Le cadran



Marche sur le cadran de l’île. Le paysage compose le temps.
Nos promenades, à n’importe quelle heure, chaque heure est belle, elle aura plissé le sable différemment, déposé de nouveaux coquillages, écrit des phrases inédites en lacis de sable noir.
Nos chaussures s’enfoncent profondément, l’ombre s’engouffre dans nos empreintes.
Des chevelures d’algues s’étirent sur les ventres-rochers ; crépitement de fin de vague, la mer soulève une jupe dentelée.
Nous avançons encore, passons d’un rocher à l’autre, nous asseyant parfois en plein soleil. Alors, encore, le spectacle grandiose à nous seules conté, de la mer et de ses transfigurations. Cantatrice de génie, elle s’abat, se retire, cavale, se brise. Changement de costume, soie moirée, armure d’acier, plumes blanche, foulard de taffetas.
Elle convoque ses enfants qui se poursuivent en trébuchant. Leur dos rond apparaissent et disparaissent, nous applaudissons, réclamons un rappel. Elle revient, précédée d’un cortège de vagues qui s’écartent pour lui laisser place, la mer ampleur, la mer diamant, la mer émeraude, la mer excès.
Parfois aussi, nous l’avons vu, elle est timide et se retire en silence.


photographie : Isabelle Vaillant



 




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