RUINES
Isabelle Vaillant, Hans à Unica, 2013
Les lectures déterminantes
Les lectures exténuantes
Les lectures exterminantes
Les éditeurs déterminants
Les éditeurs exténuants
Les éditeurs exterminants
Il y a quatre ans maintenant
peut-être quatre
au monde de l'écriture le temps je ne le compte pas
Il y a quatre ans
c'était après l'aventure de Jeanne L’Étang, son point final
c'était avant la folie du Plancher, son premier mot
j'ai rencontré la tombe d'Unica Zürn
dans une allée du Père-Lachaise, elle repose sous une dalle noire
à ses côtés Hans Bellmer
sur leur deux corps une plaque posée
"Mon amour te suivra dans l’Éternité - Hans à Unica"
Alors Unica s'est posée sur mon épaule
mais qui peut comprendre cela
Alors de son bec d'or elle a frappé sur ma tempe
mais qui peut comprendre cela
Alors je me suis courbée sur le clavier
pendant des semaines
mais au monde de l'écriture le temps ne se compte pas
La voix d'Unica était mienne
sa beauté sa fragilité sa puissance ses absences
Il y a quatre ans maintenant
RUINES, ainsi se nomme ce livre
a tout entendu
de promesses
de rejets
d'engagements
Il y a huit mois maintenant
mais le temps de l'édition n'existe pas
RUINES a frôlé sa publication
jouet dans le jeu tortueux torturant d'une étrange mythomanie
Nous voilà, Unica et moi, lancées comme des toupies
oh comme nous avons tourbillonné !
Il a un mois maintenant
mais le temps du mensonge est hors de contrôle
RUINES est revenu près de moi
Unica et moi
couronnées de sang
crevons les yeux
pour l'éternité
Mais le temps éternel est éternel