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Affichage des articles du juin, 2015

RUINES

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Isabelle Vaillant, Hans à Unica , 2013 Les lectures déterminantes Les lectures exténuantes Les lectures exterminantes Les éditeurs déterminants Les éditeurs exténuants Les éditeurs exterminants Il y a quatre ans maintenant peut-être quatre au monde de l'écriture le temps je ne le compte pas Il y a quatre ans c'était après l'aventure de Jeanne L’Étang, son point final c'était avant la folie du Plancher, son premier mot j'ai rencontré la tombe d'Unica Zürn dans une allée du Père-Lachaise, elle repose sous une dalle noire à ses côtés Hans Bellmer sur leur deux corps une plaque posée "Mon amour te suivra dans l’Éternité - Hans à Unica" Alors Unica s'est posée sur mon épaule mais qui peut comprendre cela Alors de son bec d'or elle a frappé sur ma tempe mais qui peut comprendre cela Alors je me suis courbée sur le clavier pendant des semaines mais au monde de l'écriture le temps ne se compte pas La voix d'Unica

Le droit

Elles ont le droit de pleurer elle a le droit de pleurer le droit de pleurer droit droit de pleurer soi pleurer à chaudes larmes âme pleurée de larmes toutes les larmes de son corps toutes les lames du corps toutes les larmes de son coeur lames de cœur drame de l'âme drame des larmes stable et droit Les larmes sont intactes Elles ont le droit de pleurer

Le Prénom a été modifié

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C’est tout noir et marche devant seule droite, avance en face debout. Au secours Le visage de ma mère bascule vers le mien elle tient ma main elle me fixe c’est la longue nuit encore. Elle dit : – Tu murmures Au secours ma fille depuis des nuits et encore plus longtemps et je te tiens la main je te dis Je suis là mais je n’arrive pas jusqu’à toi et tes yeux clos et ta bouche si doucement murmure Au secours quel drame derrière tes paupières je suis là et je ne peux rien. Qui tue mon enfant ?  Réveille-toi ma fille Où ? – Réveille-toi Où ? –Tu faisais le même rêve Je m’assois par terre étourdie. (Extrait : Le Prénom a été modifié , éditions Les Doigts dans la prose, 2014)

Le Prénom a été modifié

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C’est tout noir et marche devant seule droite, avance en face debout. C’est pas toujours dans une ruelle, dans un endroit que tu traverses pour la première fois, c’est aussi juste là, en bas de chez toi, là où tu as grandi où l’on t’a vue grandir où ils ont grandi avec toi et pendant que tu te transformais en adolescente ils se sont transformés en bande et pendant que je rêvais d’amour ils m’ont traînée dans la cave ils m’ont mise à genoux encerclée ils étaient des dizaines pour en finir avec mes rêves mon enfance ma virginité. Le lendemain. Plusieurs. Une autre bande. Chaque jour. Tous les jours sous mes yeux dans mon corps. Les mêmes chemins mes pieds aux mêmes endroits. Le décor des viols depuis 15 ans. Sauf quand je ne peux plus sortir tellement d’angoisse. Parfois souvent au coin d’un bloc au bout d’un trottoir contre un mur à la caisse du supermarché au tabac devant la cave. L’un d’eux. Ses yeux sur moi. Ça peut arriver à n’importe quel mo

Le Prénom a été modifié

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C’est tout noir et marche devant seule droite, avance en face debout. À la maison je fais la vaisselle et je recommence encore une fois une autre pour tuer le temps parce que dehors non. La nuit a duré enfin celle où j’ai dormi plusieurs heures sans cauchemar parce que la bouche pleine de médicaments bouffer la mort pleine bouche la dévorer. Je suis redevenue une fille normale après 15 ans une folle normale violée normale victime normale on me remarque plus, pas faire le moindre bruit et laisser la graisse recouvrir tout m’avaler me protéger me transformer en rocher en obstacle en montagne. Faut pas parler. Jamais crier. Dans la cave non plus. Il faut sortir, la rue, voir des visages et même revoir ces visages-là pendant 15 ans encore et aujourd’hui en salle d’audience ces visages-là encore. Personne jamais ne me parlera le soir, chuchoter un baiser un sourire. Personne jamais. Un jour de plus. J’ai déambulé dans les rues autour de la cité. Croisé des

Mon illisible

Je ne peux pas montrer mon illisible Là où je ne vois personne ne me voit Ni mes laideurs ni mes beautés Je tutoie les chiens et les porcs L’humble le triste le banal A cris de sorcière mes feux de joie L’élégance rouge l’audace noire Brûlez-moi Mes ambiguës mes nécrologies mes en cours  mes marges mes masques

La dérive

La dérive au sourire Trait net planté d’ivoire Visages de lumière fendus d’une immense balafre de joie Les veines pleines d’alcool et de désirs Les mains jouent aux corps Des nudités mâchées à la langue Des genres vacillés à la torpeur Les points cardinaux réorganisés sur le tropique du désir

Les 3

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plq, les 3 , 2014

Trois fois rien

Le parti de la joie son refuge il est là Les frontières sont un enclos de toile La paix la seule victoire possible Les pas des soirs La marche des soirs Quand il marche sur le tronc que le tronc roule quand il roule sur le tronc qu’il déboule qu’il déroule quand il tronc à pleines mains quand il rompt quand il tranche quand il sait quand il pense quand il veut  Le plus heureux c’est toi avec tes riens Tes rien de rien T’es rien du tout Tes trois fois rien Font Plus Que 

