L'ENTRESORT

plq, Carole, 2019 Libérée de la servitude d’être utile Carole se présente nue face à la langue nulle tombe ne portera son nom sous le mien ou un tiret entre elle-moi il est impossible de prévoir les paragraphes des biographes les épitaphes qui résumeraient Carole sa vie son œuvre l’anthropologie de son regard outil vivant, son œil-mon mot notre manducation esprit-corps ma main double la sienne tandis que ses mots doublure de soie du manteau jeté sur mes épaules je mange la leçon dans le creux de sa paume ma voix dessine sa bouche articule des lignes de vie d’amour de tête de destin sous les empreintes de nos dix doigts dans la mousse de ma salive os et tympans miment Carole se met en mouvement entre deux maisons deux points de vue deux consonnes nous faisons connaissance en route et ne pouvons plus nous séparer ce n’est pas un hasard.

PLQ, Pascal Convert - Revoir Bamiyan (détail) - Musée Guimet 2019 Elle porte l’entière civilisation, l’entière responsabilité l’entière destruction. La mémoire. La honte. Le trou. L’impact de l’ombre sa présence incontournable. Le gouffre. Bouche ouverte au hurlement figé-le silence après l’horreur. Des niches noires insoutenable absence « Les niches » premier mot à l’esprit aspiré par la bonde de la désolation Devant le trou             le manque le vide l’enlèvement l’oblitération l’impensable l’ignorance la violence la destruction massive adossée aux montagnes vers l’infini immaculé l’impact de la guerre c’est le trou le vide le noir l’élimination l’éradication l’extermination. Aspirée dans le trou noir les formes manquantes les grands absents ils veillent du fond de la paroi ils contemplent de leurs yeux arrachés de leur corps mutilé par l’absence ils règnent les grands bouddhas 35 mètres de vide à l’Est 53 mètres d’ombre à l’Ouest l’i

dire ce que les arts font aux mots , à la syntaxe THÉORIE & PRATIQUE 1/ De l'art dans la littérature, entêtant thème de  la 12ème édition des journées de rencontres : "Littérature, enjeux contemporains" organisée par la MEL Tentative de réponse le  jeudi 24 janvier à l’université Paris Nanterre, je dialoguerai avec  Gilles Weinzaepflen, sous la haute vigilance   de  Jean-Marc Moura. ( 14h30/15h15,  Nanterre Université, 200 avenue de la République 92000 Nanterre Bâtiment B "Grappin", Salle de conférence et des Conseils) Le programme des trois journées est ICI 2/ BACON LE CANNIBALE , lecture par Claude Thébert  puis entretien avec l'auteure Samedi 26 janvier à 11h30 à la Librairie le Rameau d'Or Boulevard Georges-Favon 17 1204 Genève

Rue vides/ verres cassés/ entre les pavés/ les indigents/ se saluent/ sacs de pierres/ au bout des bras/ vie de pavé/ en haut du ciel/ les porteuses d’eau/ enjambent/le monde/

plq, Carole, 2019 Je me cramponne à ma table au cas où tu voudrais m’en arracher Carole m’y tient corps et âme liés comme j’en suis heureuse à ma table attachée à son ombre assignée jusqu’à notre tombe je parcours le fil d’araignée qui me relie à Carole sans que je ne connaisse rien de sa vie l’obscénité d’une union où il n’y aurait rien à attendre rien à dire en un mot comme en cent la coupe est pleine ses vanités toutes renversées dessinent des motifs au hasard.

plq+am, switzerland, 2019

Je suis                                la propriété du foyer Au service de Le pied de sa maîtresse Appuyé sur la nuque La bouche pleine de faim Le corps glacé Ils l’ont reconnue à ses pieds bleus chaussés de neige devant l’école où ombre elle dépose les fils héritiers

PLQ, Baies, 2019 Je m’enfonce dans le silence blanc Attentive aux empreintes, à tout ce qui meurt, se cachette Je trousse le silence de ma jupe Dessine d’or des arabesques bavardes Sous l’œil de ma salive la terre se perce de regards noirs L’air perlé d’hémoglobine je fredonne le froid Remous d’encre de tes cheveux dans le silence de la neige j’organise le poème M’installer ne plus repartir Je piétine le vent la gorge rouge criblée de flocons mes mains renversent la terre Sous le silence blanc mes mots s’effacent

plq,au seuil, 2018 Lorsque tu embrasses mes mains tachées d’encre Lorsque tu embrasses mes yeux tachés d’encre Lorsque tu embrasses mes seins tachés d’encre Lorsque tu embrasses ma bouche tachée d’encre je mange les mots sur ta bouche je mange l’amour d’une nuit à l’autre je parle aux instants la déclaration sur la lèvre inférieure                                balbutiante Lorsque tu repasses le seuil Lorsque tu refermes la porte Ton corps nu couché dans mes yeux mes mains mes seins ma bouche                                     étrangers Lorsque tu repasses le seuil Lorsque la porte Je reste en terre étrangère les murs le plancher le lit étrangers les autres les mots la porte étrangers tout se tait Dans ton départ tu emportes mes yeux

plq, Nairy Baghramian (détail), 2019 elle reprend sa respiration le monde entier dans ses narines ET elle bloque le monde entier dans ses poumons et elle étoufferait le dos raide contre sa chaise et un oiseau se cogne contre la fenêtre et elle plonge dans la page blanche sur la table et les poumons pleins du monde elle s’enfonce dans la page et sa tête la première et elle descend s’aide de ses deux mains et de sa bouche les lambeaux d’air et de mots et le feu de l’impossible yeux ouverts et la déchirure le cri elle redresse son buste et la page mouillée du monde et l’oiseau étourdi à ses pieds et elle rejette sa tête en arrière la bouche gouffre et elle respire elle aspire elle inspire et pas même une minute écoulée et front incliné saut de l’ange ET assommée sur la page l’écume aux pensées aux narines à la bouche et sous le plastron de plumes le cœur bat encore et par brassées l’exploration des royaumes inconnus étouffer jusqu’à

 La Construction  Samedi 12 janvier 2019  De 14 heures à 16 heures 30 dans le cadre du séminaire animé par Lise Maurer Ce sera à l'Institut Protestant de Théologie - 83 B oulevard Arago - 75014 PARIS Participation aux frais sur place 10 euros Tous les événements à venir sont à retrouver sur le site :   http://www.perrine-lequerrec.fr/news.html

plq, Carole, 2019 Au café je commande nos boissons l’express de Carole mon verre d'eau ses expressions d’indifférence lorsque son buste pivote contre le zinc elle regarde de myope les clients leurs mains leurs coudes leurs lèvres leurs conversations leur froissement de nouvelles leur lenteur à la radio on annonce la naissance d’un agneau, leurs humanités naturalia   et artificiala le monde dans sa grande curiosité Carole pose le viseur sur son œil je regarde elle modifie très légèrement le point le réel d’une virgule d’un pixel en dire plus ou pas assez, moins ou simplement laisser le hasard faire les choses.