Séance
Séance de travail. Isabelle dit La lumière est moins dure, c’est l’heure. Son visage se transforme, devient l'objectif, ses appareils accrochés autour du cou elle se plante sur notre île, cherche les meilleurs endroits, ceux qui vont l’inspirer.
Nous disposons sur notre table en bois les crabes, les algues, les
coquillages, les fœtus d’eau.
Elle est inspirée.
Perrine se déshabille, ligne rose frissonnante. Isabelle la coiffe d’algues, à son cou une lanière de varech, entre ses jambes une racine de mer. Debout face à la mer, pieds écrasés dans l’herbe grasse.
Elle est inspirée.
Perrine se déshabille, ligne rose frissonnante. Isabelle la coiffe d’algues, à son cou une lanière de varech, entre ses jambes une racine de mer. Debout face à la mer, pieds écrasés dans l’herbe grasse.
Isabelle ne parle plus. Une indication parfois Lève la
tête. Un châle noir tombe sur Perrine, peau hérissée entre
les mailles, l'obturateur est le seul son. Couvre toi, on
descend. De l’herbe nos pieds passent au sable, le modèle s’enfonce dans le creux de deux rochers noirs. Le creux sera son lit. Elle se couche nue sur une litière vivante, reflets
glissants noirs et verts, les algues mouillées l'aspirent, la disparaissent.
Bruit de l’obturateur.
Les deux sœurs construisent une nouvelle histoire.
Les deux sœurs construisent une nouvelle histoire.
photographie : Isabelle Vaillant