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Affichage des articles du janvier, 2017

L'étrangère

Quelle étrangeté de voir ses mots chez d’autres, papiers scotchés sur les murs où l'on se lit comme pensée ou chant que le regard chaque jour peut rencontrer afin d’y puiser lumière ou élan. Quelle étrangeté ses mots à découverts, dans une verticalité offerte les parcourir en y sentant bien une familiarité mais n’en percevoir la maternité qu’au terme d’un processus de secondes morcelées soudainement restaurées. Quelle étrangeté cette étrangère Bouleversée jusqu’au bouleversement Émue jusqu’à l’émotion Les étoiles traversent le miroir A l’aune de la troisième personne Ni je ni tu ni toi ni moi Je, nous Je, vous

Dévisage

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Je dévisage mon sujet mon objet mon héros mes yeux le dévisagent mot à mot trait à trait point à point trace les lignes de ses yeux dans mes yeux notre essaim notre nous dévisage me lit gobe les mots un à un s’en pétrit. plq, dévisage, 2017

Détournement

La lame des patins sur la glace Les coupures sur la page ouvrent des entailles de sens Jusqu’au sang mordre le crayon Échapper à l’étranglement des phrases Toucher des seins sous des pulls Des lourdeurs de chair sous la laine Regarder danser les formes Échapper aux cordes des phrases Détourner les mots détourner les corps L’attention absolument détournée Manger sa propre langue Jusqu’à s’en rendre muet Se bouffer les possibilités

CLEO LEE

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Becquée

Il y a un asticot qui grimpe sur ta brosse à dents que je n’enlève pas pensant ne pensant rien sauf le ver blanc entrant dans ta bouche sinuant entre tes dents jusqu’à devenir bouillie qui passerait dans ma bouche au prochain baiser comme l’oiseau sa becquée. On laisse toujours passer les moments les plus précipices.

Matin

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Selve

S’enfoncer d’une main malhabile nelle salva nera. S’essuyer les mains, selve nere. Rester assis ainsi plus d’une demi-heure. Critiquer son propre maintien. La bouche ouverte comme un poisson. Corriger sa tenue face aux pins. Le visage enfoncé en lui-même. Ne pas regimber. Pour finir ouvrir la portière et sauter.

Année zéro

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Evreux année zéro lorsque la guerre engraissait la mort défaisait le vivant "Evreux, année zéro" exposition mémorielle 1942 des robes de baptême en toile de parachute des enfances qui durent l’éternité à travers les décombres trouver le chemin de l’école Désolation, désolation Samuel Buckman les dalles noires de ses Ouragans Au-dessus de la cheminée les ancêtres mémoire opaque voilée d’ombres Galerie de portraits sans visage sans nom, l’effacement désolé Stèles lisses du Temps griffées d’agitation Peau de cadavres sous la fumée des ruines Suie et oubli Suis et oublie Nuit et brouillard Inventaire d’objets évacués NE PLIONS PAS SOUS LA BOTTE J’irai manger dans vos assiettes Votre pain Vos tessons Vos restes et vos fragiles Vos brisées, vies hérissées J’irai ériger le souvenir Ecriture active, mesures à prendre en cas de bombardement L’ennui, la faim, la boue L’enfant à la truelle œuvre à la reconstruction là où il

ARCHITECTURE

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PLQ, NY 2016

Transparent

Tous les objets devenus de verre transparents dans les replis d’une vie transparente marcher alors que le toit vous tombe dessus qu’à tous les extrêmes des yeux nous fixent que les citernes explosent les incendies implosent marcher la fanfare tue La minute de silence son heure venue du silence au moins La peur m’a rendue folle désolée je ne pourrais plus marcher si haut et si pur je m’interromps au mètre 250 de l’émeute de mon corps Rassurez-moi sur ma présence de verre dans les plis repliés de la vie immobile

Peep show

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La femme derrière le rideau quand il suffit d’une pièce pour mater la femme derrière la vitre La femme derrière la page quand il suffit d’une pièce pour mater la femme derrière le mot plq, Architettura, 2017

Inauguration

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PLQ, Une enfance, 2017 Avoir une enfance, n’est-ce-pas le maximum ? Je l’ai plus maintenant que pendant qu’elle existait. Tentait. Tentait d’exister. Elle existait pleinement et tous nous existions pleinement. Ce silence des enfants punis à la naissance comme il est long d’un cri si vivant anciennement. Plus vivant aujourd’hui. Avec les genoux couronnés de crasse cheminer droit des kilomètres d’années. S’inaugurer toujours. PLQ, Une enfance, 2017

