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Affichage des articles du septembre, 2013

LECTURE

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Le 3 octobre, à 19h30 , lecture à deux voix d'extraits du Plancher (éditions Les doigts dans la prose )   au Musée Singer-Polignac, hôpital Sainte Anne, à l'occasion de l'exposition "Du visible à  l'illisible" (du 14/9 au 27/11) avec : Bass Dhem où : 1, rue Cabanis, Paris 14, métro Glacière participation : 2 euros

sacrifice

on t'attache les mains pour que tu n'étreignes pas la peur on te bande les yeux pour qu'aveugle devant l'horreur on te met à genoux pour ta pénitence mortelle ta mère devant toi son enfant à genoux mains liées yeux bandés ta mère te sacrifie si tu pouvais être déjà mort rien que ça c'est tout ce que tu demandes enterré à la lisière comme les autres

le continent

Nous sommes bientôt vous verrez Nous avons traversé plus de désert, plus de famines plus de guerres, plus de dictatures plus de violence, plus de mensonges plus de promesses, plus de temps Nous connaissons les âmes les fous sont parmi nous notre chair naît guerrière Nous sommes à quelques meurtres de vous.

Silence je me noie

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vient de paraître, aux éditions Derrière la salle de bains . Pour le commander : c'est ici

le menton

Il suce la moelle des cailloux se repaît d'ignorance Tient le menton des fleurs pour leur parler se repaît d'innocence

Les nuages

Quitter le rivage de terre et de cailloux, s’avancer vers les nuages. D’un pied tâter la matière, y entrer, d’une jambe, d’un corps d’un coup. Plonger dans la mer, s’en recouvrir crèvent les gouttes contre la peau nue des jambes s’alourdissent les cheveux la bouche pleine déchirer les nuages. Un ciel d’eau sur les épaules, disparaître.

Le tablier

Le coin du tablier Essuie la table, les larmes Le bord de l’évier, le front La buée des carreaux, le nez Attrape le monde Le manche de la casserole Cache l’émotion des mains.

Une dentelle blanche

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La fin du petit déjeuner chez Madame Vuillard, Edouard Vuillard, 1895

Une dentelle blanche

Ce ne sont pas des corps mais des masses qui se penchent mangent se rapprochent. Des masses de conflits. Avec la lumière, l’espace. Des masses en guerre. À la recherche de leur humanité, parfois juste une dentelle blanche, une ceinture noire. L’épaisse tasse verte devant la robe bleue, la nuque en tronc, la tenture murale en forêt, dedans ils sont dehors, sous leurs pieds le sol de terre, animé, mouvant. Ils sont tous inachevés, tous à se transformer soit pour tenir, soit pour disparaître. 

La promenade

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Édouard Vuillard -  Fillettes se promenant , vers 1891, huile sur toile

La promenade

On dit qu’elles se promènent mais le chemin s’arrête devant leurs pieds, la végétation ferme la route. On dit qu’elles se promènent mais l’une se tord et se cache derrière l’autre mais les visages aveugles mats. On dit deux fillettes mais deux géantes les poignets cassés les vêtements poids. La lumière suit une ligne noire et brûle quelques trouées. Le visage de l’une replié derrière le dos de l’autre. La natte lourde creuse le corps, coulée de peinture sur la robe les mains moignons le corps trop haut la tête perchée. Est-ce par ici qu'il faudrait regarder, qu'il faudrait parler?