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Affichage des articles du juin, 2018

Carole

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plq, Carole, 2018 Carole c’est ma promenade de santé matinale vespérale elle me talonne je la poursuis, qui tient la laisse qui le collier il y a des questions que nous ne nous posons pas entre Carole et moi l’accord est parfait elle prend le relais dans la rue sur la page nos colères côte à côte nos insomnies et les apprentissages il faut l’imaginer Carole débouche le flacon de vernis rouge jusqu’aux pommettes c’est la première fois que je compte ses doigts et décide de les vernir sans l’avoir jamais fait les mots naissent de ses gestes dans l’air elle saisit le minuscule pinceau chargé de couleur s’écrase parfaitement sur les extrémités courbes de Carole sans trembler sans dépasser sans déraper mon admiration stupéfaite lui tend le miroir de la page où elle imprime dix tâches au hasard.

Carole

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plq, Carole (frame from Laurence Anyways, Xavier Dolan, 2012) , 2018 Carole, je pourrais écrire son enfance et ce serait les plus belles pages du livre, je pourrais écrire ses histoires d'amour et ce serait les plus belles pages du livre je pourrais écrire ses désespoirs et ce serait les plus belles pages du livre, je pourrais écrire ses voyages et ce serait les plus belles pages du livre, je pourrais écrire ses engagements et ce serait les plus belles pages du livre, je pourrais écrire ses internements et ce serait les plus belles pages du livre, je pourrais écrire ses renoncements et ce serait les plus belles pages du livre, elle pourrait découvrir la sexualité et ce serait les plus belles pages du livre, elle pourrait renverser des colonnes et ce serait les plus belles pages du livre, elle pourrait errer Carole, la plus belle page du livre, la stabilité de mon monde repose sur ses épaules nourries de terre et de laine ni père ni père ni mère Carole innée jusqu’au crayon of

Carole

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plq, Carole, 2018 Carole elle n’a pas besoin de titre pas besoin de s’interroger de s’appeler du fond de son propre corps lorsque les injonctions Qui es-tu ? Que fais-tu ? Qu’écris-tu ? Carole elle se feuillette dans un sens dans l’autre sans signer aucune de ses pages libre de ses mouvements de ses pensées de ses fuites Carole jamais obligée d’aucune apparition, disparition qu’importe à Carole si l’encre est fraîche la lumière coule comme du sirop sur ses courbes je me promène près d’elle passe sous ses arches escalade du creux de sa hanche jusqu’au cou, de la cuisse à l’épaule Carole prise de corps dans les lignes tracées de gauche à droite dans le sens de la rétine quelle filature passionnée m’enlève me soustraie au quotidien je m’élève avec de nouveaux mots dénichés au hasard.

UNICA ZÜRN

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Viviane Gay et Luc Müller (ici en répétition), métamorphosent Ruines  Unique représentation samedi 23 juin 2018 à 15 heures Halle Saint Pierre – à l’auditorium Réservation conseillée : 01 42 58 72 89 Tarif spectacle : 10€

Carole

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plq, Carole, 2018 Quand j’ouvre les yeux Carole apparaît quand je les ferme Carole apparaît mon obsession porte un nom des lettres des sons rythment mes minutes et mes pas j’avance les bras chargés de Carole son rire ses hésitations ses brûlures la vie est plus lourde avec Carole plus dense l’imagination activée jusqu’à ses limites je la file dans les rues ma passion aime se planquer au fond des restaurants chinois Chinatown nous jouons des baguettes tôt le matin les longs voyages en langue étrangère et vapeur bouillie sautée Carole sautille sur le clavier tandis que silencieuse invisible elle décolle ses coudes de la nappe plastifiée une pivoine rouge tatouée sur le bras droit par hasard.

Carole

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plq, Carole, 2018 Je cherche mes mots je cherche Carole ses mots décident de sa vie enfermée dans une page mais pas privée de ses droits ni dépossédée de son nom Carole je laisse aller le crayon vers une tentative de biographie son nom Carole le nom de mon ouvrage je peux l’écrire de trois ou quatre façons choisir son nom d’artiste Carole serait-elle graveuse ? photographe ? dort-elle sur le ventre je dois tout décider si tu cries la nuit si tu dors sur le ventre le dos tes deux oreilles contre un autre corps chaque nuit ou par hasard.