Le jour où

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plq, bnf, 2017 Cette déclaration sur le mur : JE VEUT VIVRE DANS UN CAMION ET ECRIR DES CHANSONS Elle me va comme un gant à cinq doigts pour cette fin de journée fin de semaine fin de lecture fin de recherche je ferme tout referme yeux cahiers écran porte. Je veux vivre dans un mouvement qui m'emporte ici et là chaque jour ouvrir les yeux ailleurs. Écrire des chansons des poèmes des textes longs comme la route évidés comme l'ornière dangereux comme le virage.  Je suis atteinte du syndrome de la cabane, traçant les symptômes sur un cahier-clôture, pour le jour où Où je partirai loin de tout Où je partirai loin de tous Où définitivement ce sera là et rien autour Parce que parler communiquer être avec souvent c'est non Parce que s'enfermer en silence dans l'espace le plus étroit souvent c'est oui Parce qu'un autre monde celui où simplement le soleil se lève Parce que face à soi, pourquoi pas

La carte

Des mots, oublier la fonction Ajuster à la phrase leur beauté Mots indociles insensés aux ordres Voyager sans regarder la carte Choisir sa vérité

Visions

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PLQ, Purple, 2017 nous sommes tous des visages sans regard sans ouverture sans fenêtres des aveugles  mats  opaques sur lesquels bruits et fureur rebondissent glissent ruissellent ne creusant aucun sillon aucune fissure. nous sommes tous des visages aux mille yeux mille passages mille regards tournés vers vous vers nous des fenêtres obtuses dénonciatrices d’hallucinées visions répétitives démultipliées en chutes d’une réalité l’autre d’un étage à l’autre jusqu’aux entrailles, les nôtres, les vôtres.  j'ai mal aux yeux mais comment les fermer ?  envie de tout abandonner sauf le regard.

CLEO LEE

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Le froid

Dans le silence du froid s’avance le désarroi Flancs frottés aux herbes drues ils reconnaissent                               avec effort Les enfants sans visage, non pas une seule fois Mais tout au long des nuits ruisselantes 

Effraction

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plq,  Doedskamp, 1915, détail, Oslo Pleurer des morts qui ne sont pas les miens, des morts de peinture, des morts de Munch. Entrer par effraction, des scènes de deuils, des seuils resserrés entre des mondes dilatés. Trembler devant une robe blanche masse triangulaire épaisse sanglée d’une ceinture rouge Deux matières qui se rencontrent qui se percutent se hurlent dessus se heurtent pour peindre finalement une robe blanche et sa ceinture rouge À la suite agrippée crochetée une cohorte d’ombres des masses compactes ruisselantes, une aile noire Les bottines sombres glissent sur le sol d’huile Dilatations ondulations violentes coulures des rapidités des flux contraires Tout est drame tant les limites floues ambiguës sont toutes dépassées toutes outrepassées et nous projetés dans un outre-monde un outre-temps de corps flottants 'Le peintre et son modèle' autre vertige de formes diluées en long lacis lassos ivres de couleurs l’intérieur est aussi l’extérie

Numéro 3

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Les Cahiers de Tinbad N°03 Collectif  Prix : 15 euros Pour commander, c'est ICI

La peau

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Ils sont deux à vouloir ta peau l'un pour la baiser l'autre pour la trouer PLQ, déclinaison, 2016

La décision – la direction

J’ai pris la décision – la direction Pris la bonne direction – décision La décisive – la directive En temps de résolution – révolution Coché la mauvaise direction – décision Envoyée dans la bancale décision- direction Je clopine vers la bonne direction-décision S’il n’y avait que les mots sens dessus dessous S’il n’y avait que ma grise sens dessus dessous S’il n’y avait que les murs sens dessus dessous S’il n’y avait que mes cuisses sens dessus dessous Direction-décision sens dessus dessous S’il n’y avait que les droits sens dessus dessous Mais il y a le monde En temps de résolution – révolution Les décisions-directions sens dessus dessous il y a nous très écrasés très sacrifiés très asphyxiés

CLEO LEE

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Propriétaire

Il laisse pousser les dégâts c’est une terre fertile sa propriété Le langage greffé sur le tronc du corps il crache dans ses mains Il sait qu’il est blessé mais veut guérir à la fois blessé à la fois guéri A la fois dégâts à la fois fertile A la fois langage à la fois crachats A la fois libre à la fois prisonnier Du lieu que l’on ne quitte pas Sa propriété

Les Cahiers de Tinbad

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Avec Unica, commencer l'année. Avec Unica, onduler des lignes. Avec Zürn, compter les visages. Avec Unica Zürn vous convier, jeudi 19 janvier à partir de 18 heures espace de l'autre LIVRE entendre les voix du numéro 3 des Cahiers de Tinbad 13 rue de l'école polytechnique Paris 5 métro maubert-mutualité