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Affichage des articles du avril, 2014

L'orage

Il lui faut, pense-t-il, amener l’orage en lui, se coucher sur la terre, se creuser un passage dans l’univers, yeux et bouche grands ouverts, avaler les déchirures de sa poitrine, dériver, dérober la montagne la soustraire au théâtre. Il ose à peine respirer. Il cambre le pied. Le tonnerre résonne au-dessus de lui. Les voix tantôt d’ici tantôt de là contre la montagne avalées par les crevasses. Il se lève brusquement et dévale la pente. Ses cheveux pendent sur ses joues. Sa salive bouillonne aux angles du visage ; dans ses yeux et tout autour de sa bouche ses vêtements sont déchirés.    

L'INITIALE

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"Tu dis écrire sur soi. Cela me semble si peu intéressant et en somme déjà écrit, le soi écrit jusqu’à la corde - les je les miens ne m’intéressent pas."  Aux Éditions Derrière la salle de bains , L'INITIALE

je reviens

J’ai peur de la nuit des bruits de nuit du chemin si noir où tu n’es plus dans ma main avec ton souffle lorsque tu m’attachais « je reviens » le chemin toujours si noir mais la lumière de deux mots pose un bandeau sur mes yeux cache le chemin le spectacle de la nuit tapie sur les bords dans son fossé et sous mes pieds je la sens qui bouge ondule, elle monte humide le long de mes jambes et l’intérieur de mes cuisses pour entrer brutalement en moi, elle revient sans le dire je l’entends l’attends les yeux bandés et le poteau vertical contre mon dos recouvert de peau et d’écailles me garde debout face à l’attente gavée de nuit et d’effets secondaires hallucinations dédoublement de personnalité personnalité nausées vomissements rigidité risques d’évanouissement j’aime les pluriels je fredonne hors de moi I’m waiting for my man dans mes mains les cachets et les galets roulent recouvrent mes yeux d’un voile que tu ne noues ni ne dénoues tandis que je broute docilement l’herbe de nuit e

La fille d'avant

Je suis la fille d’avant, il me traîne à côté de lui, me répond en regardant droit devant. Mais je suis là, à gauche. De biais. J’essaie tout et ma voix geignarde depuis que je suis désignée la fille d’avant. A droite sa nouvelle femme dont il serre fermement la main, sa nouvelle femme qui n’a rien à voir avec moi, pas un regard, et mon père entre nous deux se dresse insurmontable se creuse infranchissable. Il presse compresse les doigts de la femme de droite sa nouvelle femme ma belle-mère, dès que je parle désarticulée, mon problème de chaussures, mon souci d’école, mon désir papa, mon manque de tout – il ne veut rien savoir rien entendre, je le vieillis, je le passé, je cogne comme son bassin contre ma mère et son sexe dans ma mère et ses mains sur la peau de ma mère la femme d’avant la vie d’avant celle de gauche, sa table rase et surtout aucune fille d’avant, plaie au flanc gauche parlante suintante purulente.

Cité Radieuse

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pénétrer sa panse caresser ses hanches masser ses épaules les droites et les chutes les vertiges et les nuages la lumière par les rues étagées le toit déroulé de sensations plongeoir dans le vide béton lisse, ciel bleu Cité Radieuse infiniment PLQ - Marseille 2014

Tour 2014

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Bec & ongles - Tour 2014 - Du 2 au 9 mai 2014 - Toutes les informations sur le site de la Cie Patte Blanche

Le vaisseau

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Le premier mot est une couleur Bleu /Gris / Noir / blanc Et nous savons la teinte de la journée, sa température, son mouvement. La nuit des fragments de pièces surgissent et s’évanouissent au gré de nos pas à la lanterne. Et le vent sifflant, crachant, tonitruant Nous enroule dans ses spirales glacées Nous lèchent de sa grande langue mouillée Nous enfonce plus loin dans nos duvets On nous avait dit « capitaine d’un vaisseau immobile ». Vrai, c’est vrai. photographie : Isabelle Vaillant  

Le froid

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Le froid a raison de nous. Qu’importe le nombre de pulls et d’écharpes dont nous nous couvrons. Le froid est là, puissant, implacable. Nos gestes se resserrent : la tasse bleue bouillante d’infusion au romarin, nos mains refermées sur ses parois chaudes. Nous cherchons une façade moins exposée pour fumer une cigarette, consumée en deux rafales. Le sol tremble sous nos pieds, les murs accusent les gifles répétées du vent, les claques puissantes de l’océan. L’île est balayée, nous aussi. Nos dos se courbent, nos têtes se baissent, mots maigres pour dire, encore et toujours « j’ai froid. » Une épaisse brume blanche s’accroche à la mer, illusions laiteuse qui trimballe le vent triomphant. La séance photo dans l’atmosphère glaciale du grenier, malgré les mouvements fous de la tête et les envolées de talc et d’argile, nous laisse insatisfaites. Nous rêvons d’un bain brulant, entamons des chants à plein poumons pour rire et faire la nique aux éléments. Sous le vent, la