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Affichage des articles du septembre, 2015

La racine

Sa main cherche la racine à arracher mettre à mort la souche sans fin pousse envahit la tête la chambre passe sous le lit escalade se replante rejaillit boutures indomptables comptable elle dénombre aligne chiffres estimations statistiques sur le chambranle de son bras, s’arme d’un crayon élague enlève allège sublime de courage lèvres pincées muscles bandés t-shirt mouillé elle taille des tombeaux jusqu’au berceau les racines pivotantes fil à retordre qu’elle tord détord avec patience elle extirpe car le moindre morceau donne lieu à une repousse sans réponse autre qu’une intervention immédiate dès l’idée renversée dans sa tête. Attentive aux glissements de terrain elle calcule les entailles les pieds aspirés par le terrain humide sans compter les semences volantes balancées par-dessus les têtes se dispersent à tout vent propageant les mauvais mots mais elle infatigable à l'aide de son instrument creuse profondément la phrase extirpe entièrement la longue langue racine pivotante

MON EXIL

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plq, Mon exil , NY 2015

Au dos

Les dos de photographies sont une honte, la photographie est une camisole elle enferme dans l’erreur l’artifice le semblant entre ses bordures crénelés elle rabote la vérité. La photo de famille est un comble ces dates tracées des inscriptions sommaires des résumés Papa Maman Frère  Sœur  datez et signez s ous la bande noire  ces arrêts sur image arrêts de mort aux sourires figés regards crevés gestes placés. 

Le projet de l’amour

                                       J’ai le projet de l’amour Pas d’un amour pas des amours j’ai le projet de l’amour c’est un projet à long terme comme ma vie est avancée je lui dédie ce qui me reste c’est beaucoup il y a encore de nombreuses années et venues croyances mensonges joies tromperies Qui ne demandent qu’à prendre le nom d’amour                                       Quoique laide j’ai mes jours de beauté de lettres à l’endroit de visage renversé de jouir au nom du projet de l’amour insaisi insaisissable incessant projet propre aux projections paradis et oracles                                       Je jette les dés lis les réponses dans les cailloux le marc de café tasses retournées clavier pattes de lapin trèfles à quatre feuilles effeuiller les marguerites                                       Car enfin après m’être courbée jusqu’à la lie, vigoureux roseau se redresse en un éclat Le projet de l’amour de tête à tête tendres têtus tes cheveux tirés mes che

MON EXIL

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                                                                                                    plq,  mon exil,  ny2015

Le coût

J'ai quitté précipitamment des villes pour fuir des amants devenus étrangers J'ai rejoint précipitamment des villes pour retrouver des amants devenus familiers Il faut payer pour les deux Coups de tête coups de cœur coups de sang coups de corps : tout a un coût

Routes et routines

Mes petites routes routines et habitudes Aller chercher le pain chercher la faim Pas se perdre tête en l’air Des routines Petites routes & habitudes Barrées défoncées sans issue Chercher la langue chercher le mot Sans fin Sans fond Sans forme Oubli des routines des petites routes Me trompe l’œil cul-de-sac & famines Maigre à manger maigre à penser Plus avant dans l’envie Dans l’envol l’invention Des mots plus beaux que du pain La langue pousse hors du chemin Des petites routes des routines

Casa mia

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plq, amnesia , Turin 2015

Vieillesse

Donc à présent lorsque je te croise tu ne me reconnais plus, je n'ai pas vu le jour où la vieillesse est absolument tombée sur toi courbant plus bas ton corps voûtant plus fort tes épaules et ton pull n'est pas entièrement descendu, il est en un gros pli sous tes bras peut-être n'as-tu plus la force de le descendre sur ton ventre, peut-être ta pensée s'interrompt-elle au premier croisement peut-être que tu t'en fous que tu ne sais même plus pourquoi tu es toujours chaque matin à 9 heures dans le parc à trottiner l'air perdu déboussolé et ce sont les bordures des pelouses et celles des bassins qui guident tes pas, la mécanique de ton corps t'emporte tête baissée sur les baskets-paquebots qui déforment tes pieds, parfois tu lèves tes yeux absolument perdu lorsque je m'approche face à toi toujours absolument perdu j'aimante ton regard sur mon plus joli sourire j'attrape ta main la serre ne la lâche pas ni elle ni ton regard " Bonjour R ."

