlure artillerie armurerie tout y passe boîte crânienne lieu de rendez-vous des terrorismes des extrémismes des suicides  Operculée éjection des yeux de plomb Jetés dans l’immense mouvement bruyant bienfaisant De la cascade S’y coucher à l’envers s’y enfoncer s’y oublier s’y perdre À l’envers être Ophélia visage noyé Ana Mendieta retournée dans sa Creek À l’envers à l’envers écorchez la peau sortez les yeux plongez le masque dans la glace liquide tête entière explose  Morceaux apaisés morceaux récurés crêtes arasées par les lames aquatiques S’éplucher à l’économe tourner la pointe au coin des yeux les sortir les poser dans le fait-tout les arroser de sucre d’eau de miel qu’ils fondent qu’ils glissent qu’ils oublient d’ê

  INUTILE enfin ces mots tes doigts pulpe  terre grise INUTILE d'autres écrivent pour toi des intelligences n'ont pas les doigts tachés  de terrre INUTILE des flots de voix brusquement DU silence D É SERT sable entre les dents et la gorge INUTILE nous avions encore le droit de nous promener INUTILE ce qui  déclaré de jour en jour rétrécit rétrécit rétrécit rétrécit

  En avril, Bruxelles, Marseille, Bordeaux *Le 18 au MIDI DE LA POÉSIE avec 'Les mains d'Hannah' (Editions Tinbad). Je serai accompagnée de Lisa Burg et de sa paire de ciseaux. ↘ Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, réservations ouvertes.  * Du 20 au 22 Marseille où le Cipm m'invite pour trois journées Solo pour aller d'hier à aujourd'hui  * Le 28, avec la Maison de la Poésie de Bordeaux , live poétique à la  Villa Valmont . À partir de 18h30 on entendra Souleymane Diamanka, Milène Tournier, et avec mon ami Ronan Courty nous proposerons 'Rouge pute' (Editions La Contre Allée)

NOS CHÂTEAUX, un livre, des cartes, collectives COLLECTIF , IVE, adj. et subst.  Anton.  individuel. L'initiative, les réalisations, le lien, c'est La missive

  À la proposition de La Missive de travailler ensemble de partager des ateliers de création et quel projet alors ? Public fragile forces singulière éducation populaire les patientes les patients de l’hôpital de jour Nos impatientes patiences   Je cherche commence à Regarder trier sélectionner m’enfoncer Dans les archives, images de ruines ces beautés effondrées Créer nommer ouvrir DOSSIER RUINES ss-dossier DESTRUCTION ss-ss-dossier AU CONTRAIRE Voilà, AU CONTRAIRE En 1947, Lucien  Bonnafé  reprend son activité de  psychiatre  de terrain à Sotteville-les-Rouen, établissement  détruit  par les bombardements où tout est à reconstruire. « Il fallait  détruire  le système aliéniste et bâtir son contraire sur ses  ruines  » , écrit-il. Bâtir sur les ruines. Les ruines de l’ancien monde. Bâtir différemment. Aller à rebours des injonctions à « faire » Choisir de défaire Dans les interstices, créer des résistances, des libertés buissonnières Défaire défaisons intensifions Je

Cette femme est  pendue par centaines aux crochets des boucheries du mâle                depuis bien longtemps                depuis toujours                jusqu’à maintenant Alors les centaines les milliers  les millions s’entendent s’arment se soulèvent Ce monde déséquilibré elles le relèvent écume aux lèvres, tonnerre dans la gorge elles dénoncent elles refusent  Que la pourpre s’étale sous leurs pieds Que la terre tremble de la tête aux pieds  [collage-colorimétrie : Lewis Hine + Andy Warhol]

  Elles furent Femmes samouraïs Nakano Takeko, Hangaku, Dame Tomoe  formées à la calligraphie, à la poésie et au combat Rien d’étonnant alors le pinceau et la naginata  parfaite éducation féminine  Elles chevauchaient à la tête de milliers de soldats Elles dirigeaient, diligentes des bataillons de femmes Elles guerroyaient, victorieuses devant des armées nombreuses À l’autre extrémité de la planète Madeleine de Miraumont, Pauline Léon, Magnette Dupont Nobles guerrières, Soldates et Seigneures  des féminins aux oubliettes des exclusions qu’aucune règle inclusive ne pourra jamais combler

  l'indicible répétition l'atroce cicatrice Warglyphes vient de paraître, aux éditions Bruno Doucey

  Alors que paraissent les livres Alors que trois fois  découverte - trois entrées Trois ne veut pas dire qu’ils ne seraient pas Un Un Un Uniques  passage vers l’écriture unique la langue unique pour y arriver oser l’œil s’attarder sur ce continent - nous voulions cependant le protéger - nous voulions évidemment nous protéger Quand retentit l’appel du mot me pénètre ne me quitte plus jusqu’à ce qu’il trouve      repos sur la page Qu’ Hannah , que La fille du chien , que les Guerres  Des années ou des jours couchent avec moi  Nos fronts se touchant pendant les repas  Leur ombre devant ou derrière lors des promenades inséparables Puisque les circonstances nous ont présentés Puisque les circonstances de l’écriture Car furtivement tel l’animal Nous avons échappé aux traques traquenards battues Nous avons semé pisteurs chasseurs meurtriers Car par essaim Car par troupeau Car par meutes Car par vagues et par siècles Nous avons desserré les crocs métalliques du piège Et définitivement tro