L'Alaska
Yeux au sol grâce au ciel tes yeux longent l’en-bas où ils rencontrent
un livre une invitation à s’arrêter échappée du flot tu glisses à terre
doublement t’enfuies au monde ton pied ayant cogné contre ce livre prétexte à en
finir avec la journée la rue l’impossible tu t’affaisses dans ta robe rouge la
seule que tu possèdes t’étant dit une seule robe alors qu’elle soit rouge, tu fléchis
rouge personne ne remarque pas plus cette tâche rouge que les tâches humaines
écrasées à perte de vue.
Tu ouvres le livre c’est l’Alaska te transforme en iceberg ta partie
immergée cogne celles des humains près de toi couchés abandonnés reniés exécrés
ignorés tu ouvres les lèvres surgissent à la pliure des pages et du trottoir des
mots de si loin tu repousses ton mutisme tu lis pour toi pour eux et là nous ne
vivons plus à contrecœur mais le moment le plus poétique de nos vies
éclaboussures rouges sur le mur et la banquise.