Je vous le dis avant même que vous ne me remettiez ce prix : je vous le dis, vous le répète, vous l’écris. Je refuserai ce prix, je refuserai les honneurs, les discours, les effusions, les méconnaissances. Je resterai dans cette ignorance, ce dépeuplement de mon œuvre. Je croupirai dans les geôles de mon écriture, je ne parcourrai pas les kilomètres d’effusions qui me mèneraient à vous. Ainsi ce prix, tant attendu, cette reconnaissance, tant espérée, ce dénouement, tant imaginé, je le refuse, je le laisse entre vos mains, je lui tourne le dos, je lui montre ma nuque. Parce que je ne ploierai pas, je dirais même que jamais je ne ploierai devant la perfide cérémonie, la clinquante mise en scène de votre amendement. Comment avez-vous pu vous décider à me remettre aujourd’hui ce prix, alors que depuis maintenant vingt ans je vois monter sur les planches vermoulues de vos scènes les mêmes auteurs épris d’eux-mêmes, les mêmes fonctionnaires, les éternels buveurs d’h