L'Alaska

Yeux au sol grâce au ciel tes yeux longent l’en-bas où ils rencontrent un livre une invitation à s’arrêter échappée du flot tu glisses à terre doublement t’enfuies au monde ton pied ayant cogné contre ce livre prétexte à en finir avec la journée la rue l’impossible tu t’affaisses dans ta robe rouge la seule que tu possèdes t’étant dit une seule robe alors qu’elle soit rouge, tu fléchis rouge personne ne remarque pas plus cette tâche rouge que les tâches humaines écrasées à perte de vue. Tu ouvres le livre c’est l’Alaska te transforme en iceberg ta partie immergée cogne celles des humains près de toi couchés abandonnés reniés exécrés ignorés tu ouvres les lèvres surgissent à la pliure des pages et du trottoir des mots de si loin tu repousses ton mutisme tu lis pour toi pour eux et là nous ne vivons plus à contrecœur mais le moment le plus poétique de nos vies éclaboussures rouges sur le mur et la banquise.

L'usage

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Nouvelle Iconographie de la Salpêtrière - JB Charcot - 1898 L’usage psychiatrique de la photographie L’usage photographique de la psychiatrique Psychiatrie photographique Photographie psychiatrique Photographie identifiante montre du doigt l’usage psychiatrique de la langue l’usage de lalangue psychiatrie langage psychiatrique montre démontre en remontre à certains me démonte ma tombe doigt à la tempe tire

MON EXIL

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plq, mon exil , ny2015

Anatomie des larmes

Pleure pas que des yeux du menton aussi des joues des cheveux embrouillés des dix doigts de la paume pleure aussi des os tu les brises regarde le sel de larmes la colonne vertébrale surtout elle pleure les épaules les seins s’écoulent se coule ton sexe il pleure aussi les hanches la peau oh la peau mouillée trempée pleurer tant les cuisses de chair et les muscles ça dégringole ça renifle ça sanglote sur tes orteils encore des larmes pleure de haut en bas quelle pluie un dernier sanglot du cœur voilà

La proie

Faut croire qu’elle a vaincu je n’étais pas préparée – peut-être – est-ce un choix une obligation un destin une malédiction, fallait-il cette table rase si rase au plus vide du vide qu’on ignorait si immense d’un bord de la vie à l’autre ? Des pile ou face des tirages de cartes courte paille mises n’y changent rien, le vide-vie te tient et t’enfonce la tête sous le bord inconnu, faut-il tout lui donner – peut-être - ce sacrifice à l’avenir la longue attente avant de s'élancer d'être lancée? Dais noirs de part et d’autre de tes pas entre les mondes cachés vivants palpitants d’un cœur qui bat autrement des cœurs du demain des possibles des construisons quand la feuille seule l’immatérielle s’inquiète de ta lenteur de tes absences. Tu rechignes – peut-être – regarde derrière vers les autres jours les années passionnées coagulées au bout de tes doigts, transformées en signes d’écrire écrire n’est pas la vie mais une vie entière. Pourquoi l’exil à s’inquiéter de souffles invisibl

Poésie

Mon mouchoir aux pommettes d’abord les oubliés Une femme un duvet la caresse nocturne La poésie a eu ma peau La poésie a eu mes plumes La poésie a eu ma puissance La poésie a eu mon pouvoir La poésie a eu mes penchants La poésie a eu ma perte La poésie a eu mon presque La poésie a eu ma peur La poésie a eu mes prétentions La poésie a eu ma protection La poésie a eu mes prévenances La poésie a eu ma prudence La poésie a eu ma pudeur

Possession

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                                                                                                                                   Secrète volonté enfermée                                                                                                Ma bouche confiante crue du dedans                                                                                                Creuse l’inassouvi acharnement                                                                                                Mur voilé de silence au vertige livide                                                                                               Une pierre au hasard enfle et brisera l’attente                                                                                               La photo possession muette                                                                                               Une pluie d’incertains amoureux à l’aveugle pénètre                        

Henry Darger

Pour vivre heureux vivons cachés Pour vivre un peu vivons cachés Pour tenter vivre visions cachées Pour vrai créer caché en vrai Pour supporter être caché Pour guerroyer c’est isolé Pour l’absolu c’est l’isolé Pour 15 000 pages disparaissez Pour les excès caché caché Pour essayer vivez Darger Pour résister viva Darger Pour crucifier votez Darger Pour pas ployer être Darger La vérité ? C’est lui, Darger Et l’existé, encore Darger Déméritez déméritez Henry Darger Pour rebander c’est sûr Darger Per essere Darger de près Per vivere cherchez Darger Se retrouver c’est chez Darger HENRY DARGER 1892-1973 ARTIST PROTECTOR OF CHILDREN Exposition au MAM de Paris , jusqu'au 11 octobre 2015

retarder le départ

décourager le découragement abandonner l’abandon douter des doutes lasser la solitude fragiliser la fragilité secouer les secousses déranger le dérangement lier les liens lutter la lutte enterrer les restes brûler les brûlures regarder les regards renverser les renversements ignorer l’ignorant équilibrer l’équilibre élucider les lucidités nommer les mots rattraper le retard retarder le départ