Carole

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plq, Carole, 2018 Carole etc. Carole se ronge les ongles Carole aime les chaussures Carole ne se tient pas droite Carole boit du whisky japonais Carole collectionne les culbuto Carole colle les arbres Carole voit loin Carole j’ai beau mettre mon œil en gage des jours elle n’existe pas, d’autres pages noyées elles se remplissent de sa rumeur enfle comme lorsque le public entre dans une salle de spectacle ou le jour qui se lève dans une ville africaine des nuits d’insomnie Carole m’accompagne partout quelle chance d’avoir Carole à écrire se dissoudre en elle fêter l’instant où Carole est passée devant mon cœur par hasard.

Carole

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plq, Carole, 2018 Carole dès le matin chancelle c’est que le bruit cassé du monde c’est que le cri des noyés Carole les entend s’embarque pour la grande traversée de la journée, stable stable Carole je répète à ma table les deux mains posées dans la fissure de la lumière oblige les mots au refuge de l’ombre elle voudrait fuir Carole enjamber le rebord du monde Salut, Suffit, Carole fut, mais Carole est, éparse autour de moi je rassemble ses affaires sa brosse à cheveux ses culottes ses deux mains ses poumons sa tasse de café son corps promptement enfouis au fond du sac de ma tête absolument vide nous nous engageons au hasard.

Carole

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plq, Carole, 2018 Il y a encore des filles qui s’appellent Carole et elle s’appelle Carole je pourrais commencer ce texte comme ça, mélanger à ma langue des petits os et des tendons, fendre la gousse de ma peau pour découvrir Carole ramassée au fond de moi poussée sur la table obligée de becqueter la terre dure de la page ventre de mon désir exprimer dans la petite arène de l’écran un langage, un personnage, c’est Carole le premier élément stable de ce qui pourrait être une histoire si ce qui se passe à l’arrière de l’écran et aux commissures de ma bouche ne brouille pas le hasard.

Les marronniers

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Rouge pute sera disponible sur le stand MAIPO (Maison de la Poésie) du Marché de la poésie, place Saint-Sulpice, du mercredi 14h au dimanche 18h Une première note de lecture par Hugues Robert, de la librairie Charybde Transformer la parole brute de la violence faite aux femmes.

Fragmentation

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plq, fragmentation, 2018 ça saute aux yeux à la gorge personne ne parle à personne des semaines sans même dire un mot mon langage invisible tient par la glu s’invite dans ma bouche invente l’image sa force de fragmentation de la logique invente le sens à chaque césure l’insaisissable et l’indéfinissable j'invente un monde nouveau la photographie sous le ciseau la langue sous le manteau l'humanité sous le boisseau j’associe les idées les Vanités les invisibles entrent en contact avec la machine de mes mains épuisées et brutales sur ma table de montage mon œil mécanique suit le mouvement je m’approche je m’éloigne des images me glisse dessous grimpe dessus je les renverse je les retourne je tombe me relève d’envols en rechutes chevauche les ruines 

NO TONGUES

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plq, NO TONGUES, La Dynamo juin 2018 Si vous voulez savoir ce que c’est que le souffle Si vous voulez savoir ce que c’est que le son Si vous voulez savoir ce que c’est qu’une main Si vous voulez savoir ce que c’est qu’une bouche Si vous voulez savoir ce que c’est que la force Si vous voulez savoir ce que c’est que la tendresse sa mélodie Si vous voulez savoir ce que c’est d’être ensemble Si vous voulez savoir ce que c’est la ténacité sa stabilité Si vous voulez savoir ce que c’est que la précision son extrême Si vous voulez savoir ce que c’est que la répétition sa beauté Si vous voulez savoir ce que c’est que le corps cet instrument   Si vous voulez savoir ce que c’est qu’une corde son muscle Si vous voulez savoir ce que sont les racines Si vous voulez savoir ce que c’est le lointain Si vous voulez savoir ce que c’est, Faulkner Lessing Césaire Giono Si vous voulez savoir ce que c’est qu’un seul mot Si vous voulez savoir ce que c’est le caché, le d