Le monde

le monde-en-creux le monde-en-croix le monde-en-cru le monde tu crois le monde son creux le monde sa croix le monde et moi le monde me noie le monde me broie le monde ma croix le monde ma voix le monde mon creux le monde en proie le monde en soi le monde en moi mon monde en feu mon moi de feu mon moi la proie mon moi le preux mon moi le peu mon moi la peur le monde me heurte

L'inédit

Ce matin nous deux lignes dans le ciel flamboie Ton corps un autre ciel au-dessus de moi Chant d’oiseau étouffé Débuts de conversation La très fameuse épaule où s’épancher se pencher s’épauler Mots de flammes tes voyages me consument Fenêtres closes portes fermées corps ouverts Ta saveur longue en bouche épices fruits rouges écorce et dieu sait quoi d’inédit

L'abito di Versino

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Devant moi en quatre morceaux Je te reconstruis te reconstitue te rhabille Versino et le chapeau n’est pas dans la vitrine J’approche mes narines d’une fente entre deux verres je voudrais te respirer. En quatre morceaux pantalon manteau tunique et chaussures manque ton chapeau Versino l’abito di Versino. Précoce démence tu as pensé à tout au pantalon au manteau à la tunique aux chaussures Et l’écharpe Quarante-trois kilos de purification que tu endosses « Il peso di questo vestito è di kg 43 e l’ammalato ben raramente, estate e inverno, si astiene d’all indossarlo » Dans lesquelles tu te coules. Tu coules. Chaque jour tu nettoies les sols de l’asile puis lave les serpillières puis les défiles puis formes des cordons pour tisser tes vêtements ton rituel ta peau. Démence précoce tu t’es préparé gigantesque devant moi en quatre morceaux, de combien de morceaux as-tu besoin pour être réuni en un seul et unique ? Tu tisses l’habit tant grand tant élégant avec a

Les ongles

Avalés par la peau Tes mots dégringolent Sur nos horizontales « La fleur de ton œil Les cierges de tes os L’arbre de tes poumons La libellule de ton utérus Ton cerveau Rorschach » J’ai mal aux coins des ongles Doucement en m’attrapant la main Ici tout le monde croit Que je suis encore vivante

L'amant

j'étais venue voir mon ami mon amant nous parlions comme toujours avec mon ami,mon amant soudain nous bouches n'articulaient plus de mots mais des baisers mon ami-mon amant nous ignorions avoir tant à nous dire autrement monami monamant les mains la peau les yeux le sexe de monamimonamant me réservaient bien des dialogues bien des jeux entre amis entre amants

Shooting Myself into a Paper

Je pourrais me tirer dessus, me prendre pour cible cela ne ressemble pas à un suicide seul le champ lexical est trompeur - arme munition mort - non il s'agit de me traquer de me pister de me tenir en joue, il s'agit d'être des deux côtés à la fois face à face à forces chasseur et proie sortir du piège comme l'écriture son piège aux mâchoires de fer obligée de me ronger les bras pour m'échapper de là et du jeu de la mort je préfère shooting myself que la balle d'un autre - les armées sévissent régissent se réunissent jouissent se régalent - je préfère me dévorer moi-même me chasser seule m'attraper seule m’étrangler seule m'agripper à la peur l'étaler sur le papier détaler dériver déployer mes voiles mes drapeaux construire ma poétique politique ma défense d'entrer mes explosifs, l’innocence au bout du canon l'innocence au bout du crayon.

Descendre

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plq, Descendre, Paris 2015

Monter

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plq,  monter , Turin 2015

Descendre

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plq, descendre , Turin 2015

Monter

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plq, monter , Turin 2015

Descendre

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plq, descendre, Turin 2015

Monter

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plq, monter , Turin 2015

L’appartement des Cris-la-Nuit

Nous habitions l’appartement des Cris-la-Nuit et la première fois qu’elle m’a menée à lui. s’agenouiller . c’est alors que l’on n’entend plus rien. je veux juste jouer dit-il . reculer devant la main . forêt de jambes. m’empêche. tu n’iras pas plus loin. la main termine son mouvement. X déborde à chaque formulaire un peu plus grasse menaçante Nous habitions l’appartement des Cris-la-Nuit et la première fois qu’elle m’a menée à lui. s’agenouiller . c’est alors que l’on n’entend plus rien. je veux juste jouer dit-il . reculer devant la main . forêt de jambes. m’empêche. tu n’iras pas plus loin. la main termine son mouvement . à coups de silence soumises à de sévères espoirs les ombres s’éloignent Nous habitions l’appartement des Cris-la-Nuit et la première fois qu’elle m’a menée à lui. s’agenouiller . c’est alors que l’on n’entend plus rien. je veux juste jouer dit-il . reculer devant la main . forêt de jambes. m’empêche. tu n’iras pas plus loin

Les moustiques

Les moustiques frappent la toile de leur désir fou et minuscule d’embrasser l'enfant enfoncé dans un sommeil de vase aigre où se posent décollent s’agglutinent deux bons centimètres de bestioles auxquelles l'enfant offre la chair tendre de son bras échappé de sous la toile d’un cauchemar mortel. C’est très éventré très déchiré très renversé très pulvérisé très imbibé le cloaque familial de même que sont très éventrés très déchirés très renversés très pulvérisés très imbibés les habitants du cloaque et très sombre la colère de la mère qui démarre de tout en bas et s’étend en lourde nappe sur les ruines et les ruinés jusqu’à ce qu’ils penchent un peu la tête ou brandisse brusquement un bras hors du bourdonnement noir.

