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Affichage des articles du 2013

Loch Ness

la page blanche mon lac noir ma noyade mon loch ness mon miroir mon crachat mon linceul boutonné derrière petite tête plusieurs colliers bonnet d'âne fond fleuri papier tendu bras relevés croisés derrière il a dit il parle pas il met son bonnet avant d'entrer il vit en haut en bas plutôt l'escalier c'est pas tout de suite exactement son sort au creux de mes mains

Rois mendiants voyageurs

Rois mendiants voyageurs dans les maisons entrent sortent suivent ne renoncent pas Mille yeux rivés sur elles noir peloton humain Elles voient tout ensoleillé arrachent leur destinée au langage se gonfle s’enfle s’accroit démesurément se prolonge encore Ferment l’œil de la nuit langue pesante d’attente

La rampe

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La rampe, plq, 2013

Le monde à l'envers

Il faudra bien que le pouvoir soit jeté en bas de son siège et que les humbles comme elles soient exaltées. Il faudra bien aussi que ceux qui meurent de faim obtiennent leur rassasiement et que les puissants qui les dévorèrent si longtemps sachent à leur tour ce que c’est que le hurlement des intestins. Il faudra. Que les grands descendent que les petites montent. Il faut. Que la tradition des vainqueurs revienne aux vaincus. Faut. Le dérangement des habitudes la mise à mort de la normalité. Écoute. Les divagations du peuple. Le sursaut du merveilleux. Amarre-toi. Le monde à l’envers. Ce qu’il a de plus beau. 

stupeur

Regarder leur visage est une stupeur Regarder leur cou est une stupeur Regarder leur regard est une stupeur Regarder leur ventre Regarder l’une puis l’autre puis les trois La terre sur laquelle elles se cambrent Le ciel qu’elles touchent Les montagnes qu’elles franchissent Tordues-tendues à la perfection Dans cet enclos, une simultanéité de stupeurs Elles sont le centre et le regard du monde

miracle

je n'écris pas une histoire mais une langue je n'écris pas une situation mais une forme je n'écris pas des personnages mais des langages je n'ai pas besoin de sentiments d'anecdotes d'amour je veux des puissances des mots ajustés des possessions des folies des guérisons je veux des volumes pas des décors pas des déguisements pas des costumes je me fous de la narration de la progression je marche dans la boue je tombe à genoux je frappe au coeur chaque mot est une découverte une horreur une solitude deux mots sont un miracle les recherches interrogent soulèvent le sujet l'écorchent l'écriture est une anatomie elle sort chaque organe le pèse soupèse le dissèque je passe des mois à remettre dans ce corps écartelé les organes étudiés je referme suture au fil de crin au fil rouge au fil noir, la peau de mon support ses poumons remplis d'eau et de pierres tant qu'il ne respire pas je ne respire plus nous supprimons l'air entre les mots

le coffre

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Rossler Jaroslav, sans titre, 1923 Tu ouvres mon livre et tu vois Cette fillette sale et déshydratée était-elle cachée dans le coffre du véhicule depuis Tu lis quelques pages et tu penses Elle aurait pu vivre dans ce coffre depuis sa naissance Tu poursuis la ligne et tu sais La fillette souffrirait d'un retard de développement provoqué par le manque de soin Cette histoire en pleines lettres te raconte Les deux parents du bébé découvert dans un coffre de voiture ont été présentés devant le procureur de la République Les personnages dans ma tête Des gens comme tout le monde éduqués, pas plus sales que vous et moi   En refermant le livre le sentiment Certains se souviennent maintenant d'étranges détails Cela l’as-tu vraiment lu ? Quand il faisait chaud la voiture était recouverte de couvertures Pour te protéger il faudrait Une infor