Tempête de jour



Le paysage bascule dans la fureur. Mer striée d’ombres et de lumière. Sursauts de colère, sauvage museau d’écume. Grêle, pluie, tempête rageuse.
La mer se creuse, se gonfle, nous défie.
C’est notre épreuve. Notre île devient hostile.
Les fureurs du dehors nous imposent le silence.
Isabelle et Perrine, bouches cousues par le froid. Casserole d’eau à chauffer. Se laver en serrant les dents. Mouvements rapides, vifs, pas assez pour empêcher notre peau de bleuir. Remettre nos vêtements. Le vent fureteur met son nez partout, jusque dans nos pulls.
Il faut travailler, il faut que nous travaillions sans cesse pour tenir stable sur l’île balayée. La mer noircit encore, soulignée de crêtes blanches.
Derrière le carreau, nous admirons les oiseaux : tout leur semble facile, leur vol ne dévie jamais. Nos fronts contre la fenêtre, visions striées de pluie, mer agitée à très agitée.
Plus l’œil s’éloigne, plus profond est le noir de l’océan. Métal dur, griffé d’argent. Une brume nerveuse bouche l’horizon. Il fait nuit et jour dans le même instant. Le soleil perce et éclaire brutalement  une minute vert d’eau.

Isabelle et Perrine sur la mer ferme, agitées à très agitées.


 photographie : Isabelle Vaillant



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