MON EXIL

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plq, NY2015 Je veux être une ombre découpée à la fenêtre ouverte Un contre-jour à l’à-pic d’un mur rouge de briques Une silhouette en équilibre sur l'échelle d’incendie Je veux l’exil de la grande ville le masque de l’anonyme Traverser le canyon entre les gratte-ciel Je veux courir debout sur les toits marcher debout entre les buildings debout Je veux les mots writés aux crêtes les ponts bruyants les lendemains inconnus Je veux y retourner me retourner Je veux les coups de feu de la vie l’abandon d’ici

Quatre pages

J’habite entre quatre pages mi-solides mi-brûlées Sols incertains moellons et mots Déchirer ci-devant plus de lumière entre Entre mes quatre pages je ne tourne pas toujours rond Titube me cogne trop Trinque avec mes morts au mot d’avant d’après J’habite entre quatre pages Ça protège Quatre se plient en fuite Ma blanche armure de disparition

Sommeil bleu

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Sommeil Bleu - Isabelle Vaillant - 2014

Avec mes remerciements (3)

T’as vu/reçu la meilleure éducation L’entrainement des tranchées T’as vu toi aussi fille de Fille de garce fille d’enfoiré Comme les autres tu vois ça sert Pour en arriver là arriver là   T’as vu t’es près du but ! Avec tes amis fille de - fils de ! T’as vu quand ils t’ont amputé T’as rien senti T’as vu c’est juste un peu plus grand que tes débuts T’as vu la famille agrandie L’amour de mourir Mes Frères Mes Sœurs T’as vu tu es en plein milieu Hare Krishna T’as vu tu comptes les années Toi tu l’as vu le mal T’as vu t’adorerais que ça éblouisse Arracher les masques montrez-vous ! T’as vu tu les vois T’as vu t’y crois toujours pas C’est peut-être ça qui te sauvera Finir vite c’est ce que t’as toujours voulu Mais le spectacle en vaut la peine Oh oui ça vaut ta peine Voyeurs voyeuses accourez T’as vu les bellâtres de la pensée T’as vu les chiures créer Les pourritures exposées T’as vu les liasses ficelées Recouvrir la merde

Avec mes remerciements (2)

T’a vu tous ces gosses dépecés T’as vu les suicidés les reclus Pourquoi sortir y’a quoi à voir T’as pas tout vu ! T’as vu toujours rien à négocier Mon fond de poubelle à partager Allah est grand T’as vu le paquet de chair la femme T’as vu les homos à fond tabassés T’as vu ces fientes dresser leurs plans Tu l’as lu ton avenir ? T’as vu la maîtrise du mensonge  Admire l’insulte la terreur l’horreur T’as vu ils t’ont bien appris A respecter les plus puissants Merci merci tu sais y faire la leçon tu la connais Dieu est grand T’as vu les curés se branler T’as vu les orphelins se faire enculer T’as vu ils vont trouver les responsables T’as vu c’est écrit noirsurblanc T’as du crédit en anxiolytiques Neuroleptiques c’est chic T’as senti l’haleine fond de culotte Fond de faute fond de désastre T’as vu les pourritures, humain T’as vu ils ont bien fait Te dire tous les jours quelle merde tu étais C’est vrai ! c’est vrai ! Pas la plus

Avec mes remerciements (1)

T’as vu va falloir les remercier T’as vu ils t’avaient bien préparée T’as vu les mêmes en plus grand Dix cent millions T’as vu dans les poubelles les bateaux les rues T’as vu c’était pour ce monde-là T’as vu  ça sent toujours la merde Ça sort par tous les orifices les oriflammes Recouvert de religions de politiques d’économie Transparence&morale T’as vu les piliers T’as vu ils t’avaient pas menti Après le rien accéder au minimum T’as vu juste à signer - ici T’as vu bien écrasés tous sacrifiés Tu la sens l’humiliation tu la sens bien ? T’as vu les nouveaux fours crématoires Les milliers les migrants dans les mers dans les guerres les tours les déserts la misère t’as vu le présent passer ? t’as vu la honte elle t’a pas quittée plus honte que de toi que de deux honte de tous - plus fort plus de bruit