Femme-galaxie
Arrivées par la terre, terrestres oui, enracinées, les branches chargées
de fruits pourris et de fruits verts. Dernière secousse avant l’île, les fruits
pourris se décrochent et s’écrasent dans le sable.
L’île enfin.
Femmes de terre, chaque jour abandonnent un peu plus leur origine. Un don
qui vient de très loin, du bord trouble de l’horizon liquide.
D’algues en sable, de rochers en coquillages, de mouettes en crabes,
elles se transforment. Les racines trempées dans l’eau salée, elles perdent
leur écorce, se recouvrent d’écailles. Le vent pénètre leur organisme, la mer
installe son rythme, le cœur s’apaise, recouvre sa vigueur. Elles appartiennent
à l’univers, au temps immobile, à la courbe du lointain.
Le travail prend de l’ampleur, les masques tombent ; le sol devient
l’eau sur laquelle les nuages jouent et trébuchent.
Une femme s’y allonge, entre ciel et terre, une femme-galaxie.
photographie : Isabelle Vaillant