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Affichage des articles du octobre, 2016

soudain

le soudain des transitions lorsqu’il arrive le soudain, sa soudaineté, le soudain soudainement nous bascule bouscule personne n’était prêt aucun entrainement aucune chance soudain il est là. de mon loin je l’observe en pliant le dos rentrant les épaules au comble de l’exactitude exacte par toutes les bouches de mes mots je coïncide avec la sourde langue soudaine. pose ma joue sur la panse du monde écoute ses battements réguliers prête à battre le fer des phrases à nu-mains soudées à la panse des pensées reculées je soudainement le langage dessoudé.

TOKYO

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PLQ, Tokyo, 2016

NYC

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PLQ, NYC, 2016

Les draps

Tes mots tombent comme des draps sur les meubles de notre passion recouvrent tout devient fantôme à l'abandon de l'amour succède ce grand silence qui ouvre le ventre voile les paupières Que personne ne bouge que personne ne parle que personne ne parte je reste ici au milieu de la pièce vide les montagnes blanches en cercle autour de moi écueil ombreux où échouer au bord de l'inarticulé noyée dans l'eau de la nuit

L'excédent

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Vient de paraître, chez littérature mineure

CLEO LEE

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trois bouquets

un enjambement en arrière en avant d’irrégularité une cadence en avant en arrière je m’habille vite je sors la nuit de la nuit je sors aussitôt dehors je me réveille avec méthode et le corps méthodique me tiens pour ainsi dire sur deux jambes fumée enroulée aux chevilles chevreuils dociles ivres de rosée je suçote des dragées d’obscurité la rétine décollée le respir incarné me recouche allongée flanc gauche sur l’ancien lit de fleurs blanches

CLEO LEE

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Séparations

Ne quitte pas la table les mains vides Ne quitte pas la lignée le ventre vide Ne quitte pas un livre l’esprit vide Ne quitte pas l’amour le cœur vide Ne quitte pas l’endroit les yeux vides Ne quitte pas la page le corps vide  Ne quitte pas ta vie ton livre vide

à Tokyo

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RENCONTRE

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MAISON DE LA POÉSIE DE POITIERS samedi 15 octobre  à 18h  lecture rencontre avec  Cécile GUIVARCH  et  Perrine LE QUERREC   au 198 Faubourg du Pont Neuf à Poitiers

Le plan

Il n’a pas encore rassemblé tous les parents Les Anciens Les Nouvellement inquiets Il n’a pas encore terminé le plan Les évidements Les évitements Les évidences Il n’a pas encore organisé le vaste matériau En une vue générale Pour l’assemblée générale Il n’a pas encore trié de sa mémoire Les bibelots Les gros lots Les sanglots Il n’a pas encore assez amassé Innocence arrogance Pour épaissir sous ses pieds L’histoire à fouler Au toucher et par réécriture

Sur la voie

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PLQ, Sur la voie, 2016

Le quart

Va prendre ton quart Ton quart d'heure de gloire Ton quart d’écriture Ça tient dans ton stylo Le temps au complet La vie complète Tracée au doigt Ton langage agité Jamais au repos Le discours de l’insomnie

Le maillet

Il applique sa violence sur les joues la bouche à l’estomac Sans harmonie sans beauté                                                    méthode Il déferle il écume déchire saigne plie froisse dérange Sans aucune notion de rien de qui elle est et aurait-elle quelque chose à dire                                    par hasard ? Les mots s’accrochent à la bave rouge et ne disent                                                             ont à peine le temps de se former         s’abat le maillet du silence  

Ma vie

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Poétesse, essayiste, traductrice et éditrice américaine, Lyn Hejinian est née à San Francisco en 1941. En 1987 elle publie My Life . Ma vie, My Life , poétise, essayse, théorise, la vie de Lyn Hejinian : 45 chapitres de 45 phrases pour une vie comprenant alors 45 années. Nous naviguons dans l’archipel de sa mémoire, à bord d’une machine de précision qui subtilement se dérègle. Machine mathématique, poétique, mémorielle, expérimentale. Dans un même stylo, sur une même page, tiennent des phrases en accéléré, des phrases déchaînées, libres, sans relation les unes aux autres, comme si chacune n’avait qu’un seul but : faire oublier la précédente, se soulevant à mesure que le récit progresse, soulevant les strates de la mémoire, des perceptions, tissant ainsi une toile de vie, serrée, éclatante. Une histoire orale mais écrite, à la va-comme-je-te-parle, des tête-à-queue syntaxique, des tourbillons phonétiques. Devant nos yeux, à l’oreille aussi, s’érige un récit qu’on

Elle dit : Il y a une petite ombre là et lui ne répond rien ne voit rien que son tableau de mots rutilants où la petite ombre-là n’a aucune place légitimité la petite ombre là il la chasse d’un mouvement du poignet et poursuit l’accumulation de ses joies d’œillères tandis que la petite ombre là s’agite creuse et vit elle la voit elle la petite ombre là joue au nuage passe repasse sur le discours haut sonnant et trébuche l’écoute agacée par la petite ombre là belle à pleurer elle en convient comme elle attire la petite ombre là derrière elle l’immense la très grande l’infinie faille du tourment vorace trou d’ombres tombe dans la petite ombre là l’aimant, là approche, la voix s’éloigne, là tombe dans l’ombre petite, là, là, tout va bien

CLEO LEE

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Pas plus

Érosion Glissement petit Sous ses pieds Crissement léger Les grains du sol roulent Dessous soudain instable Coup de vent Et le déracinement du corps Lentement ployer Les extrémités faibles Ne pas chercher à endiguer La fuite vive à présent Sol penché éboulis Et dérape le pied le corps la raison Des larmes de solitude tant de soucis Quelle peine d’écarter les chagrins L’oppressante brisure Reste au milieu ne bouge pas Mains sur le visage Cacher les ombres menacent Aberrantes béantes ELLE ne peut s’empêcher de sauter le précipice à peine vu Dévale ELLE glisse jusqu’en bas La terre fuit se dérobe ELLE fuit s’enfuit se dérobe Au précipice fait cadeau de son nom Le sol de grains ne suffit plus S’ajoutent la peau les nerfs les os les mots Pas plus